Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA CAVE À VINS OU RENCONTRE AVEC LE MAITRE DES LIEUX
LA CAVE À VINS OU RENCONTRE AVEC LE MAITRE DES LIEUX

LA CAVE À VINS OU RENCONTRE AVEC LE MAITRE DES LIEUX

{Calice}

Noir. Obscure. Sombre. Trop peu de mots pour décrire le noir complet qui m’entoure, qui m’oppresse. Le parquet grince. Privée de vue, je me fis à mes oreilles.
Un souffle. Ce n’est pas le mien. Une présence. Derrière moi.

Une bougie s’allume, éclairant la pièce d’une douce lumière orangée. Je distingue des caissons à bouteilles. Il y a un miroir, en face de moi. Une ombre sur le sol. La silhouette d’un homme se découpe sur la vitre crasseuse.
Je sais que je devrais m’inquiéter de cette présence, que je devrais réagir. Je devrais. Mais j’en suis incapable. J’ai la nette impression que cet homme n’est pas dangereux. Pas pour le moment. Un sentiment de quiétude m’emplit, engourdissant mes sens. J’entends sa respiration. Il va parler.
« Bonjour. »
Le mot s’est échappé de mes lèvres s’en que je puisse m’en empêcher. Toujours devancer l’adversaire, comme disait le Sagesir. Un réflexe.
« Qui êtes-vous ? »
Je parle, sans pouvoir m’en empêcher.
« Que me voulez vous ? »
Les phrases fusent les unes après les autres. Je ne me contrôle plus.
« Répondez ! »
J’ai crié. Je n’aurai pas du. L’homme se déplace, derrière moi. C’est à son tour de parler.
« Je ne relèverais pas ton insolence pour le moment, mais ne t’avise pas de me reparler comme cela.
-Qui êtes-vous ?
-Tu es têtue. Je vais te répondre aussi crûment que toi.
Je suis le Château. »
Lui ? Je me retourne vivement. L’homme, vêtu de noir, me toise avec mépris. La bougie flotte à quelques centimètres de son visage, y projetant des ombres terrifiantes.
Je tremble. Je n’ai pas peur mais je tremble. Je n’ai pas peur. Je suis terrifiée.
« Que me voulez-vous ? »
Ma voix se brise, il ricane.
« Te donner le choix.
-Quel choix ? »
Je n’arrive plus à penser. Tourbillons d’idées confuses. J’ai peur.
« Rejoins mes rangs, ou meurt. »
Son regard, froid et dur, ne se laisse aller à aucune pitié.
« Vous ne le feriez pas.
-Tu veux que je te le prouve, petite impertinente ? Tu n’as aucune valeur, je n’hésiterais pas, si tu continue. »
Calme-toi. Calme-toi. Cœur à cent à l’heure.
« J’ai vraiment le choix ?
-Je commence à penser que tu es stupide, ce qui ferai une raison parfaite pour t’éliminer. »
Je tremble. Souvenir. Éclat. Le Sagesir. Ses paroles. Je sais.
« J’accepte. »
Bourrasque. Je tombe au sol. Il s’est évaporé, ne laissant que la bougie. Je la ramasse.
De sa lueur tremblotante, j’éclaire les bouteilles. Reflet sur le verre et relent d’alcool. Pierre brute au sol, au murs, au plafond. Une cave à vins.
Je fait le tour de la cave, bougie à la main. Une trappe. Le bois est pourri, je l’éclate d’un coup de pied. Un boyau qui s’enfonce dans la terre, un tunnel.
Personne ne doit pouvoir me suivre. Ce Château, l’homme ou ce lieu, est bien trop dangereux. Je renverse une étagère. Les bouteilles se fracassent au sol. Je jette la bougie. Une gerbe de flamme s’élève, avant de gagner l’étagère voisine.
Je me retourne vers la trappe. Derrière moi, la cave s’embrase.
Je saute.

Auteur : le champignon fluorescent à pois jaunes, sous le pseudo « le Champignon fluorescent à pois jaunes »

Partager...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *