Enfin un apaisement… J’ai dormi comme bercé par ton souvenir, tes bras blancs et tes douces chansons. J’ai dormi comme un enfant paisible, blotti contre toi, protégé par ta force.
Ton sang qui est nôtre coule aussi en moi, et j’entends son appel. Ô flux tumultueux, ô douce mélodie d’antan ! Comme je te désire, et comme je désire aussi me noyer dans ton image !
Prête-moi ta force, donne-moi ta vigueur, un long chemin m’attend.
Autour de moi il n’y a plus que ta lumière.
Autour de moi je vois pourtant les murs qui sont des vagues, du sang spongieux e dégoulinant, autour de moi je vois pourtant le doux rose du plafond, et je sens l’eau boueuse qui lèche mes chevilles, mais il me semble que c’est toi et toi seule qui est là.
Et cette lumière !
Cette lumière est palpable, comme un voile de poussière, comme un regret, comme ton sourire. Cette lumière est un pincement au cœur, une piqure de rappel. Cette lumière est figée comme les cascades d’hiver, cette lumière est mes larmes.
Cette lumière est ton sang est transparence.
Donne-moi ta vie, ton énergie et ton cœur ! Rend moi mon rire et mon enfance !
Ô toi, ma sœur, n’oublie pas de te rappeler…
J’ai dormi, et maintenant je suis parti. J’ai confié au vent mes espoirs.
Je broie du noir.
Et toi comme est un message tu es partout, et toi comme un mirage tu vis dans mes yeux.
Et je te vois.
Regarde comme Reven peine et erre, regarde comme il succombe sous sa charge !
Et quand je t’en veux d’être timide et hautaine, de te cacher et te jouer de moi, tu reviens.
Comme une fleur, comme le printemps, comme le bonheur, tu reviens.
Alors je retrouve mon courage et tu es mon armure.
Mais je suis seul.
Je suis toujours seul car tu es trop souvent là, mais pas cette fois.
Cette fois il y a quelqu’un, c’est une ballerine armée qui me regarde de ces yeux tristes. Ces yeux, tu les vois ? Ce sont des lacs où me noyer. Elle ne parle pas, elle ne bouge pas, son visage est de cire.
Que croit-elle ? Que j’aime les statues, que je suis contemplatif ?
Peut-être.
Mais qu’elle parle, à la fin ! Depuis combien de temps suis-je ici, sans rien voir d’autre que son armure rouillée, tachée du rouge triste des batailles, sans rien voir d’autre que ses rubans roses de soie fanée et son chinon tout emmêlé ?
Mais qu’elle parle…
Et je marche, je me détourne, et elle est devant moi. Elle a les doigts longs et blancs, agiles, elle joue avec la lumière. Elle m’a effleuré la joue.
Je n’en peux plus de son silence, de son sourire défait, de cette défaite même qu’elle porte comme étendard.
Toi, ma sœur, tu dois être victorieuse et fière, car toi tu es vivante, car toi tu as un souffle et tu danses dans les brouillards, les miroirs et les feux. Toi, tu n’as pas son teint pâle, car ta vigueur est un brasier, car ta verve est un ouragan. Toi, tu dois être si belle, n’est-ce pas ?
Et puis répondez-moi ! Ma sœur, puisque tu es intensément, parle donc ! Ne sois pas ce pantin qui me fixe encore et qui penche sa tête dans un dernier soupir !
Est-elle morte, elle ? Morte de ce froid, de ce silence pénétrant et violent, de ces coups de bruit non-dit ?
Et pourtant, elle me regarde encore, entourée des fleurs qui la dévorent.
Alors je fuis, je cours, je vole, je crie et si je tombe je repars de plus belle, car derrière moi il y a un fantôme, car dans mon dos un ange vengeur a besoin de mes forces, car j’ai peur de ceux qui ont perdu.
L’eau a effacé mes traces, et dans les murs dentelés des petites lanternes sont apparues pour éclairer la nuit. Des algues ont poussé, et quelques poissons jouent à mes pieds.
Je pourrais me sentir bien, mais je t’entends trop fort dans mon esprit.
J’ai vu la porte.
Elle était orange avec un petit soleil.
Je suis sorti.
Auteur : Shvimwa sous le pseudo « shvimwa »