Cette pièce a été visitée par Amayelle
Je marche, fais quelques pas, et m’évanouis de fatigue, de faim, de peur et de douleur. Je ne sais pas combien de temps je passe inconsciente, mais lorsque je me réveille, j’entends une respiration. J’ouvre les yeux, doucement. Je vois flou. Je ne vois presque rien. Une main passe dans mes cheveux. Elle tremble un peu. La personne au dessus de moi est inquiète. J’ouvre finalement les yeux. Les contours se dessinent. Je reconnais Ignis, mon frère. Un sourire éclaire son visage.
Il crie de joie.
-Amayelle ! Amayelle ! Tu vas bien ?
Une voix retentit derrière lui, et je le vois sursauter.
-Ignis ! Il est encore nuit. Tu vas réveiller tout le monde. Tais toi, et rejoins les autres.
Mon frère baisse la tête, et se relève précipitamment. Il court presque, et quitte la pièce par une porte que je n’avais pas aperçue. Mon premier geste est un mouvement de recul. Je crains la colère de mon mentor, mais curieusement, il n’est pas énervé, et calme. Je m’apaise.
Mon maitre se penche sur moi. Il murmure, d’une voix inaudible pour quiconque n’ayant pas appris à écouter cette voix imperceptible. Elle signifie que mon maitre est épuisé.
-Vas tu bien ?
Je tente de répondre. Mais ma gorge est trop sèche. Je me rappelle alors, que ça fait quelques jours que je n’ai pas bu et mangé. Ma respiration siffle. Mon maitre comprend vite le problème, et m’aide à me redresser. Il tient un bol dans son autre main. Il m’aide à boire, soutient mon corps trop fragile, me chuchote des paroles de réconfort lorsque je m’étouffe. Je reconnais en lui un vrai père. Attentif, sensible, et aimant, presque.
Je pleure de joie. Il dit, tout à coup insensible.
-Je suis arrivé à temps, on dirait… Pourquoi pleurs tu ? Tu es en sécurité…
Je murmure, d’une voix faible.
-Je suis si fatiguée… Pardonnez moi…
-Je veille sur toi, jeune fée.
Je souris, heureuse d’entendre ce surnom, qu’il use lorsque il n’est pas énervé. Mais ce geste involontaire me fait souffrir, et je me tais. Mon mentor m’aide à me rallonger, et s’éloigne. Je m’endors, au rythme de ses pas.
…
Quelqu’un me secoue doucement. Je me réveille, en sursautant. La présence rassurante de mon maitre me calme aussitôt. J’ai de la chance. Dans ses accès de colère, mon maitre me projette souvent contre le mur, ou me blesse sans s’en rendre compte parfois. Là, il me sourit doucement, et tient un bol de bois. Il m’aide à m’asseoir contre le mur. Puis, il me tend le bol. Je souris, en reconnaissant le mélange. C’est celui que j’ai mangé durant toute ma vie auprès de lui. Bien qu’il n’ai aucun goût, il me rappelle beaucoup de souvenirs, comme la fois, où le jour où nous avions sept ans, Ignis avait décidé de faire une petite bataille de nourriture. Tout s’est très mal passé, puisque notre maitre est intervenu. Je souris. Je l’avale, affamée, puis, repose le bol à terre. Mon maitre parle d’une voix plus audible, cette fois ci. Peut être n’a t-il pas eu à se battre avec Ignis cette nuit.
-Vas tu mieux ?
-Grâce à vous…
Il sourit, soulagé.
-Qui est l’homme qui était avec toi ?
L’éducation sévère que cet homme m’a prodiguée m’interdit de lui mentir.
-C’est un prophète. Il s’appelle Immanuel.
-Que ressens tu pour lui ?
Je détourne la tête gênée. Peut être m’en voudra t-il…
-Amayelle ! Réponds moi.
-Je crois… que je suis amoureuse de lui…
Il ne dit rien. Mais ne semble pas contre.
-Où est Ignis ? Que devient il?
Il grommelle, soudain énervé.
-Il devient de plus en plus comme toi.
Je souris, heureuse, simplement de savoir comment va Ignis.
-Suis je si terrible ?
Il me regarde dans les yeux, pensif.
-Particulièrement agaçante.
Je souris de nouveau.
Mon maitre se relève, et murmure.
-Tu as de la chance d’être si mal en point, sans quoi je t’aurai déjà punie.
Il s’en vas, et je m’endors de nouveau, fatiguée…
…
Lorsque je me réveille, je suis seule. Enfin, seule… Mon maitre est à quelques mètres de moi, mais ne voit pas que je suis éveillée. Je l’observe. Il est calme, impassible. Il tient un livre, et lit, debout. Il me tourne le dos. Soudain, se sentant épié, il ferme le livre, sèchement, et se retourne lentement vers moi. Ses yeux gris sont d’acier. Il s’approche, et me demande.
-Comment te sens tu ?
-Sa voix n’est pas inquiète. Il estime le danger écarté.
Je murmure, doucement.
-Mieux…
-Te sens tu capable de marcher ?
Je tente de me relever, en m’appuyant contre le mur. Aussitôt, une intense douleur me saisit à la jambe. Je m’effondre à terre, aux pieds de mon mentor. Des larmes de douleur coulent sur mes joues.
Il s’agenouille aussitôt, et regarde ma jambe. Une intense lumière jaillit de ses mains. Ma lésion se ferme. Je souris, la douleur s’évapore peu à peu. Mon mentor se relève, satisfait, et dit, d’une voix forte.
-Tu pourras te relever demain.
Puis, il place sa main sur mon front. Une envie de sommeil me prend tout à coup. Je murmure, somnolente.
-Non… S’il vous plaît…
Il s’éloigne, sans entendre mes protestations. Je m’endors, à cause de sa puissante vague d’apaisement.
…
Je suis secouée d’une main énervée. J’ouvre les paupières. C’est mon maitre. Sombre, la tête baissée, il ne me parle pas, et je respecte son silence. Il me tend le bol, que j’avale rapidement. Je crains qu’Ignis n’ait encore énervé notre maitre commun. Puis, surprise…
Mon mentor me tend sa main, et m’aide à me relever. Puis, il inspecte mes ailes. Il est soulagé de constater qu’elles ne sont pas brisées. Il me dirige alors vers la sortie. Je me retourne, regarde la pièce dans laquelle je suis restée cinq jours. Blanche, éclairée. Aucun meuble, sinon le matelas sur lequel je suis restée allongée durant tout ce laps de temps. Une mosaïque est dessinée sur le sol. Un magnifique soleil y est représenté. Un lustre de chandelles éclaire la pièce, qui est assez petite.
Je murmure, à mon maitre.
-Où est Immanuel ?
-Il est derrière la porte.
Il saisit ma main, et m’entraîne dans la pièce suivante. Je me rappelle, de ces moments, tant aimés. Ces moments avec mes frères, mes sœurs, et mon mentor. Ces moments, durant lesquels nous riions, heureux, tout simplement.
Je vais les revivre. Je le sais.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »
Ce texte s’apparente à une fanfiction. Certains de ses éléments sont relatifs à l’univers de la série Les Chevaliers d’Emeraude, écrite par Anne Robillard. |