Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ JE SUIS MORT
LA PIÈCE OÙ JE SUIS MORT

LA PIÈCE OÙ JE SUIS MORT

Arthus

Qui a dit qu’il fallait commencer les histoires par le début ? Si l’on compare la vie à une bobine de fil que l’on dévide, petit à petit, la dernière chose qu’il nous reste dans les doigts à la fin, c’est le bout de la pelote. Ce même bout que l’on aura en premier entre les doigts lorsque l’on voudra remonter le fil de notre vie. À l’envers.
Alors c’est ainsi que va commencer mon histoire. Par la fin. Par ma mort.

Elle est venue tout doucement. Sur le bout de ses pieds. Elle a posé sa main sur mon épaule, m’invitant à me lever et à la suivre. Je me suis alors arraché à ma carcasse, devenue trop lourde, trop fatiguée, trop rouillée. Sus ses pas, j’ai suivi cette femme au long manteau noir jusqu’à la porte. Avant de quitter ces lieux, je n’ai pu résister à la dernière envie – au dernier besoin – de jeter un ultime regard à mon corps, désormais abandonné. Une caresse sur mon bras m’a empêché de sombrer dans la mélancolie. Répondant à l’appel, je me suis retourné et m’en suis allé.

C’est ainsi que se termine mon histoire.

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