Arthus
Qui a dit qu’il fallait commencer les histoires par le début ? Si l’on compare la vie à une bobine de fil que l’on dévide, petit à petit, la dernière chose qu’il nous reste dans les doigts à la fin, c’est le bout de la pelote. Ce même bout que l’on aura en premier entre les doigts lorsque l’on voudra remonter le fil de notre vie. À l’envers.
Alors c’est ainsi que va commencer mon histoire. Par la fin. Par ma mort.
Elle est venue tout doucement. Sur le bout de ses pieds. Elle a posé sa main sur mon épaule, m’invitant à me lever et à la suivre. Je me suis alors arraché à ma carcasse, devenue trop lourde, trop fatiguée, trop rouillée. Sus ses pas, j’ai suivi cette femme au long manteau noir jusqu’à la porte. Avant de quitter ces lieux, je n’ai pu résister à la dernière envie – au dernier besoin – de jeter un ultime regard à mon corps, désormais abandonné. Une caresse sur mon bras m’a empêché de sombrer dans la mélancolie. Répondant à l’appel, je me suis retourné et m’en suis allé.
C’est ainsi que se termine mon histoire.