Pas une ombre. Silence. Quelqu’un a laissé a porte ouverte, alors je suis allée m’asseoir devant le bureau. Mais, presque aussitôt, une humaine est venue briser ma sérénité, ce qui est, on ne va pas se le cacher, la spécialité de cette espèce
« Bonjour, tu es la prof ? Je pensais avoir cours ici…
– Ah non non, j’ai choisi cette place pour voir ce que ça faisait d’avoir de l’autorité
– Ah…
Je ne sais pas quoi faire. Je pensais avoir cours ici.
– Bah…
– Bah c’est pas ici visiblement.
– Visiblement non
– Ça me rend super triste
– Hein quoi euh non ne pleure pas »
Je déteste les sentiments. Surtout ceux des autres, parce qu’il faut les prendre en compte. Panique à bord. Je fais mon plus beau sourire.
« C’est gentil de montrer que tu as toujours la joie de vivre. Merci
– Bah de rien hein
– Bon, bah je vais y aller, mais vraiment ça me rend triste…
– Ok nickel. »
L’humaine sort. Mais, presque aussitôt après, un humain entre.
« Bonjour, tu es la prof ? Je pensais avoir cours ici…
– Ah non non, j’ai choisi cette place pour voir ce que ça faisait d’avoir de l’autorité
– Ah…
Je ne sais pas quoi faire. Je pensais avoir cours ici.
– Bah…
– Bah c’est pas ici visiblement.
– Visiblement non
– Ça me rend super triste
– Hein quoi euh non ne pleure pas »
Je commence à trouver la situation absurde. Eh quoi, je voulais juste m’asseoir à la place du chef pour me sentir importante une fois dans ma vie, mais rien que ça, ce n’est pas possible.
« Bon gros arrête de chialer, t’as jamais séché les cours ? Parce que c’est vraiment pas la mer à boire. »
Ses larmes continuent de couler et la salle se remplit, se remplit d’eau salée, la porte est pourtant ouverte, tout cela me paraît scientifiquement impossible.
« Désolé, désolé, j’ai dû me tromper de salle, mes amis sont probablement ailleurs, désolée du dérangement désolé
– Arrête connard tu vas me noyer. »
Le sommet de mon crâne touche à présent le plafond. C’est de ma faute, je n’aurais jamais dû boire les larmes des autres enfants, les voilà qui reviennent pour me tuer. Il s’en est fallu de peu. Je prends une grande inspiration, j’ouvre les yeux, et je nage jusqu’à la sortie. Gagné.
Autrice : Ondine, sous le pseudo « Ondine »