Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU CHAMP AUX GRILLONS
LA PIÈCE DU CHAMP AUX GRILLONS

LA PIÈCE DU CHAMP AUX GRILLONS

Folly

La porte se referme doucement derrière moi. C’est un immense champ d’herbes hautes, éclairé par un soleil de plomb. La porte est tout au bout de cet immense champ. Je me mets en route.
Pas loin, il y a un arbre. Un grand arbre, et la porte est encore loin. Je fais un rapide calcul. Ça doit faire l’équivalent de trois jours que je n’ai pas dormi. Et mieux vaut arriver tard que jamais. Et puis je suis siiiii fatiguée!!!
Je n’ai que treize ans, pardi!!!
Je m’allonge et m’endors.

Je suis dans une chambre d’hôpital. Il y a deux hommes à côté de moi. Il parlent, pensant que je dors. Je lis ça dans leurs esprits. Il parlent de moi. Ils le pensent tous les deux.
Je suis folle. Et dangereuse. Ah oui et aussi une extraterrestre et une sorte de jouet qu’ils vont pouvoir faire saigner à leur guise. L’un d’eux est appelé par un infirmière (Monsieur Devos, Monsieur Devos, le colonel à l’appareil) et part. Le second se tourne vers moi et découvre que je suis réveillée. Un sourire carnassier se dessine sur son visage.
-Alors, Alice-Lucy, bien dormi?
J’essaie de bouger, mais je suis attachée, de lui faire mal, mais ils m’ont shootée aux médicaments. Je suis prise au piège.
Soudain Sakura arrive et lui dit:
-Mais non, il ne faut pas la noyer, elle est trop forte pour ça, il faut la brûler, c’est une sorcière!!!
Elle apporte un briquet et commence à mettre le feu à mes vêtements et à mes cheveux avant de de s’enfuir avec un rire dément. L’officier, qui semble trouver tout cela normal, me dit:
-Elle a raison. Tu es une sorcière. Ses yeux se vident de toute lueur, sortent de leurs orbites ,celles-ci se creusent et, tel un pantin, il se met à rire. D’un rire étrange qui résonne tandis que je hurle et le supplie d’éteindre le feu qui me dévore.

