La porte d’obsidienne se referma dans un lourd grincement. Je m’écroulai, essoufflée. Matthieu…c’était sa voix, j’en était sûre. Il était donc…mort ? Mais comment m’aurait-il parlé…comment ? Je savais bien qu’il n’aurait jamais dû entrer dans ce château, et maintenant, je m’y trouvait, en danger, peut-être.
Je restai au sol pendant de longues minutes. Puis, je me relevai, empli d’une certitude, d’un espoir nouveau. Si nous avions communiqué, c’est donc qu’il existait, quelque part. Je devais le retrouver.
Enfin, je regardais autour de moi. Je me trouvais dans un long couloir s’enfonçant dans la terre en pente douce. Il était éclairé par des lustres, accroché au plafond à intervalle régulier. Sur chaque mur, des tableaux représentaient des scènes. A première vue, cette pièce paraissait moins dangereuse que la précédente. Je m’avançai, un peu rassurée, observant autour de moi.
Mon regard se fixa sur le premier tableau. Mes yeux s’agrandirent quand je vu ce qu’il représentait et plus encore quand le scène s’anima. C’était mon village, que j’avais quitté trois jours plus tôt pour m’enfoncer dans la forêt. Je vis les enfants jouer sur la place, le soir qui tombait, le poissonnier, apostrophant les passants, l’antiquaire fermant boutique, le vieux Gilles, passant en maugréant contre les gamins qui le bousculaient. Une vague de nostalgie m’envahit. J’eus toutes les peines du monde à détacher mes yeux de l’image du village où j’avais passé mon enfance.
Après plus de trente secondes d’efforts, je réussi enfin à me remettre en mouvement.
Je fis à peine quelques pas que mon regard fut attiré par un autre tableau, à ma droite cette fois ci. Il représentait une…ma salle de classe. Mme Marie interrogeant Lucie, à propos d’une leçon datant d’un mois, sur les…dryades. Lucie se mit à rougir, elle n’avait pas appris sa leçon, je m’en souviens. Je vis Stella, à côté de moi, en train de chahuter. Qu’est ce que nous nous amusions bien ce jour là…
Une sensation étrange s’empara de moi. Plus je regardai la scène, plus je me sentais attirée, j’avais l’impression de me détacher de mon corps. Comme si, je…mon âme s’éloignait, s’emprisonnait dans le tableau et que mon corps restait dans la pièce. Attirée comme un aimant, ma main toucha le tableau et le traversa. Je ne voyais même plus mon coude ! Mais plus je m’enfonçai dans le tableau, plus je ressentais une brûlure dans ma tête. Bientôt elle devint insoutenable et je parvins à me détacher qu’au prix de l’impression de me séparer de mon âme. Je fus projetée au sol. Mon bras me brûlait horriblement. La douleur me paralysait. Quand je pus observer mon bras, je fus stupéfaite. Il était aussi rouge que le feu. Je mis des dizaines de minutes rejoindre la petite porte du fond du couloir, luttant à chaque instant le douleur qui envahissait peu à peu mon cerveau. Dans un dernier effort, je tournait la poignée et sombrait dans le néant.