Ewen as Ewen
Avant même d’avoir pu observer la seconde pièce que je visitais, un vent violent et glacial me fouetta le visage. Les rafales me faisaient reculer, je compris rapidement que je n’étais pas le bienvenu ici. Mais je ne voulais pas revenir dans la premiere pièce. J’avais le pressentiment que si je perdais contre le vent, je le regretterais. Je devais gagner ce combat. Mes mains saisirent les seuls appuis proche de moi: la porte. Je fermai les yeux, et serrai les dents. Le vent forçait, forçait, mais ne gagnait pas. Je faisais tout mon possible pour résister.
Au bout de trente secondes d’un incroyable effort, j’eus la sensation que la puissance du vent s’affaiblissait. Quelques temps plus tard, le calme était revenu. Je levai la tête, et mes yeux détaillèrent la pièce: peu grande, sombre. Le sol était de glace.
«- Je devrais faire attention à ne pas glisser, pensai-je».
Il faisait froid, exactement le contraire de la première pièce. Heureusement, je m’étais vêtu d’un épais manteau de peau d’ours. Et je ne ressentais pas vraiment la fraîcheur. Je m’avançais prudemment. De l’autre côté de la pièce, se trouvait une seconde porte, celle qui mènerait à la troisième pièce. Je me dirigeai vers elle.
Soudain, je remarquai, à droite de moi, une table. Une table de glace. Dessus se trouvait quelque chose, de la taille d’un humain. Je m’approchai.
Lorsque, subitement, j’eus compris de quoi il s’agissait, je m’arrêtai. Avais-je vraiment envie de confirmer mes doutes? Ne serait-il pas plus facile d’ignorer ce qu’il se trouvait sur cette table et de poursuivre ma route?
«-N’oublis pas. Tu as dis que tu n’avais peur de rien…, dit une voix inconnue.»
Je me retournai précipitamment.
«-Qui a dis ça, hurlai-je!
-Mais moi, très cher.
-Montrez-vous!
-Mais certainement!»
Devant moi apparut une petite bille blanche. Une bille de glace. Cette petite bille, suspendue dans l’air glacial, se mit à grossir, grossir, pour finalement prendre une apparence humaine. C’était une femme, d’une beauté surprenante. Elle était totalement blanche, et flottait à une vingtaine de centimètres du sol.
«-Qui…Qui êtes-vous, begayai-je?
-On me designe habituellement comme un Ange. Je pensais que tu avais deviné!»
Elle sourit. Elle désigna du doigt la table.
«-Pourquoi n’y vas-tu pas?»
Je réfléchis. Oui, pourquoi? La peur, l’appréhension? Sans lui répondre, je m’avançai vers la table.
Elle sourit encore une fois.
Je posai mes mains sur la femme, morte, qui se trouvait sur la table. Elle avait les yeux écarquillés, elle n’était pas décédée naturellement, on l’avait assassiné. Et celui qui avait fait ça devait une sorte de monstre, car des cicatrices rayaient le visage de la femme. Je me retournai et regardai l’Ange. Elles se ressemblaient. Je l’interrogeai du regard.
«-Oui, j’étais cette femme. Maintenant, je suis un Ange. Regarde le papier sur mon corps.»
Je pris le petit bout de papier qui traînait sur la veste de la défunte. Sur ce papier, deux phrases, écrites avec ce qui ressemblait étrangement à du sang. Ces deux phrases disaient:
«Ceci est ma première victime. Je ne m’arrêterai pas là»
Je me retournai vers l’Ange, et lui demandai:
«-On vous a tué?
-Oui.
-Qui a fait ça?
-Je te le dirai plus tard, mon assassin prend de l’avance, nous ne pouvons pas nous permettre de rester discuter.
J’hochai la tête, stupéfait. Elle me désigna du doigt la porte qui mènerait à la troisième pièce. Je fis les quelques pas qui m’en séparait, posai la main sur la poignée de glace, et je l’ouvris. L’ange de glace derrière moi.