J’ouvre les yeux. J’ai hurlé. Ma respiration est haletante et mon pouls irrégulier et rapide. Encore un cauchemar. Depuis que le Château m’a tout révélé, dès que je ferme les yeux, j’entends le rire de l’officier militaire. Tout le temps. C’est horrible. Et depuis que Sakura a utilisé ses pouvoirs pour me mettre le feu aux fesses, c’est encore pire.
Depuis longtemps j’étais au courant de ses pouvoirs mais j’espérais qu’elle n’en prendrai jamais conscience. Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer qu’elle ne comprendra jamais d’où ils lui viennent. Si j’ai trouvé, de mon côté, c’est parce que je suis immensément plus intelligente qu’elle, lors il me reste un petit espoir.
Sakura…. si elle n’était pas aussi bornée avec son bien et son mal, sa morale à toutes épreuves, en toutes occasions, si seulement elle avait compris que le Château n’était pas méchant… Et surtout si elle ne m’était pas aussi inférieure. J’imagine qu’elle aurait fait un bon esclave pour le Château et moi quand nous serons mariés, parce que oui, je compte le draguer. Oh, d’ailleurs, il faut que je me dépêche de le trouver, lui!!!
Je me lève et repars. Mon oreille est attirée par un bruit. Je m’approche. Il y a un puits, mais je ne l’ai pas vu plus tôt car il est caché par les herbes hautes.
-Shlurrrg hung splotch shlurrrgg hung splotch.
Je me penche au dessus du puits. Il est là, crade, con, bon, comme on pourrait s’y attendre.
-Robin! Je ne pensais pas te voir de sitôt.
C’est presque vrai. La formulation exacte de cette phrase est «Je pensais que tu étais mort, parce que sans moi, désolé, mais tu ne fais pas long feu, et comme je sais pas ce qu’il y a après la mort et bien peut-être qu’on se reverra sauf si bien évidement je suis immortelle. La famille ça va?» Il porte sa main en visière et je remarque qu’il est seul.
-Folly!!! Tu peux m’aider à sortir de là?
Même pas besoin de sonder son esprit pour savoir ce qu’il pense. En plus de sentir le déchet, il pue l’hypocrisie à des kilomètres. Un instant, je pense à l’aider à remonter pour ensuite l’égorger et boire son sang, parce que ça fait longtemps que je n’en ai pas bu, mais je n’aime pas trop le sang de troll, et puis il est dégoûtant, alors ensuite je me dis que je pourrais le faire prisonnier et l’offrir au Château pour qu’il puisse jouer avec, mais là aussi, je sais que Robin est très résistant à la douleur et que le Château n’aime pas qu’on se foute de lui quand il se livre à une petite séance de torture improvisée. Puis je me dis que je pourrais le remonter et le tuer, mais ce serait une trop belle mort pour ce connard, et puis on se recroisera. Alors je décide de lui donner un faux espoir, une petite vengeance personnelle, pour avoir supporté des dizaines et des dizaines de pièces sa haine injustifiée, sa débilité et sa présence.
-Ah, au fait, tu savais pas, mon nom maintenant, c’est Alice-Lucy. Mais bien sûr, tout de suite!!!
Les deux coins de sa bouches se relèvent, pleins d’espoir. J’arrête de sourire comme une droguée et reprends ma tête normale.
-Bien sûr que non, abruti. Tu crois vraiment que je vais te sortir de là pour me faire saigner comme un porc.
En l’occurrence, c’est moi qui l’aurait assassiné.
-Et ose me dire que tu n’y avais pas pensé. Dans ce cas-le, tu es le mec le plus stupide de l’univers.
Je lui adresse un affront ultime, mon plus beau sourire et disparaît de sa vue. Je m’adosse au puits.
-Si je te trouve, Folly, je te tue!!!! Comme Sakura!!!
Je reparais, essayant de cacher ma peur soudaine. Il a tué Sakura? Et siffle entre mes dents.
-Comment ça  »comme Sakura »?
Il a peur, ça se voit.
-Elle non plus n’aura pas de chance si elle me croise.
Cette fois-ci, il est vraiment flippant.
-T’es vraiment un malade mental, mec. Dommage que tu sois aussi con.
Et je m’accroupis pour qu’il ne puisse plus me voir. Ça m’amuse de l’entendre se débattre dans un endroit si dégueulasse pour le quitter sans y arriver. Ça me fait tellement du bien de me sentir si supérieure. Au bout de ce qui pourrait être une demie heure, les bruits de ventouse s’arrêtent. Plus que le raclement de la pierre. Il arrive. Il a réussi à sortir. Je me lève précipitamment et me mets à courir. Une pièce est accessible tant qu’un aventurier est encore à l’intérieur. Ce n’est qu’une fois l’aventurier parti qu’elle disparaît. Si je suis encore là quand il aura fini de monter ce puits et que ses instincts de troll prennent le dessus, à part le chatouiller à distance avec les hautes herbes ou dresser une armée de criquets, je ne pourrait plus rien faire pour lui échapper.

La porte est devant moi. Elle est étrange. C’est une porte standard en bois planté entre deux coquelicots, autour de laquelle je peux faire des tours sans que rien ne se passe. Pourtant, quand je l’ouvre, quel que soit le côté où je suis, il y a un décor totalement différent à l’intérieur.
Je m’amuse à l’ouvrir et la fermer comme une gamine avant de me souvenir qu’il faut que je me dépêche car Robin à maintenant presque fini de sortir du puits.
Je l’ouvre et m’engouffre dans la nouvelle pièce.

Autrice : Sakura en sucre, sous le pseudo « Sakura en sucre »

Partager...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *