Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE EN QUATRE DIMENSIONS
LA PIÈCE EN QUATRE DIMENSIONS

LA PIÈCE EN QUATRE DIMENSIONS

En entrant dans la pièce, je fermai les yeux et pris une grande inspiration. Oui je sais, c’était un peu inconscient de ma part, fermer les yeux particulièrement, mais la grande inspiration aussi : toujours se méfier d’un air inconnu. J’étais seule maintenant. Si la pensée que lorsque je reverrai Ahna et Yann, je me sentirai totalement ridicule en me rappelant ce moment ne m’avait effleurée, j’aurai bien pleuré. Je me serai même évanoui. Je me secouai mentalement, fit cligner alternativement mon œil bleu et mon œil marron et tentai de me souvenir de l’époque ou je n’avais besoin et ne comptai sur personne. En ce moment, ces souvenirs me semblaient bien heureux, quoi qu’inaccessibles. Je dois reconnaître que je suis totalement dépendante d’eux. A un point que s’en est désespérant. Surtout si on pense à Yann… Être dépendant de ce type, mais quelle genre d’imbécile profonde suis-je ? Même si je reconnais que son nouveau statut de vampire le bonifie.
J’attrapai mes couteaux et me motivai pour, en lieu et place de me rouler en boule dans un coin, me mettre à explorer cet endroit. Ce sont mes seuls amis, les seuls que j’ai jamais eu. Ce sont presque une « famille », nous partageons nos existences en colocation depuis des années maintenant. Et nous nous connaissons bien mieux que la plupart des gens, dangers de mort obligent. J’ai une confiance absolu en eux, et l’un d’eux pourrait me couper la main (enfin, surtout Ahna) que je saurai que c’est parce que c’était la seule possibilité. Enfin, cela fait aussi d’eux une incroyable faiblesse, comme le prouve mon pitoyable état de manque. Mais bon. C’est trop tard maintenant, je suppose.
Je me décidai à redevenir sérieuse, et examinai la pièce. Des murs, un plafond et un sol en pierres grises. A droite, un siège fixé sur un rail accroché au mur. Cet espèce de couloir devenait bien trop rapidement très obscur, s’en était inquiétant. Je tendis une main devant moi, et constatai que l’obscurité était… tangible. Épaisse et dense, elle m’empêchait d’avancer au-delà d’un certain point. Je fil plusieurs tentatives infructueuses, jusqu’à être totalement essoufflé. Je me laissai tombé sur le siège et m’apprêtai à examiner les ampoules de mon talon droit lorsque soudain, je me sentis tirée en arrière. Mon dos fut plaqué par une force invisible contre le dossier, et des liens venus de nulle part se croisèrent sur ma poitrine, chevilles et poignets. J’étais complètement immobilisée, et me mis à me débattre, affolée. Le siège commença à avancer le long du rail, augmentant ma terreur, mais je finis par me rendre compte que ça ne servait à rien. Je restai donc calme et immobile, attendant de voir ce qui allait se passer lorsque je franchirai le mur de ténèbres.

Je me sentais un peu… nauséeuse. Je posai ma main sur ma bouche et calmai mes haut-le-cœur, avant de me diriger en titubant vers la porte que je voyais à quelques pas. Au passage, je la marquai d’une croix au couteau.

Autrice : lolo, sous le pseudo « lolo »

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