le petit grand nain as le petit grand nain
Aïe. C’était la seule chose que j’arrivais à penser tandis que mes deux geôliers me traînaient dans la pièce d’à côté. J’avais les yeux bandés, je ne pus donc rien voir à ce qui se passait alentour. A un moment, nous nous arrêtâmes et je sentis que mes ravisseurs posaient le pied à terre, comme en signe d’infériorité devant quelqu’un d’autre. Je ne vis pas, certes, mais j’entendis tout de même la conversation qui se déroula devant moi :
– C’est lui ? fit une voix nasillarde. Vous m’avez fait venir pour cette petite créature ?
– C’est le Maître en personne qui l’a souhaité, répondit un de mes deux geôliers. Il a tenté de délivrer le Prisonnier, mais le Maître l’a prévu. Il a en plus sûrement pris contact avec les autres traîtres. Il n’est pas très dangereux en lui-même mais il a de la ressource, et si le Prisonnier l’a choisi, il a sans doute quelque chose de spécial…
– Une particularité ? ricana la voix. Sa seule particularité, c’est son absence de barbe !
Tout d’un coup, la température de la pièce sembla chuter d’une dizaine de degrés. Une bourrasque de vent secoua le bandeau qui me couvrait les yeux et il me sembla que tout ce qui me restait de barbe se hérissait. Une voix caverneuse se fit entendre.
– Sa seule particularité, comme tu dis, c’est qu’il est le frère de notre meilleur agent, et que je crois que ses talents sont héréditaire. D’ailleurs, une bonne partie de la famille de ce nain a élu domicile chez moi, et m’a presque déclaré une guerre ouverte depuis que le grand petit nain est passé dans notre camp. D’ailleurs, ils ont même effacé ce souvenir de sa mémoire, si je ne m’abuse… Sympathique famille, n’est-ce pas ?
Et il partit d’un rire… Cristallin. Un rire cristallin. J’avais déjà entendu ce rire, dans la Pièce aux mirages, lorsque j’avais vu des explorateurs de tout le Château. Je compris avec effroi que j’avais en face de moi le propriétaire du Château, ou peut-être même le Château lui-même, qui sait…
Le temps de digérer ces informations, et le personnage enchaînait déjà.
– Emmenez-le en salle d’exécution ! Toi, tu viens avec moi, ordonna-t-il à celui que je supposais être son adjoint. Il ne faut surtout pas qu’il s’échappe.
– Et moi, chef ? fit une voix métallique qui m’était familière.
– Toi ? Reste avec lui. Je ne doute pas qu’il va y avoir une attaque sur votre convoi, même sur une si courte distance. Ce sera l’occasion de faire tes preuves.
– Comme vous voudrez, dit celui que je reconnus comme étant…
Mon ancien sauveur, que j’avais rencontré dans une autre dimension, qui correspondait a priori dans la réalité avec la pièce juste devant le cachot vide. C’était lui qui m’avait poussé à y retourner.
J’avais été trahi.
C’est ce que je pensais lorsque j’entendis la voix du Château enchaîner :
-Alors, le démon vient avec moi, et vous deux, la troupe d’escorte et le Guerrier Démolisseur Invincible Robotique 2 vous vous occupez du nain.
Guerrier Démolisseur Invincible Robotique 2 ? Pourquoi 2 ?
Je trouvai la réponse à cette question en me la posant : mon allié métallique avait été conçu par le Château, et avait dysfonctionné. Le Château en avait simplement reconstruit un autre ! Et l’utilisation du mot « démon » me fit comprendre que l’adjoint du Château n’était autre que le démon qui m’avait attaqué et avait failli me tuer ! Seul problème : je l’avais laissé pour mort, la tête écrasée. sous un casque de 25 kilos. La résistance des démons devait être sérieusement impressionnante…
Je partis donc, tout à fait impuissant, en direction de la « salle d’exécution », résigné à mourir bêtement.