Après l’or de celle d’avant, cette pièce était d’un blanc éclatant et lumineux. Si avec ça, on te chopait pas de sévères problèmes de vue… Mais je n’eus que peu de temps pour me soucier de mes yeux. Entre les piliers de glaces qui encadraient harmonieusement la salle et la neige qui virevoltait harmonieusement, se trouvait une créature qui nous fit nous arrêter net. D’un noir qui devait absorber environ 99,99 % des couleurs du spectre de lumière visible (et invisible d’ailleurs), immense, recouvert par endroit de sortes d’écailles et le dos orné, les bras et les jambes ornés de motifs rouges, brûlants et abstrait. Des griffes à tous les endroits possibles, une queue de reptile fourchue, et deux cornes épaisses, plus claires, se courbaient vers l’arrière de son crâne. Une couronne doré et brillante ceignait son front et sa mâchoire s’allongeait, pleine de dents, comme celle d’un crocodile.
Livian poussa un cri de surprise et la créature se tourna vers nous. Ses yeux, de la couleur à peine bleue de la glace parfaitement polie et leurs pupilles humaines dérangeantes m’empêchèrent d’esquisser le moindre mouvement pour me saisir de mes armes. Si Yann ressentit la même chose, Ahna n’eut pas ce problème. Il faut plus que… ça pour pétrifier Ahna. La créature ignora superbement l’arc pointé vers elle et braque son regard sur Livian.
-Ah, mon très cher Léviathan… commença-t-il d’une voix doucereuse, grave et légèrement sifflante. C’est un véritable plaisir de savoir que tu arrives enfin à obtenir ta véritable forme.
Il articulait chaque mot à la perfection, nullement gêné par des crocs d’une longueur sensiblement démesurée. Il se tourna vers nous et je sursautai. Yann recula d’un pas.
-Et voilà les gens qui t’y ont aidé… Approchez, je vous prie.
Livian s’avança sans hésitation, comme hypnotisé par celui qui était vraisemblablement le, fameux, Diable. Nous fûmes beaucoup plus réticent. Soudain, j’eus une illumination. J’attirai discrètement l’attention de mes compagnons.
-Souvenez-vous, grâce à quoi avons nous battu Lucifer ? Chuchotai-je.
-Moi ? Tenta Yann.
-La chance ? Supputa Ahna.
-Mais non, continuai-je, parlant vite et sans que le Diable et la… douzaine de démons, en « uniformes » de gardes, sortis de nulle part qui l’avaient rejoint ne s’en rendent compte. Quel est le défaut de Lucifer qui nous a permis de l’emporter ?
Ils réfléchirent quelques secondes puis hochèrent la tête. Ils avaient compris. Je voulus ajouter quelque chose, mais nous étions trop près du Diable. Trop tard pour les messes basses, il allait falloir trouver autre chose. Je relevai les yeux, fixai autant que possibles la créature, me concentrai un instant et me mit à déclamer.
-Venant, calme et serein,
A l’encontre de leur destin.
Marchez, noble guerriers,
Portez haut étendards et épées
Il est temps pour vous de mourir
Résolu et fier face à votre avenir
Étendu à terre, votre sang répandu,
Souriant à votre vie perdue.
Le Diable baissa les yeux vers moi.
-Verlaine. Le temps de la guerre.
Il eut l’air pensif et émit un léger sifflement en passant sa langue sur ses… lèvres ? Une sueur froide glissa le long de mon dos. Je jetait un coup d’œil à Yann. Il me fit un vague signe de tête. Bien, lui au moins avait compris. Ahna certainement pas, mais ce n’était pas grave. Le monstre s’était légèrement penché en avant.
-Que dois-je conclure de cet hymne guerrier, jeune mortelle ?
-Que j’aime beaucoup la poésie ?
Je me mordis aussitôt la langue. Ce n’était pas le moment. Livian à ma droite, était agenouillé avec un air absent. Il allait falloir jouer serré pour s’en sortir en vie, et on ne pouvait visiblement pas compter sur lui. Un trône immense, d’une couleur blafarde rappelant désagréablement des os, apparu, et le Diable s’installa confortablement dedans. Il aperçut le regard pensif d’Ahna.
