Aifé
Cyanure et limonade.
3 mots qui me viennent à l’esprit quand je vois cette pièce. Elle est grande, immense, sobre. Aucun meuble, juste un millier de cadavres qui jonchent le sol. Des gobelets éparpillés, des restes de boisson. Cette scène est l’unique témoin du crime commit ici.
Cyanure et limonade.
Mélange immonde, et mortel. Doux-amer, fort goût de citron, et légère odeur de sucre en arrière goût, qui prédit la mort. Un suicide collectif de 912 personnes. Scène macabre.
Cyanure et limonade.
Cette pièce témoigne d’une événement historique important, et trop méconnu. Le suicide collectif du Temple du Peuple. Ce suicide organisé par le gourou en 1978. Tout le monde est mort, volontairement. Tout le monde a bu ce mélange âpre, acide, infect. Ceux qui ont résisté ont été obligés de le faire menacés par une arme. Résultat de l’endoctrinement des sectes.
Cyanure et limonade.
Mélange sans impact sur mon organisme non humain. Sur aucun reptilien d’ailleurs, car notre espèce habituée à vivre en compagnie des déchets des hommes, et de différends produits chimiques est totalement indifférente ou presque à ce poison. Je marche, dans la pièce, lentement.
Cyanure et limonade.
Combien de gens y pensent encore ? Combien de gens ont vu l’étendue du pouvoir des sectes ? Combien de personnes regrettent ? Combien de personnes ont pensé à ces personnes innocentes, mortes en vain ? Il y avait des enfants, des nourrissons parmi eux. Des vieillards, des gens qui pleuraient, riaient, respiraient. Des êtres pensants, et qui sont morts maintenant. Je ne sais pas combien de gens y pensent encore. Peut être personne.
Cyanure et limonade.
J’espère que plus personne ne boira ce mélange de mort. Plus personne. Je regarde la pièce, les cadavres, ces corps sans vie, sans âme, maintenant. Je regarde ces personnes, qui n’ont pas eu le choix. Ces personnes qui sont mortes, sans se défendre, sans regarder une dernière fois le ciel, avant de mourir. Je regarde ces personnes, si différentes des assassins que j’ai tué.
Cyanure et limonade.
Je regarde ces personnes sans vie, les gobelets à moitié remplis de poison. Je m’enfonce dans le sol, goût acide dans ma bouche.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »