nuée bleue as nuée bleue
Je m’appelle Luna.
Et quand je vis les multiples portes qui s’offraient à moi, semblables à des millions de possibilités différentes, effrayantes ou merveilleuses, je me dis que ce prénom ne signifiait pas grand-chose à l’échelle de ce château.
Devant moi, une porte m’attira particulièrement. Elle changeait de couleur. Incessamment. Passant du bleu ciel au corail, du noir brut au vert anis, du moutarde au gris pastel.
Sa poignée, elle, restait transparente. Et lorsque je la saisis, un sourire malicieux aux lèvres, elle devint couleur chair.
La merveille multicolore qui me faisait face s’effaça soudain. Interloquée, je traversais ce lieu, méfiante, comme si la porte pouvait réapparaître à tout moment.
A l’intérieur, ce fut un tourbillon de bonheur. Des arc-en-ciel se peignaient sur les murs, dans tous les sens, défiant les lois de la gravité; des lumières clignotantes qui me rendaient presque aveugle, des photos de joie figée fluorescentes, des pois rouges bordeaux, des fantômes qui dansaient, des objets projetés de toutes taille, de toutes provenances, des rires d’enfants venant d’enceintes cachées, des musiques, qui se chevauchaient, qui se rajoutaient, qui devenaient divinement incompréhensibles ;il ne manquait rien.
Et soudain ce fut la fin. Les enfants s’arrêtèrent de rire, les chanteurs ne hurlèrent plus leur raison de vivre, les couleurs disparurent. La transparence et l’ennui du monde étaient de retour.
Un peu bouleversée par ce que je venais de voir, je sortis de la pièce.
Je m’adossais au mur, dans le couloir, m’écroulant littéralement.
Je passais du rire au larme, de la joie à la haine, ne sachant que retenir des diverses émotions que m’avait procuré ce lieu.
Ephémère. Comme la vie et la colère.