-Impressionnée ? Lança-t-il d’un air tout aussi amusé qu’angoissant.
-Pour ceux qui vivent là je viens, fit-elle sans se démonter outre mesure, les choses se divisent en deux catégories : ce qui se mange et ce qui sert à tuer ce qui se mange. Vous n’entrez dans aucune des deux.
Le Diable eut un rictus pendant que je me demandai dans quelle catégorie je me trouvai.
-Je ne vais malheureusement pas pouvoir vous laisser le temps d’y réfléchir. Certes, je pourrais vous être reconnaissant d’avoir aidé la misérable créature ici présente (il désigna Livian, qui ne bougea d’un millimètre. Et dire qu’il était censé être notre allié) à acquérir une infime partie de sa puissance.
Il y eut un instant de flottement pendant lequel il examina nonchalamment ses griffes. Je dois reconnaître que j’eus la stupidité impardonnable d’espérer.
-Mais ce n’est pas le cas (il fit un signe à ses sous-fifres). Tuez-les.
-Attendez ! S’exclama Ahna d’une voix inhumainement calme au moment où les démons allaient s’élancer. Je te défis en combat singulier, martela-t-elle en fixant le Diable droit dans les yeux. L’enjeu sera nos vies.
L’autre se contenta de rire.
-Quelles vies ? Vos vies m’appartiennent déjà ! Tuez…
-Lâche ! Cria Ahna.
Tous se figèrent.
-Peux-tu répéter ce que tu viens de dire ? Susurra le Diable.
-Lâche, recommença-t-elle.
-Retire immédiatement ces infâmes paroles.
-Je ne les retirai qu’après le combat.
Et il rit à nouveau.
-Je vois. Tu crois que cela suffit ? Tuez…
-Très bien, l’interrompit à nouveau Ahna. Je vous affronte, vous ou n’importe qui, de la façon dont vous voulez avec les armes que vous souhaitez. Si je vaincs, vous nous accorderez… au moins une avance de dix secondes. Si vous vainquez, je vous laisse choisir votre prix.
Elle prit une inspiration et posa une main sur sa poitrine.
-Mais sachez que je souhaite mourir avec honneur au champs de bataille, selon les lois de ma tribu, et que je me battrai jusqu’à mon dernier souffle.
Mon Dieu (je plaisante, il y a bien longtemps que Dieu m’est indifférent), Ahna avait utilisé une expression. J’eus du mal à le croire.
Le Diable se leva. Et sourit.
-Très bien. J’accepte. Je me battrai à mains nues (non, quand on a des griffes de cette taille, on est pas « mains nues »), et n’utiliserai même pas mes divers… pouvoirs. Je vous accorde toute les armes que vous souhaitez. Le premier à mourir perd. Si je perds (la foule de démons ricana), je vous laisse partir avec les compliments de la maison. Sinon… j’exige que les deux survivants se battent entre eux jusqu’à la mort.
-Ces conditions nous conviennent, affirma Ahna. Lætitia, Yann, quoi qu’il puisse arriver n’intervenez pas. Si je meurs, c’est que cela sera mon destin.
Yann, déjà de la couleur d’un cadavre par temps de neige, choisit ce moment pour s’évanouir. Tous lui jetèrent des regards surpris. Je soupirai.
-Ne faites pas attention, cela arrive régulièrement…
Je m’agenouillai et lui appliquai une grande claque. Il n’eut pas un mouvement. Il y eut quelques rires.
-Bien, alors je vais mettre ça dans un coin, ne faites toujours pas attention… Excusez moi…
Je traînai le corps inerte au bout le plus éloigné de la salle, passant entre des démons qui me dévisageaient avec un air à faire fuir un Spartiate. Et je suis loin d’être un Spartiate.
Je déposai le corps, décrochant discrètement au passage l’arbalète qui pendait dans son dos.
