Aifé
«-Aifé! Reviens ici immédiatement!
-Viens me chercher, Tamaïs!
-Rends le moi! C’est dangereux!
-Je n’en ai jamais eu! Je veux juste le voir!
Mon frère finit par me plaquer contre le mur, et récupère son katana. Il murmure, en souriant, essoufflé.
-Un jour… Toi aussi… tu en auras un…
-Est ce qu’il y aura mon nom sur la garde?
-Tu ne voudrais pas plutôt celui de ton amoureux?
-J’ai pas d’amoureux!
Je me dégage, et court dans le couloir sombre, pour échapper à Tamaïs qui rigole derrière moi.
-Tu en auras un! Et il te fera plein de bisous!
-Même pas vrai! Et en plus, comme c’est toi le plus vieux, tu seras amoureux en premier!
Il s’arrête, avec un drôle de sourire.
-Comme c’est moi l’aîné, je n’aurais pas le choix.
Je m’arrête aussi, comprenant tout, malgré mon jeune âge, soit cinq ans.
-C’est vieux, comme coutume. Il t’obligera pas à le faire.
-Qu’est ce que tu en sais? Il tient à ce que le sang des Saanps reste pur.
-On s’en fout! Si t’es un traqueur, tu pourras pas te marier!
Il se jette sur moi, et commence à me chatouiller.
-C’est quoi ce vocabulaire, jeune fille?
-Il t’obligera pas! Parce que t’es le meilleur des traqueurs!
Il me chatouille de plus belle.
-Il ne t’a jamais rien dit sur l’orgueil? Tu sais, un jour, ce sera toi la meilleure.
-On s’en fout! On a le temps!
-C’est quoi ce langage? Redis le pour voir!
-On s’en fout! On s’en fout! On s’en fout!
Puis, je m’échappe, et cours de nouveau, en riant aux éclats. Lui préfère s’adosser à une colonne. Lorsque je me retourne, je lui lance.
-T’es trop vieux pour me suivre?
Il ne répond pas, et se contente de sourire. A mon âge, je croyais vraiment qu’à quinze ans, on était vieux. C’est pour ça que j’ai profité autant que possible de l’année qu’il me restait avant de commencer l’apprentissage.»
-Pourquoi elle dit tout le temps « Tamaïs »?
-Vas t’en, Lià, tu me gênes.
J’ouvre les yeux. Aussitôt, une douleur intense me saisit. Je voudrais hurler, mais je ne peux pas. Une main sur ma bouche, une autre sur ma poitrine. L’esprit embué, je prends peu à peu conscience de la situation. Un homme est avec moi. Je suis blessée. Lià est là. Je ne sais pas comment je me suis faite toutes ces blessures. Je ne sais pas qui est cet homme. Je voudrais me débattre, mais je suis trop faible. Je sais juste que cet homme est dangereux, que nous devons repartir. La pièce est noire, vide. Une source de lumière tangente nous éclaire. Un souffle, celui de Lià, je crois. Je ne réussis pas à distinguer autre chose. Je réussis finalement à bouger le bras. La douleur devient insupportable. Evanouissement.
-Tamaïs…
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »