Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU SOLEIL QUI N’ÉTAIT PAS ARTIFICIEL ET DE LA VUE MAGNIFIQUE ET DU FROID GLACIAL DE HAUTE MONTAGNE
LA PIÈCE DU SOLEIL QUI N’ÉTAIT PAS ARTIFICIEL ET DE LA VUE MAGNIFIQUE ET DU FROID GLACIAL DE HAUTE MONTAGNE

LA PIÈCE DU SOLEIL QUI N’ÉTAIT PAS ARTIFICIEL ET DE LA VUE MAGNIFIQUE ET DU FROID GLACIAL DE HAUTE MONTAGNE

Sakura

Dès l’instant où je pose un pied hors de l’ascenseur, je sens ma peau se craqueler sous l’effet du froid mordant. C’est la première fois que je suis dehors depuis mon enlèvement. C’est à dire, vraiment dehors. Lorsque je m’approche du bord de la terrasse, longue d’une trentaine de mètres et large de douze, en me penchant au dessus du vide, je peux apercevoir l’extérieur de ce château que je hais. Ses multiples façades, ses tourelles biscornues, ses lanternons, ses pigeonniers… L’étrangeté de l’ensemble laisse entrevoir, mais sans plus, le chaos morbide qui régit l’engencement des pièces.
Je me désintéresse de la bâtisse pour me concentrer sur le paysage. De ma terrasse j’ai l’impression de contempler le monde entier. Le plus haut point du monde, hein ? Ce serait bien narcissique de sa part de se prendre pour un dieu. À mon avis, le plus haut point du monde se situe à près d’un kilomètre. D’ailleurs, il n’y en a pas qu’un.Ce sont d’immenses tourelles qui se perdent dans le ciel, puisque les nuages sont en dessous de moi. Ce point, si seulement je pouvais l’atteindre…
Le froid me rappelle vivement à la réalité : ce ne sont pas quelques rayons de soleil qui vont m’empêcher de me congeler, et il faut encore que je prenne ma douche. Pourtant, je suis bien, là, seule… si seule… Une larme a à peine quitté le coin de mon œil qu’elle s’est déjà solidifiée sur ma joue en enfonçant ses griffes salées dans ma chair. Ça fait mal. Et puis… c’est beaucoup trop facile. Ou plutôt, c’est moi qui suis trop faible. Remplacez le C de couard par le B de bêtise, et « il est facile de pardonner aux couards » devient « seuls les faibles pardonnent la bêtise ». Sauf que je n’ai plus personne pour me pardonner ma lâcheté ni ma bêtise.
Je laisse l’air frais parcourir ma peau et mes doigts blanchir encore un peu puis je me décide à partir. L’ascenseur a disparu. Je suis coincée ici, mais je m’en fiche un peu. Mon regard est attiré par le vide. C’est haut. Je n’aime pas trop ça. Il n’y a pas de garde-fou, et si je bascule dans le vide, je risque de finir ma triste vie avec une girouette au travers du thorax, ou des pics anti-pigeons, ou quelque chose dans le genre. Mais suis-je bête, même me rompre le cou quatre cent mètres en contrebas ne suffirait pas à abréger mes souffrances, puisque mon âme est prisonnière de ce château. Tout ça parce que je peux désormais prétendre au titre d’aventurière ; titre que j’ai obtenu… au prix de sa vie…
J’ai trop mal à la tête. Le soleil m’éblouit et la température m’empêche de réfléchir correctement. Je titube, mais je trébuche et bascule dans le vide.

  Autrice : Sakura en sucre sous le pseudo « Sakura »

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