-Yann, le jour où tu arrêteras de tourner… de l’œil… lançai-je en lui tapotant la joue.
Ahna avait l’air particulièrement agacé. Elle s’était délesté de toutes les affaires qui lui semblaient inutiles et avait ôté ses derniers bandages.
-Est-ce bon ?
Je hochai la tête et rejoignit le cercle qui s’était formé autour des combattants. Les deux adversaires se mirent en garde. Le silence se fit et ils commencèrent à lentement se tourner autour. Ahna était mal. Ce type mesurait trois mètres, avait des écailles, des tas d’armes mortelles qui poussaient directement sur son corps et une condition physique visiblement idéale. Elle prit sa hache et la fit tournoyer, maîtrisant parfaitement chacun de ses mouvements. Le métal siffla dans l’air. Ça allait être tendu. Vraiment tendu. Et elle avait le rôle plus difficile. Je devais être à la hauteur. Je me mis à tourner avec les combattants, et trébuchai sur mon sac que j’avais laissé tombé. Je l’attrapai et le jetais plus loin. Et me remit à suivre leurs mouvements. Je bousculai des démons, mais bon. Pour ce que je m’en souciai à ce moment précis. Un bout d’un moment, ils s’immobilisèrent. Ahna bondit d’un côté. Le Diable ne bougea pas d’un millimètre. Elle s’avança, tournoya, voltigea, et se retrouva, miraculeusement, derrière son adversaire. Elle abattit sa hache, visant l’endroit où la queue de serpent se rattachai au corps. Elle cherchait sûrement un défaut dans l’armure d’écaille. Mais l’autre pivota, l’arme manqua son but. Elle ne se démonta pas, laissa son mouvement l’entraîner et se jeta sur le côté, tournant sur elle même. Une griffe acérée la frôla. Elle tomba au sol et roula aussitôt. Le Diable avait pivoté à quatre pattes et sa mâchoire claqua bien trop près du visage d’Ahna à mon goût. En une fraction de seconde, le… bras ? La patte ? Du monstre jaillit et la faucha alors qu’elle se relevait tout juste. Elle alla s’écraser à l’autre bout de l’arène. Des gerbes blanches et glacée s’envolèrent puis s’écrasèrent. Je repris ma rotation autour du cercle de démons pour suivre au mieux le combat. Le Diable bondit vers elle. Un couteau voltigea, visant son cœur, et il l’esquiva de justesse. Le but d’Ahna n’était pas de l’atteindre mais de se donner le temps de se remettre debout. Elle se déplaça vivement vers la gauche, et pendant que son adversaire la cherchait du regard, elle opta pour une attaque directe. Elle lui fonça dessus et réussit à lui porter un violent coup de hache au… visage ?. La lame glissa sur les écailles, mais il fut un peu sonné et Ahna porta un deuxième coup. Puis un troisième, enfonçant violemment la pointe de l’arme sous sa mâchoire. Mais au moment où elle s’écartait, il se redressa et elle ne put parer le violent coup de poing au plexus, ni celui tout aussi violent qui atteignit sa pommette. Elle tomba en arrière, tenta de fuir mais le Diable l’attrapa par la gorge et la souleva du sol. Elle tenta de se débattre et d’envoyer coups de pieds et coups de poings, mais elle était proportionnellement bien trop petite. Je sentis mon estomac se retourner, ma gorge se serrer et tout mes muscles se tendre. Mes nerfs se hérissèrent, mes tendons claquèrent et mon sang se mit à bourdonner vivement à mes oreilles. Devoir attendre me donnai envie de vomir, et je me mis à m’activer avec plus d’énergie. Au moment où le souffle d’Ahna devenait rauque et où ses gestes devenaient flous, le Diable la lâcha et la faucha d’un coup de pied avant qu’elle s’écroule au sol. Elle roula à nouveau dans la neige et son adversaire s’approcha lentement, sûr de lui. Si elle ne se relevait pas, je… Je n’achevai pas ma pensée, Ahna se releva, tournoya sur elle même et le frappa derrière le