Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE CABINET AVEC UN RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE
LE CABINET AVEC UN RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE

LE CABINET AVEC UN RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE

Je levai mon bras tout les deux mètres.
« Pas de réseau…grognai-je »
Au bout d’un certain temps, je finis par me résigner et continuai mon chemin hasardeux. Je passais devant des portes, petites, grandes, à double battants, rondes, carrées. De toutes les formes. Et puis, il y eut une qui attira mon attention. Ecrite d’une façon très élégante avec des caractères dorés, une inscription disait :
« Réseau téléphonique disponible !! Profitez-en ! »
Je me mis à gratter frénétiquement les lettres, croyant à une mauvaise farce dans le genre de : « On vous a eu ! Bande de Lustucru ! »
Des blagues bidons.
Mais non. C’était sérieux.
Je me précipitai derrière la porte.

Une petite pièce. Exigüe. Pas plus de six mètres carrés. Dans un des coins, un étrange mannequin en tailleur noir avec un haut de forme sur la tête et couvert de poussière se dressait misérablement. Sur le carrelage, dans un état aussi piteux que le mannequin, jonchaient des milliers de fils électriques.
Je brandis mon portable et tapai machinalement le numéro du fixe.
Quelqu’un décrocha.
-Allo ?
-Maman !
Des larmes de joie commencèrent à me brouiller la vue. Mais elles disparurent aussitôt.
-Qui es-tu ?
-Mais… je suis Lyra.
-Qui es-tu ?
-Je suis ta fille !
Je commençai à paniquer. Le fait que je sois venue dans ce château m’aurait donc effacé de la mémoire de mes proches ?
Mes doigts tremblaient doucement. Je sentais un air glacial me passer sous le tee-shirt.
-Je veux ton physique.
-Cheveux bruns, yeux noirs, peau pâle, un mètre soixante.
-Qu’est-ce qui me prouve que tu es bien celle que tu affirmes être ?
La méfiance qui ressortait dans sa voix et sa question me fit l’effet d’un couteau. Je m’agenouillais en me fracassant les genoux contre le sol dur et froid. Que pouvais-je donc dire ? Mon visage s’assombrit et la lueur de mes yeux s’éteignit peu à peu.
Mais une étincelle la ralluma sans ménagement. Il y avait une chose que ma mère m’avait confiée et avait jurée que pour rien au monde elle ne le dirait à quelqu’un d’autre.
-Je sais.
-Quoi donc ?
-Un an après ton mariage, tu as versé sans le vouloir le contenu de ton mascara dans une des baskets de papa. Tu lui as alors sorti l’hypothèse qu’il y avait une fuite dans le tuyau et que ses chaussures se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.
-Quelle basket ?
-Ses baskets de tennis, et c’était celle de gauche.
Silence. J’attendis. Une minute. Puis, deux. Trois. Rien ne se passa. Avec mes espoirs, la luminosité de la pièce commença à disparaître. Cette fois ce n’était plus une impression, un vent léger soufflait dans le petit cabinet. Un vent qui emporta tout ce qui comptait pour moi. Je sanglotais doucement.
-Maman… Tu m’as oubliée… Je…
J’avais du mal à terminer ma phrase.
-Je ne suis plus rien… pour toi ?
Mon murmure s’étouffa au fond de ma gorge. Ça faisait mal. Très. Et puis un long gémissement m’échappa.
-Lyra ? C’est bien toi ?dit une voix embuée.
-Oui…
Un soupir de soulagement ce mêla à cette réponse et mes épaules s’affaissèrent et se décontractèrent.
-Maman, pourquoi tu doutais tant de moi ?
-Lyra ma chérie… j’ai eu si peur, de te perdre. J’ai cru qu’on t’avait enlevée et tuée !
-Maman, qu’est-ce qu’il se passe ?
-Ma chérie, des êtres étranges rôdent autour de notre maison. Ton frère à failli y passer en rentrant du collège !
-Quoi ?
Ma famille que j’adore. Elle était en danger ! Un lourd poids de remords serra mon cœur.
