Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE ENVOÛTANTE
LA PIÈCE ENVOÛTANTE

LA PIÈCE ENVOÛTANTE

-Je cherche, je cherche… Je pensais avoir gardé mes flacons contre les brûlures, mais… je ne trouve que celles contre les maléfices… Et celle-ci… non, c’est la potion d’agrandissement …

J’entends les entrechoquements des fioles et le souffle saccadé de Poussière d’Etoiles. Elle paraît angoissée, comme moi.

-Je suis désolée Esprit… je ne trouve pas…

Les sombres murs du château de la pièce précédente me hantent. C’est la dernière chose que j’ai aperçue. Depuis, le noir m’entoure. Je m’accroupis et reste renfermé sur moi-même en silence. Je ne veux plus avancer avant d’avoir retrouvé la vue. S’aventurer dans le noir nous retardera et je ne pourrai faire face aux obstacles. Je me sens si faible sans la vue, comme si une protection et une force dont je disposais depuis toujours m’étaient ôtées.

-Esprit, je… je comprends très bien ce que tu ressens. Il ne faut cependant pas perdre espoir. Je suis là pour te guider. Nous pouvons de plus produire le remède que nous avons perdu.

Poussière d’Etoiles s’est toujours avérée formidable dans la préparation de potions. Nous avions réalisé de nombreuses fioles au début de notre aventure. Nous ne serions plus là sans les innombrables remèdes de Poussière d’Etoiles contre les morsures de loup, les poisons diverses et malédictions du Maître du Château.

-Le seul problème, explique-t-elle, réside dans les ingrédients. Il nous en manque neuf. Les feuilles de châtaigniers, les larmes et le feu sont aisés à trouver. Mais nous allons plus de mal pour le clair de Lune – il nous faut absolument aller sur les remparts du château-, l’encens, l’asclépiade, l’œil de Boullu, les baies de gui, et la plume de Jobarbille…

Réunir ces ingrédients me permettrait possiblement de retrouver la vue, bien que cette potion soit capricieuse à préparer. Trouver les ingrédients s’avère d’une complexité inédite dans ce château. Poussière d’Etoiles réussit cependant à me convaincre de bouger après une longue discussion. Je ne dispose, comme c’est la coutume dans ce château, d’aucune alternative.

Ma coéquipière m’explique que nous nous trouvons dans une vaste forêt et que nous pourrions aisément trouver la feuille de châtaignier. Nous avançons côte à côte, Poussière d’Etoiles m’indiquant les obstacles. J’ai parfois une furieuse envie de foncer droit dans l’arbre le plus proche. Il m’arrive de faire un pas puis de désirer très fort avancer précisément vers ma gauche, comme si un élément formidable m’y attendait.

-Non, je préfère aller à droite, déclare alors Poussière d’Etoiles.

Je suis sa direction, puis rebrousse chemin. J’ai extrêmement envie de partir vers la gauche. Vraiment, il est hors de question d’aller à droite.
-Non ! crie ma coéquipière. Je t’interdis d’aller dans cette direction. Oh et puis, fais ce que tu veux. J’irai de toute façon de mon côté.
Je reste un instant interloqué. Se séparer maintenant est bien la pire idée que nous ayons eue ! Mon instinct refuse cependant de suivre Poussière d’Etoiles. J’hésite un instant puis décide de me séparer d’elle pour atteindre le lieu de tous mes désirs.

Mon pas s’accélère mais je ne rencontre aucun obstacle. Les arbres m’attirent et me guident. Je perçois alors d’étranges notes de musique, si lointaines et pourtant si familières. Le son s’amplifie rapidement et des voix murmurantes se font entendre. Des feuilles d’arbres m’entourent brusquement. La forêt semble plus dense. C’est lorsque je constate que les feuilles remuent bien trop pour un après-midi sans vent que je commence à prendre peur. Les voix, comme répondant à mes sentiments, se transforment en hurlements. Les feuilles laissent place à d’épaisses branches qui me griffent et m’empêchent d’avancer.

Je ne parviens plus à respirer. Je hurle et tente de me débattre mais cela ne fait qu’empirer la situation. L’idée me vient de faire le calme dans mon esprit et de rester immobile. Bien que peu évident, je réussis au bout de quelques instants à retrouver une respiration plus lente. Les hurlements se font plus doux et lointains.

Le monde entier semble s’être tu.

Ma prison végétale se dissout petit à petit mais le sol de cette forêt semble s’effacer brusquement. Les branches me libèrent et je chute dans le vide et l’obscurité.

Auteur : Miss Lovegood sous le pseudo « Miss Lovegood »

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