Ils nous poussent, nous bousculent, nous jettent jusqu’à ce que nous rentrons dans le château puis referment la porte avec empressement comme si ils ont affaire à des bêtes sauvages. Je regarde avec horreur les inombrabres portes. Tant de possibilités, tant d’ouvertures et une seule sortie, qui si ça se trouve n’existe même pas.
Tout d’abord, afin d’éviter tout malentendu; certains peuvent venir en ce lieu de leur plein gré par esprit de défi, par soif d’aventure, ou je ne sais quelle intention aussi étrange soit elle. Nous, nous y avons été obligé, c’est notre condamnation, notre peine. Nous sommes des criminels.
« Nous » car mon poignet droit est menotté à celui de l’inconnu avec qui je dois faire équipe pour espérer pourvoir sortir d’ici et ainsi purger ma peine. J’ignore tout de mon « équipier », son nom, sa vie d’avant, son âge, la couleur de ses yeux ou bien même s’il s’agit un homme, d’une femme, d’un elfe, d’un troll ou que sais-je. Sa tête est recouverte d’une capuche violette, la partie inférieure de son visage est masquée par un ample foulard de même couleur. Ses yeux sont cachés par des lunettes teintées et son front est là quelque part derrière un amas de tissus noirs. Le reste de son corps est drappé d’un épais manteau violet et d’un large pantalon noir. Il porte également de grosses bottes aux teintes sombres. Avec cet accoutrement, aucun doute il s’agit d’un prisonnier de ma « promotion », je porte le même déguisement ridicule, cependant absolument rien ne le distingue des autres prisonniers que j’ai rencontrés. Pour compliquer notre relation, il nous est impossible de parler. En effet, à notre arrivée à la prison, on nous lance un sort puissant d’Houbbly de Vwoi. Nous sommes tous muets.
On tire mon bras droit vers l’arrière, je me retourne afin de permettre à mon équipier d’aller près de la porte d’entrée. Il pose sa main sur la poignée, celle-ci tourne dans le vide. Ca aurait été trop simple mais on n’est jamais sûr de rien, surtout ici. Nous nous retournons et nous retrouvons une nouvelle fois face aux portes. Un geste rapide de sa main libre, l’inconnu me fait signe de choisir laquelle ouvrir. Afin de ne pas endosser la responsabilité de choisir la mauvaise porte ? Pour me tester ? Par simple politesse ? Je suis de plus en plus nerveux et examine avec attention toutes les ouvertures. En entrant, j’avais remarqué que le sol n’était pas droit à un endroit, où se trouve une petite porte en bois avec une poignée aux couleurs pâles. Je réfléchis encore une bonne dizaine de minutes, puis d’un signe de tête décidé désigne la porte choisie. Mon coéquipier semble satisfait car il aquiesce. Je lui fait comprendre par un geste de la main que je lui laisse l’honneur d’ouvrir la fameuse porte, ainsi si elle ne débouche par sur la sortie, nous serions tous les deux en tort; je l’ai choisie mais il l’a ouverte, c’est-à-dire accepté pleinement mon choix. Je jette un dernier regard vers les multiples portes puis sans bruit, nous nous engouffrons dans les ténèbres.
Auteur : Asphodèle, sous le pseudo « Asphodèle »