Cette pièce est celle dans laquelle Amayelle fut enfermée.
Nous sommes emmenés dans un dédale de couloirs et d’escaliers, et arrivons finalement devant une petite porte de métal gris foncé. Nous sommes jetés sur le sol de ce qui me semble être une prison. Je me relève rapidement, et me colle contre le mur. Pierre dure, froide et humide.
Le maitre des lieux reste dans l’embrasure de la porte, et éclate d’un rire que je hais déjà. Puis, il murmure, d’une voix qui aurait fait défaillir n’importe qui.
-Peut être survivras tu. Ou peut être pas. Dans les deux cas tu vivras tant de douleur et de peine, que tu désireras quitter cette vie si tu n’es pas déjà morte.
Puis, il s’en va en claquant la porte. Nous sommes seuls. La clé tourne. Nous sommes prisonniers.
Super. Comment disait Immanuel déjà ? Ah oui. Merde.
D’ailleurs, où est le prophète ? Je parcours la pièce des yeux, fiévreuse. Je le trouve, allongé à côté de moi. Immobile. Je m’agenouille à ses côtés. Il respire. Je suis soulagée. Immanuel s’est certainement cogné, ou a succombé à la douleur. Je profite ce moment durant lequel je suis seule, pour observer la pièce. Petite, d’à peine quelques mètres de longueur et de largeur. Je peux juste me tenir debout, mais c’est tout.
La pièce est humide, sombre, et je peux à peine voir Immanuel. Le sol dur, est rugueux, et fait mal à mes pieds nus. Je marche un peu. Il n’y a aucune ouverture, sauf la porte fermée. Je m’appuies dessus, et ferme les yeux.
Ne pas paniquer, ne pas paniquer…
Nous devons sortir, et vite. Immanuel est très mal en point, et risque la mort, je le crains, et je ne tiendrais pas très longtemps sans lui. Je déteste être enfermée, sombre ironie du sort, étant donné que j’ai passé ma vie dans une pièce du château. Une grotte magique. Mais là, c’est pire. Aucun de mes jumeaux n’est là, et mon maitre, malgré ses punitions ne peut pas me donner de conseils, comme il le faisait autrefois. Je reste longtemps, à songer, mais aucun moyen de sortie ne me vient à l’esprit. Je me laisse tomber à terre. Je pleure doucement. J’entends le rire du château dans la pièce. Est ce mon imagination ? Je ne crois pas. J’appelle mon maitre, dans mon esprit, des heures durant. Aucune réponse. Je suis désespérée.
Une main caresse mes cheveux. J’ouvre les yeux. Immanuel est là, me regardant tendrement. Il respire difficilement. Je l’oblige à s’asseoir.
Il ne tiendra pas longtemps. Les ecchymoses parcourent son dos, et il est blessé à la poitrine. Je l’oblige à s’allonger, et fais la même chose. Je murmure, d’une voix sourde.
-Raconte moi le monde, dehors…
-Si tu veux, mais ça ne sert à rien.
Il me raconte le ciel, me décrit les oiseaux, me dessine dans le vide le soleil, il me parle de la mer. Je l’écoute, fascinée.
Nous restons des jours, peut être ici. Dans cette prison. Sans boire ni manger. Nous dormons à peine. Je me nourris de ses récits, je bois ses paroles.
-Le monde dehors, a l’air tellement plus intéressant que le château…
-Je t’y emmènerai, si nous sortons un jour d’ici…
Nous sursautons violemment. Quelqu’un vient d’apparaître.
Une personne nimbée de lumière nous fait face…
-Vite, partez !
-Mais le château est omniprésent ! Ça ne sert à rien!
-Je vous emmène dans un endroit qu’il ne contrôle pas.
-Qui êtes vous ?
Notre sauveur enlève sa capuche. Je reconnais l’homme.Je pousse un soupire de soulagement. C’est mon maitre.
-Comment avez vous su ?
-Je t’ai dis que je gardai toujours un œil sur toi.
Il soulève Immanuel, qui est trop faible pour marcher, et m’entraîne dans son vortex. Un rire sardonique résonne. Encore.
Je n’ai pas pu embrasser Immanuel.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »
Ce texte s’apparente à une fanfiction. Certains de ses éléments sont relatifs à l’univers de la série Les Chevaliers d’Emeraude, écrite par Anne Robillard. |