Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE NOIRE
LA PIÈCE NOIRE

LA PIÈCE NOIRE

Aifé

*noir, noir, noir*
Les mots résonnent dans ma tête, faisant battre mon coeur à 100 à l’heure. Totalement désorientée, j’ouvre, et ferme les yeux, sans succès, dans l’espoir de voir quelque chose. Mais rien.
*noir, noir, noir*
Je tourne sur moi même, mes mains touchant le vide, n’heurtant pas ce mur que j’aimerai trouver. Je suis seule, peut être aveugle, et perdue.
*noir, noir, noir*
Je ne peux pas m’enfoncer dans le sol, puisque je ne le sens même pas, et ma phobie m’en empêche. Je ne me sens pas tomber. Juste rester à même hauteur, dans le vide, noir et profond.
*noir, noir, noir*
Noir d’ébène, noir de corbeau, noir de charbon, noir d’espace. NOIR. Nuit sans lune, brumeuse, étoiles absentes, froid glacial.
*noir, noir, noir*
Des frissons parcourent mon échine. J’ai de plus en plus froid, de plus en plus peur.
*noir, noir, noir*
Pas de lumière, pas de chaleur. Juste du vide. Y aurait il le réseau? Je ne vois aucune toile d’araignée, seuls objets capables de faire communiquer les aventuriers avec l’extérieur. En fait, je ne vois rien.
*noir, noir, noir*
Mes doigts frôlent le téléphone. Je le connais par coeur, appuie sur une touche, presse une autre. La voix froide et métallique me répond.
-Le réseau n’est pas disponible. Veuillez…
Je coupe. Je suis seule. Théo ne viendra pas.
*noir, noir, noir*
Je me recroqueville, dans ce vide, flottant dans les airs, ne sentant pas le poids de mon corps, juste cette sensation de froid, de peur.
*noir, noir, noir*
Le noir, menaçant m’enveloppe. Il fait taire mon courage, ma force, ma joie. Il ne me laisse que la peur. LA PEUR.
Ce sentiment dont je me serais bien passée, celui que m’ont donné les généticiens, après m’avoir fait naitre.
*noir, noir, noir*
Peut être suis je morte? Peut être que je ne suis plus de ce monde? Peut être que je suis aux enfers, vu les crimes que j’ai commis. J’ai tellement tué…
*noir, noir, noir*
Je sens ma vitalité s’effacer peu à peu, mon sang noir d’encre, couler sur mon coeur, qui bat de plus en plus faiblement. Peut être que je n’en ai plus envie? Plus envie de vivre? Je me rappelle de ma tentative, dans la pièce de la falaise… La mort me semble si douce, par rapport à ce que je vis… Il me semble que je m’abandonne à la mort, déesse mère qui seule décide.
*noir, noir, noir*
Je ferme les yeux, puisque cela ne fait aucune différence. Je m’endors, bercée par la peur, brisée par le noir intense.

*noir, noir, noir*
Une main me touche, doucement. Je frissonne au contact de la personne qui m’a secourue. Une main brûlante. L’inconnu murmure, d’une voix rauque.
-Tu n’es pas la bienvenue ici…
Je réplique, d’une voix que j’espère calme.
-Je n’avais pas l’intention de rester.
-Pourquoi ne pars tu pas?
-Je ne vois rien ici.
-Ah bon? Tu ne vois pas dans le noir?
Je secoue la tête, imaginant que lui le peut.
-Ton espèce?
-Naga.
Il lâche soudain ma main, effrayé, et me libère du contact. Il claque des doigts. Dans ce vide immense, il résonne, longuement.
Je me sens tomber. De plus en plus vite.
*noir, noir, noir*
Je sens le sol m’attirer. Je ferme les yeux, de nouveau, même si je suis toujours dans le noir. J’espère que je mourrais vite, enfin. Je ne me sens plus utile. Je n’ai que deux possibilités. Rejoindre le Château, ou mourir.
J’ai peur. Je souris.
*noir, noir, noir*

Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »

Partager...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *