Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE MARÉCAGEUSE
LA PIÈCE MARÉCAGEUSE

LA PIÈCE MARÉCAGEUSE

La pièce suivante me met au supplice, j’ai faim et soif et rien pour me sustenter. A peine entré, je sens la fraîcheur me monter au visage puis je sens l’odeur de vase et d’algues pourrissantes et cette fraîcheur illusoire qui n’est qu’une atmosphère moite et lourde, malsaine et qui me met mal à l’aise. Je me demande quelles créatures se trouvent dans les parages et je cherche la sortie avant de me décider à avancer sur des troncs d’arbres qui pourrissent dans l’eau. Je crains des monstres vivant dans cette eau nauséabonde et je me demande quelle profondeur fait la pièce.

La soif me dévore et je manque de tomber dans l’eau à deux reprises en étant près de glisser sur la mousse gluante d’un rondin. Mais je rétablis mon équilibre au dernier moment et je rejoins un perchoir plus stable qui m’accueille le temps pour moi de reprendre mon souffle.

La tête me tourne et je manque de perdre de nouveau l’équilibre. Alors je déclare forfait, l’atmosphère chargée d’humidité accentue mon malaise et je me penche vers l’eau que j’observe un moment. Qui sait quelles créatures s’y cachent et quelle profondeur font ces eaux ? Pourtant, l’eau m’attire tel un aimant malgré sa couleur d’un vert peu engageant. Je plonge les mains dans l’eau et je porte le liquide à ma bouche qui bien qu’avec un goût terreux me semble buvable et pas empoisonnée.

Je me relève et dans ma hâte, je glisse sur la mousse épaisse. Etalée dans l’eau, je reconnais que l’eau ne fait guère plus de cinquante centimètres de profondeur et je sens le carrelage sous mes pieds. Je remonte péniblement aussi vite que mes vêtements mouillés me le permettent et je me hâte de quitter les lieux, j’ai eu ma dose d’aventures pour aujourd’hui.

Bientôt, je n’ai plus de tronc sur lequel poser le pied et je me décide à marcher dans l’eau en veillant à ne pas mouiller mon sac. Il n’y a rien alentour et je me plairais presque à flâner dans cet étrange marécage en intérieur qui ne recèle aucune vie autre que quelques plantes. Je me demande de nouveau qui a conçu ce château et comment un tel écosystème peut perdurer dans une petite pièce comme celle où je me trouve. Alors que je pose le pied sur les marches du petit escalier me permettant de quitter les lieux, je me retourne. Un bruit a atteint mon oreille et je vois un long tentacule vert kaki se lever avec lenteur et se diriger vers moi. Folle de terreur, je me hâte de passer la porte et de la refermer en la faisant claquer, les jambes tremblantes.

Auteur : Rozennwyn-Sìne sous le pseudo « Rozennwyn-Sìne »

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