-Pardon, maman. Pardon !
-Qu’est-ce qu’il y a ma Lyra ? Pourquoi tu t’excuses ?
-Je vous ai laissés ! Je vous ai abandonnés. Et je ne sais même pas comment vous aider.
-Tu n’y es pour rien. Et je préfèrerai te savoir ailleurs ou en fugue qu’avec nous ! Ces choses là, elles sont… surnaturelles.
Le sol trembla légèrement. Je m’accrochai à un fil puis le lâchai d’un coup de peur de m’électrocuter. Soudain, un cri retentit à l’autre bout du fil.
-Jake !
-Que… Maman ! Qu’est-ce qu’il y a ?
-Jake ! Il est enfermé dans sa chambre !
-Ce cri… ne me dis pas que…
-Jake ! réponds-moi !
Des sueurs froides roulèrent sur mon front. Mon souffle devint saccadé et mes mains, moites.
-Maman, cache-toi avec papa quelque part ! dans la cave, je ne sais où dans la maison mais il faut que vous puissiez y rester aussi longtemps que possible sans être privés de nourriture !
-Jake…pleura Maman.
-Vite !
-Oh non. Ils arrivent Lyra. Ils ont ouvert la porte !
-Maman, va te cacher !
-Je n’ai plus le temps ma chérie.
-Maman !
Je me levai et frappai du pied le carrelage crasseux. Si elle ne réagissait pas tout de suite, je risquais de la perdre elle aussi. Et Jake… mon père…
Des larmes d’impuissance perlèrent sur mes joues.
-Lyra… Mon bébé.
-Maman, il faut que tu te caches… Tu dois.
-Je suis désolée Lyra. Mais il n’y a plus d’espoir.
-Si ! Cache-toi ! Tu vas mourir !
-Je suis désolée…murmura-t-elle.
-Maman ! Imbécile !hurlai-je.
J’entendis un bruit de pas. Dix. Et puis ma mère qui se baissait.
-Lyra, ils vont me trouver. Ils vont retourner la maison jusqu’à ce qu’ils nous aient trouvés. Alors je vais te dire une chose.
-Il y a une solution ! Il y en a toujours une !
-Je t’aime Lyra. Je ne t’oublierai jamais.
-Moi aussi, maman… C’est pour ça que je veux que tu te caches.
Je pleurais pour de bon. Allais-je donc les perdre tous ? Pourquoi ? Qui étaient donc ces choses ? Une exclamation retentit. Puis deux autres. Et tout s’enchaîna très vite. Beaucoup trop.
Le hurlement de ma mère déchira mes oreilles et résonna douloureusement dans le cabinet. Et puis il y eut mon cri.
-Maman !
Le gémissement de ma mère se prolongea secoué de petit cri comme si on la torturait.
-MAMAN !!
Un long son aigu se fit entendre. On avait coupé l’appel. J’entendis un pas derrière moi. Je me retournai aussi vite que possible et vis le mannequin s’animer. D’une voix pleine de colère je dis :
-C’est vous qui avez tué ma mère ? Ou l’un de vos conjoints ?
-Non, jeune fille désespérée…fit une voix rauque mais qui fut autrefois joyeuse et chaleureuse. J’ai moi-même été pris dans ce piège élaboré. Oui, toute ma famille fut décimée. Et je ne pus rien faire qu’écouter. Oui, sa longue agonie qui continue de me hanter.
-Qui êtes-vous ?
Il s’approcha de moi à une vitesse hallucinante qui fit faire un bon de peur à mon cœur. Son doigt ganté essuya délicatement une larme qui restait coincée dans mon œil.
-Je suis Lord. Lord Kill. Mille ans que je suis ici. Et jamais je n’ai vieilli.
-Ma famille… je l’ai perdue.
-Et tu ne la reverras plus. Sauf si tu sors vainqueur de ce château.
-Comment faire ? Il est maléfique. Et si je ne m’étais pas risquée ici, mes parents et mon frère seraient encore en vie !
-Accepte que je sois ton compagnon. Et je t’aiderai à vaincre ce « Château ».
Il tendit sa main encore empoussiérée. Devais-je lui faire confiance ?
-Je n’ai plus rien à perdre, lançai-je.
Et ma main serra fort celle du gentleman. Oui, maintenant, je ne pouvais que gagner !

Autrice : l’étoile bleue d’un matin brumeux…, sous le pseudo « l’étoile bleue d’un matin brumeux… »

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