genoux. Le tranchant n’entama pas la cuirasse d’écailles, mais lui fit plier la jambe. Elle prit un pas d’élan, glissant dans la poudreuse et sauta, tenant sa hache à deux mains. Elle appliqua un coup violent derrière la nuque du Diable, avant de retomber au sol et de se relever comme un chat. Ses combats ressemblaient à… une danse, et elle aurait déjà terrassé n’importe quel autre adversaire. Il se retourna, sa queue cisailla l’air glacé et siffla juste au dessus de la tête d’Ahna, qui s’était baissée juste à temps. Ils se jetèrent l’un sur l’autre, dans un corps à corps jusque là évité. Elle esquiva une griffe, il para sa hache de son avant-bras, tenta de lui faucher les jambes, elle recula et attaqua frontalement, visant le cœur, il esquiva, tenta de passer sous sa garde mais elle bloqua. Je vis tous ses muscles se tendre et sa sueur s’évaporer en une légère buée. Je remarquai enfin que la neige à ses pieds se teintait par endroit de sang. Je fis un pas en arrière, m’entravais, et me retrouvai assise dans le froid. Ahna réagit une fraction de seconde trop tard et il lui envoya un violent coup de tête dans le visage. Elle s’effondra et tomba sur le dos. Je me reculai encore, patinant du mieux que je pouvais, atteignit un des piliers et m’en aidai pour me relever. On ne faisait pas attention à moi. Le Diable fit cliqueter les griffes de sa main gauche et les leva haut au dessus de sa tête. Il faisait durer le suspens et Ahna ne bougeai plus. Il me tournait le dos. Je me mis à courir, boosté à l’adrénaline, décrochai mes géniaux griffes/poings américains de ma ceinture et les équipai d’un seul mouvement. Je franchis le cercle, me glissai entre les jambes du monstres, et parai le coup fatal qu’il allait porter. Tout mon corps hurla à l’unisson sous la force de l’impact, mais je tins bon. Il relâcha la pression dans un crissement métallique et me dévisagea. De plus près, je pus remarquer qu’il était légèrement essoufflé.
-Il me semble que votre amie vous avez prié de ne pas intervenir.
-Oh, bien sûr. Pour quelle raison déjà ? Son destin ? Elle croit autant au destin que vous au Père Noël !
-Soit. Vous ne faites que retarder l’échéance.
-Je ne pense pas non.
J’eus à peine le temps de terminer ma phrase qu’une flèche transperça l’œil du Diable, qui me fixait. Il se mit à hurler d’une façon atroce et se tordit de douleur. Je relevai Ahna et me précipitai vers la porte. Les démons de ce côté là du cercle, voyant que nous venions vers eux, se ressaisirent et bondirent avec des cris de rage à vous glacer le sang. Ils voulurent se saisir de leur épée : ils étaient désarmés, et s’effondrèrent par terre, retenus par un lien invisible. Je les enjambai, tranchant deux-trois membres qui dépassaient par-ci par-là. Les démons encore debout, c’est à dire la majorité, nous poursuivaient. Je récupérai de justesse nos sacs, et un de nos poursuivants nous barra la route. Il fut abattu par une deuxième flèche, que j’arrachai de sa poitrine pendant qu’il râlait pour l’enfoncer dans le visage (je ne peux pas vous dire précisément où) d’un autre qui nous talonnait de près. Je la gardai à la main et fit un signe à Yann. Il me répondit vaguement, du haut de son pilier, et abattit encore trois autres démons coup sur coup. Puis il se redressa, jeta son arbalète en l’air, se transforma en une énorme chauve-souris, la récupéra au vol, rasa la neige pour se saisir de son sac, et nous rejoignit en quelques battement d’ailes. Il se retransforma en humain, réarma, s’agenouilla et tua aussi sec d’autres démons pendant que je tentai d’ouvrir la porte tout en égorgeant un adversaire un peu trop entreprenant, et sans cesser de soutenir Ahna.
-Bouge ! Me cria Yann.
