Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA SERRE APAISANTE
LA SERRE APAISANTE

LA SERRE APAISANTE

Arthus

Ce qui me frappe quand je rentre, c’est la couleur. Le vert. Il y en a partout, de toutes les nuances, toutes les intensités. Des plantes. Des plantes de partout. Dans des pots au sol, sur des étagères, des tables, suspendues au plafond, à la coursive qui courre tout autour de la pièce.
Et la lumière. La lumière qui entre à grands flots par les baies vitrées et le plafond ajouré. Tout ici respire le calme et la sérénité. Les odeurs douces se mélangent.
Je prends le temps de me balader, d’admirer cette végétation inattendue ici. Je suis bien incapable de nommer la moindre espèce que je rencontre, mais j’emplis mes yeux de belles images. Au fil de ma déambulation, appuyée contre l’un des pots, sur une table, trône une enveloppe.
Une belle grande enveloppe, blanche, scellée par un sceau de cire comme ça ne se fait plus de nos jours. Mais je commence à comprendre qu’ici rien ne se fait comme ailleurs. Je me demande à qui elle est adressée. Quand je l’attrape, il n’y a aucun nom marqué dessus. Je la retourne, hésite, et finis par oser. D’un coup d’ongle, je fais sauter le disque rouge et sors une feuille de papier. Dessus, inscrits d’une magnifique écriture manuscrite, je peux lire :
« Vous qui venez ici, je me permets de vous demander d’arroser les plantes de ces lieux. Comme je suis absente, je ne peux m’en occuper. Je vous en serais très reconnaissante. »
Le papier dégage un léger parfum musqué. Je regarde autour de moi, à la recherche d’un quelconque moyen d’irrigation. Je repère au mur un robinet, et en dessous un arrosoir. Je hausse les épaules. Pourquoi pas.
Pendant de nombreux aller-retours, je remplis le contenant, et le vide ensuite dans les pots. La terre boit goulûment l’eau que je lui donne. Je ne regarde pas le temps passer, trouvant cette tâche apaisante.
Quand j’ai terminé, vérifié une dernière fois que chacune des plantes avait reçu sa ration à son aise, je glisse la missive dans son enveloppe et la repose là où je l’ai trouvée. Et puis, après un dernier regard pour cet Éden, je passe la porte du fond.

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