Cette pièce a été détruite par Aifé.
J’entre dans la pièce, tous mes sens en éveil. Pourtant, je me détends rapidement, car il n’y a rien. Juste du vide, une pièce grise, sans intérêt. Aucune lumière, aucun objet. Une uniformité totale, que du gris, qui semble être de la même matière. Le téléphone que m’a donné Théo bipe. Je m’adosse contre le mur. Pierre lisse. Je ferme les yeux, et inspire. Je décroche.
-Aifé ?
Je reconnais la voix de mon mentor.
-Maitre ?
-Vas tu bien ?
-Si l’on veut. Je m’ennuie.
-La patience s’apprend au fil du temps.
-Le fil du temps est trop long.
Je l’entends rire, doucement.
-Bien. Je t’appelle pour te donner ta cible.
-Je vous écoute.
-Un roi Dracos se terre dans le château. On m’a informé qu’il se trouve dans la pièce juste à côté de celle où tu te situe.
Je sursaute, et regarde autour de moi.
-Comment puis je vous rapporter sa glande ?
-Tu trouveras un moyen.
-Où est Théo ?
-Il s’entraîne. Il t’appellera dès qu’il aura fini.
-Merci.
-Je veille sur toi…
-Merci.
-Je sais que tu réussiras ta mission.
-Merci.
-Je vois que tu n’as que ce mot à la bouche.
-Merci.
Cette fois ci, il éclate de rire. Il avoue :
-Ton humour étrange me manque.
-Ne suis je pas étrange ?
-Toute notre espèce l’est. Bonne chance.
-La chance n’existe pas.
Il raccroche.
Je m’assois en tailleur sur le sol, pour méditer, avant l’assassinat, la traque.
Cette étape est importante. Je vide mon esprit, afin de ne pas prêter attention à mes sentiments, ainsi qu’aux paroles de ma cible. Il faut faire taire ses doutes, ses appréhensions, ses questions, ses peurs. Plus l’on médite, plus l’on est fort pour traquer. Je n’ai jamais réussi à vider mon esprit totalement, comme mon maitre. Au moment, où je commence à m’enfoncer au plus profond de mon âme, une sonnerie retentit. Je pousse un juron. Je vais tuer Théo.
-Théo ?
-Si. Come stai ?
-Comme ça peut aller…
Je n’ai même plus l’envie de lui demander de parler en français. Nous parlons tous deux très bien italien, langue de notre maitre commun. Cependant, j’ai adoré le français, langue riche, et je me suis souvent laissée bercer par les rimes douces de la langue. Bien que ce ne soit pas celle que j’ai entendue durant une dizaine d’années.
-Un problème ?
-Pas vraiment…
-Je sais que Silvère t’a donné une cible.
-En effet…
-Faudra t-il t’arracher les mots de la bouche ?
Il éclate de rire. Je murmure, entre mes dents.
-Je vais te tuer, Théo. Et après, je te ramènerai de la mort, pour te tuer de nouveau…
Il rit de nouveau, heureux. Je profite aussi de ces moments rares, durant lesquels nous sommes nous mêmes, et parlons, comme si nous étions normaux. Comme si l’extinction des Dracos de pesait pas sur nos épaules, trop fragiles. Nous parlons comme deux frères, riant, pour nous, tranquilles.
Soudain, je me redresse. Je souffle, dans le téléphone.
-Je sens ma cible, Théo. Je te laisse.
Il redevient sérieux.
-Addio.
Je raccroche. Mon sang de traqueur ne fait qu’un tour. Le gène me fait entrer en transe. Comme d’habitude, je sais quoi faire. Je saisis mon katana. Le meurtre est au rendez-vous.
Puis, je me retourne. Je regarde une dernière fois la pièce, terne, grise, et vide. Qui mériterai de visiter une pièce comme ça, sans aventure ?
Personne.
Et bien que je n’aime pas trop les aventuriers rebels, je décide de leur donner un petit coup de pouce. J’enfile d’abord ma tunique d’exécution, couleur de sable, puis, j’allume une allumette. Alors, tout se passe vite. Elle tombe à terre. Une petite flamme apparaît. Ai je oublié de préciser que le sol était recouvert d’une petite couche de quelques millimètres d’alcool. Tout prend feu. Et au milieu des flammes, je quitte la pièce, un sourire au lèvres.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »