Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE BOUTEILLE
LA PIÈCE BOUTEILLE

LA PIÈCE BOUTEILLE

Premier pas

-Pourquoi on se retrouve là ?!fulmina Atwilyn.
-Sans doute parce que tu as fait fuir mon chat…marmonnai-je.
-Parce que ton chat vaut plus que ma vie ?
« Oh que oui… » songeai-je en silence. Je continuais de fixer la porte. Elle était couverte d’étiquette de plastique illisibles. Je la caressai en me demandant si c’était sage. A l’instant où je vis ce château, j’ai su que plus jamais je ne reverrai mon chat…du moins, vivant. Derrière, Atwilyn continuait de geindre. Ses flots de plaintes étaient insupportables. J’avais juste envie de lui clouer le bec. J’ouvris ma bouche…mais Benjamin parla avant.
-On se calme. On fait juste un tour pour voir si Lechat est là et on repart. C’est juste quelques recherches.
-On perd du temps et on se risque dans un château lugubre pour un CHAT ! Ouvrez les yeux ! Il reviendra s’il en a envie et puis voilà !hurla-t-elle.
-Atwilyn, sois raisonnable, c’est pour aider Soie. Pense que c’est pour une amie, dit doucement Deyra. Contrairement à sa sœur, elle était bien plus douce.
-Mais c’est un CHAT !
Elle commençait sérieusement à m’énerver.
-Atwilyn, on ne craint rien, écoute. C’est un château, il va pas nous manger !rit Klein.
-Mais je ne suis pas une gamine non plus ! Je veux juste qu’on DEGAGE d’ICI !s’égosilla l’intéressée.
Je me retournai et lui jetai à la figure :
-Tu peux toujours partir tu sais, je n’ai pas besoin de toi pour me pourrir la vie. Ce n’est pas comme si je te considérais comme une amie.
Sa bouche se referma dans un claquement de dents. Je fis volte-face et ouvris la porte sans réfléchir. Je sentis quelqu’un tirer sur ma veste. Un courant d’air surpuissant nous propulsa tous et fit claquer la porte. Sonnée, je clignai plusieurs fois des yeux. Mon cœur battait à mille à l’heure. Je tremblais. Une étrange angoisse se répandait dans ma gorge et me disais que peut-être aurais-je du faire demi-tour et attendre que mon chat revienne…un jour. Mais il était trop tard.
Je m’appuyai contre le mur. La pièce était cylindrique. Non. Ce n’était pas une pièce. C’était littéralement une bouteille ! La paroi et le sol étaient totalement translucides, mais il n’y avait rien qu’un vide spatial à voir au travers. Des énormes gouttes d’eau étaient dispersées çà et là. Je sentais mon pantalon s’humidifier. Je me relevai et regardai vers le haut. Au sommet, il y avait un énorme dôme rouge d’où pendaient des petites bouteilles de verres illuminées. Une parfaite bouteille géante.
-Ah bravo !lança Atwilyn. On fait comment pour sortir maintenant ? Je voulais pas venir moi ! Et pourtant, je suis là ! C’est de TA faute, Soie !
Je levai les yeux au ciel et mis mes écouteurs. Hymn for the Weekend de Coldplay raisonna dans mes oreilles. Je me mis à arpenter dans la « pièce ». je chuchotais « Lechat » au cas où il serait ici, même si c’était totalement impossible. Pendant qu’Atwilyn continuais inlassablement de se plaindre et que Klein et Deyra tentaient encore de la raisonner (ce qui était peine perdue vue le niveau de compréhension de la langue humaine en générale qu’Atwilyn avait), je cherchais une sortie. J’errais partout, regardant de près chaque petit mètre carré. Il y avait forcément une solution.
Je revins vers la porte par laquelle nous étions entrés. Mais elle resta désespérément fermée. Je levai la tête. Comment faire pour sortir ? Mes yeux restèrent fixés au plafond durant de longues minutes. Une main vint dégager délicatement ma frange qui me dérangeait un peu. Mes joues rosirent brusquement lorsque je vis Benjamin me sourire.
-Merci, marmonnai-je.
-Y a pas de quoi.
Ses yeux bleus clairs étaient magnifiques. Je me détournai avec un sourire timide. Je regardai la paroi. Des quantités phénoménales d’eau s’y accumulaient. Une idée germa dans ma tête. Je me tournai vers les autres.
-J’en ai marre ! ça fait des heures qu’on croupit ici !râla Atwilyn.
-Ça fait trois minutes, tranchai-je. Et je crois avoir trouvé la solution pour sortir. Tiens, frappe le mur puisque t’es si en colère. Ça fera tomber l’eau qui est là-haut et peut-être y an aura-t-il suffisamment pour nous faire monter.
-Il n’y en a pas assez, dit Klein.
-On peut toujours essayer.
Je pris mon élan et fonçai droit vers le mur. Le choc fut brutal. Je gémis doucement. Puis une trombe d’eau m’aspergea l’instant d’après. Atwilyn hurla. Deyra s’agrippa à Klein. Elle tremblait terriblement. Mince. Elle avait l’aquaphobie. Je voulus la rejoindre mais une autre cascade d’eau m’écrasa contre le sol. Cette fois je gémis bien plus fort.
-Soie !
J’aperçus Benjamin courir vers moi, et l’instant d’après, une barrière d’eau glacée nous séparait. Tout s’assombrit. Les lampes avaient grillé. La quantité augmentait à une vitesse hallucinante. Je tentais de garder la tête hors de l’eau. Tandis que je me noyais petit à petit et que je me débattais contre les bras de l’eau noire qui voulaient me tirer vers le fond, j’entendais Deyra perdre ses moyens et crier de plus en plus fort.
-Reste calme. C’est rien, articula Klein. Je suis là, accroche toi, Deyra.
Puis je ne vis plus rien.
Dès que j’ouvris les yeux, je me mis à cracher toute l’eau de mes poumons. Je me relevai et vis Benjamin et Klein sortir Atwilyn de l’eau, ses longs cheveux blonds et trempés dégoulinant sur ses épaules, par un trou dans le bouchon de la bouteille. Nous étions sortis. Deyra tremblait toujours. Ses boucles rousses étaient constellées de gouttelettes d’eau et ses yeux noisette étaient perdus dans le vague. Je tremblais aussi, avec mon jean troué complètement gorgé d’eau qui déteignait sur mes jambes et ma veste collée à ma peau. Les garçons allongèrent Atwilyn. Ils tentèrent de la réanimer. Elle poussa un grognement. Benjamin me rejoignit.
-Je crois qu’on va prendre du temps à ressortir.
-Pourquoi ?
-Regarde.
Je me retournai.
-Oh mon Dieu…

Autrice : l’étoile bleue d’un matin brumeux…, sous le pseudo « l’étoile bleue d’un matin brumeux… »

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