-J’agis dans la mesure du possible ! (oui, même – surtout – dans les situations les plus terribles, mes tournures de phrases seront toujours irréprochables)
Le battant s’entrouvrit et le démon mourut. Je crus remarquer que je saignai, même désarmés, ces saloperies des Enfers étaient redoutables. Je tentai de faire passer Ahna, qui avait du mal à associer deux mouvements cohérents, lorsqu’un hurlement nous pétrifia sur place, moi, Yann, nos adversaires toujours plus nombreux, et même les flocons de neige, qui hésitèrent à tomber. Le Diable s’était redressé, un sang presque noir coulant le long de son visage. Il avait arraché la flèche de son œil et avait une expression démente, bien loin de ses manières polis et doucereuses, inquiétantes par leur amabilité feinte, et de la maîtrise de soi dont il avait fait preuve. Tout son corps brillait d’une lueur inquiétante, et pour avoir vu ce qu’avait déjà fait Livian, je me jetai par terre, entraînant Yann et Ahna. Un instant après, un rayon d’une couleur noire qui me donna envie de vomir jaillit de sa poitrine. Je le vis arriver vers nous au ralenti, faisant fondre la neige et évaporant les démons. Je ne pensai même pas à ma probable mort prochaine, ou à me préparer à l’impact, ou à tenter… un truc. Je crois que je pensai juste « merde ». Ou quelque chose approchant. Mais cette… chose n’arriva pas jusqu’à nous. Un autre monstre d’écailles s’était interposé et bloquait le rayon, qui finit par voler en éclat.
-QUE FAIS-TU !? TU ES MIEN ! TU M’APPARTIENS ! ECARTE-TOI !
Oui, l’Enfer doit certainement être immense vu la mauvaise habitude qu’ont les démons de crier pour s’exprimer.
-Non ! Lança Livian, et jamais un « non » ne me fit plus plaisir. Je vous hais, du plus profond de moi, et je ne vois pas pourquoi je vous obéirai !
Mais ces petites querelles ne nous concernaient pas, Livian tu es un modèle de bravoure, je retiendrai cette noble date et chaque année nous rendrons un hommage posthume à ton courage et ta valeur… Je me hâtai de faire rouler Ahna dans la pièce à côté et pressais Yann de faire de même.
-Je savais bien que choisir une humaine pour porter ton embryon était une erreur ! Cela t’a affaibli et t’a fait hérité de leur… loyauté insensé !
-Une humaine ?
-C’était le mammifère le plus adéquat avec le temps de gestation le plus court ! Ricana le Diable.
-Qu’est devenu ma mère !?
-Quelle mère ? Si tu veux parler de la faible créature qui t’a couvé neuf mois, elle est morte ! Elle ne fut même pas ce qu’on peut appeler un met de choix !
Livian hurla de rage, et j’eus tout juste le temps de me réfugier derrière la porte. Son pouvoir explosa et souffla tout dans la pièce. Les murs vibrèrent, de la poussière tomba du plafond et je fus renversée et roulai sur le sol. Je ne sais pas en quoi sont faites les portes de ce foutu Château, mais je le remercie que ce soit en un matériau incassable. Sinon, je ne donnai pas cher de nos vies. Remarque, le Diable avait déjà considérablement fait baisser leurs prix, et pourtant…
Je retrouvai Yann, les avants bras appuyés contre le mur et la tête baissée, qui se retenait visiblement de vomir, et Ahna, allongée, et m’agenouillai à côté d’elle. Notre état à tous n’était pas reluisant, mais elle, elle était la plus atteinte. Elle avait les yeux fermés, sa respiration était sifflante et rapide, mais profonde. Ça irait. Sans doute. La porte s’ouvrit à nouveau, Yann attrapa mollement son épée et deux dagues jaillirent de mes manches. Mais c’était Livian, le regard dans le vague, qui alla s’asseoir en tailleur à côté de nous, passant ses bras autour de ses genoux. Je sentis ma tête me tourner, m’adossai au premier mur que je trouvai et me mit à observer avec plus d’attention la pièce.
Autrice : lolo, sous le pseudo « lolo »