titelilou as titelilou
La pièce dans laquelle nous entrâmes était radicalement différente que celle que nous venions de quitter (voir le dernier com d’Aqua). Encore haletantes de notre mésaventure, nous primes quelques instants pour reprendre notre souffle.
Devant nous, les murs étaient nus et froids. Il faisait sombre. Je m’avançais de quelques pas, hésitante. Soudain, mon pied plongea dans le vide. Un gouffre noir et sans fond. Horrifiée, je me rejetai en arrière.
-Aqua… Je crois que nous sommes dans une impasse !
Instinctivement, nos deux visages se tournèrent vers l’emplacement de la porte qui nous avait conduit ici.
Evidemment, elle avait disparu.
-Ne nous emballons pas, dis Aqua d’un air pragmatique. Il y a surement un moyen de sortir d’ici. Un pont, quelque chose pour traverser ce gouffre…
Tremblante, j’essayai d’accoutumer mes yeux à la pénombre. Je contemplai ce qui nous entourait, cherchant quelque chose, le moindre objet susceptible de nous aider. Soudain, j’aperçut quelque chose qui brillait faiblement au dessus de l’abime, d’un éclat froid comme un rayon de Lune. En prenant soin de ne pas frôler le gouffre de trop près, je m’approchai de la source de ma perplexité.
-Oh ! Aqua, viens voir !
Ma coéquipière vint immédiatement me rejoindre.
Devant nous se tenait une épée. Une épée gigantesque, à la lame luisante, à la garde incrustée de pierres précieuses. Elle était couchée sur le sol, témoin de quelque combat illustre des temps immémoriaux. Et sa lame aux rebords tranchants traversait entièrement le gouffre, comme un pont de fer.
-Je crois que notre solution est trouvée, murmura Aqua. Le Château semble s’obstiner dans des pièges d’équilibre…
Sa voix n’était qu’un souffle, comme si cette épée millénaire ne pouvait inspirer que le silence.
J’ouvrai la marche, ôtant mes chaussures peu adérantes pour laisser mes pieds nus. A petits pas, j’avancai sur la mince lame argentée à la surface si lisse. Je pensais à tous ceux qui avaient fait ce chemin avant nous, chevaliers romanesques dont les légendes se perpétuaient peut-être encore dans les voix des ménestrels. Maintes fois, mon équilibre faillit se rompre. Maintes fois, je sentis le vide prendre possession de moi, m’attirer vers l’abîme. Mais je fixais avec détermination le mur devant moi qui s’approchait, et qui dévoilait maintenant une porte de barreaux métalliques comme celles des prisons.
Je ne sais combien de temps je marchai ainsi sur la lame immense. Je sentais derrière moi la respiration hachée d’Aqua.
Enfin, nous atteignîmes l’autre rive. Sans même jeter un oeil à travers les barreaux, nous nous précipitâmes dans la salle suivante.