Arthus
Je prends le temps de fermer la porte le plus doucement possible derrière moi avant de considérer là où je me trouve. Sous mes yeux se déroule un long couloir, tapissé de rouge bordeaux, où s’enchaînent les lourdes portes en bois. Sur celle que je viens de passer, un petit panneau où, stylisé, un lit est représenté. Mes pieds glissant dans l’épaisse moquette, je longe le corridor, détaillant à chaque fois l’affichette indiquant, sans doute, le contenu derrière le panneau.
Une casserole. Une lunette d’astronomie. Un coussin. Des toilettes. Un autre lit. Une lampe de bureau. Un compas. Des étoiles. Un crayon de papier. Un hérisson. Un lampadaire. Un tutu. Une bouteille. Des clés. Un fer de cheval. Des lunettes. Un bol. Une poubelle. Des pinces à linge. Une boîte de mouchoirs. Une roue de vélo. Des yeux.
Jusque-là, je les ai tous laissés défiler sans m’arrêter, ces dessins gravés. Mais ces deux grands yeux ouverts sur un fond noir m’appellent. Ma main se pose sans que je ne m’en rende compte sur la poignée. Pourtant, c’est moi qui décide d’appuyer, d’ouvrir le passage et de m’avancer.