Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ LA MORT A FRÔLÉ MICA ET OÙ JE ME SOUVIENS
LA PIÈCE OÙ LA MORT A FRÔLÉ MICA ET OÙ JE ME SOUVIENS

LA PIÈCE OÙ LA MORT A FRÔLÉ MICA ET OÙ JE ME SOUVIENS

Où suis-je ? Pourquoi je suis ici ? Couchée par terre, je ne me souviens de rien… et puis d’un coup, la mémoire me revient, pas juste la mémoire que j’ai depuis que je suis dans ce château, non toute la mémoire depuis ma naissance. Je me souviens de tout, TOUT !!
***
Je suis sortie de la pièce en traînant Mica et je me suis évanouie. Le message écrit sur la porte me reste en mémoire. Onze y sont entrés, seul un en est ressorti. Qu’est-ce-que ça veut dire exactement ? C’est pourtant simple, onze personnes sont entrées dans cette pièce, une en est ressortie, donc les autres sont… mortes ou… rien, il n’y a pas d’autre solution !
Mais, mais… non, c’est impossible, nous sommes deux à être ressortis : Mica et moi. Serait-il possible que… non. Il est là couché à côté de moi, il ne bouge pas. La peur me ronge et les larmes me montent aux yeux. Mais est-ce qu’il respire, oh mon Dieu, dîtes-moi que oui……. IL RESPIRE !
HOURRA !
J’en suis là de mes constatations lorsque quelque chose attire mon regard, c’est la porte ou plutôt ce qu’il y a écrit dessus. Je ne vois d’abord qu’une grosse tâche rouge toute floue puis je m’essuie les yeux et je distingue enfin ce qu’il y a d’écrit, ce que je voulais voir écrit : onze y sont entrés, deux en sont ressortis.
On était pourtant bien comptés tout les deux la première fois que j’avais lu cette inscription car le « onze »est resté, cela veut donc dire que Mica ne devait pas s’en sortir, ce qui veut dire aussi que j’ai le pouvoir de changer certaines choses… enfin je crois… mais seulement quand je suis complètement désespérée et que je ne vois pas d’autres solutions. Je devrais m’en réjouir mais je n’ai pas pu sauver les neufs personnes qui sont elles aussi rentrés dans cette maudite pièce. Je m’en veux et j’ai bien conscience que c’est purement et simplement égoïste de n’avoir sauvé que Mica mais pourtant… je n’y peux absolument rien !
***
Je repense à mon histoire, la vraie…enfin l’autre aussi est vraie mais celle du commencement, le début de ma vie, mon origine :
Tout avait commencé un jour de mai 1572, le jour où je suis née, un jour mauvais, un jour où un nuage noir menaçant en forme de loup flottait au dessus de notre village. Les habitants ont vu dans ce signe, un avertissement. J’étais maudite à jamais et plus personne ne m’adresserait la parole pour autre chose que de me lancer des injures, plus personne sauf…mes parents.
Tous les habitants désertèrent le village. Bientôt il ne restait plus que ma mère, Fleur, mon père, Garin et moi dans mon berceau qui pleurait comme un petit diable parce que j’avais soif, une petite fille insouciante ne se doutant pas que son destin serait …disons, un peu perturbé.
Le problème arriva lors de mes huit ans, nous vivons toujours seuls dans notre petit village très très calme. Nous étions restés, car les seules fois où nous nous étions aventurés plus loin, nous avions été chassés à jets de pierre et de tomates (et les tomates, on ne dirait pas comme ça mais ça fait mal, très mal, je m’en était pris une en pleine tête et j’avais senti la douleur pendant quatre jours), la deuxième fois les habitants du village voisin avaient même osé proposer à mes parents de m’abandonner pour vivre plus tranquillement, ceux-ci avaient bien évidemment ignoré cette proposition qui ne méritait même pas de réponse tellement c’était impensable. Oh que je les aimais mes parents !
À mes huit ans donc, notre univers paisible fut complètement chamboulé lorsqu’un monsieur Brotichkoli débarqua chez nous, c’était la première visite depuis un bon bout de temps (exactement 8 ans). Cet homme était très élégant mais il n’avait pas des habits normaux, c’était bizarre, il était bizarre…on aurait dit qu’il venait d’une autre époque… on aurait dit qu’il venait du…du futur. Ce n’était pas un voyageur errant, non, loin de là, il savait qui il cherchait, où il était et qui nous étions, il venait pour nous, pour moi…
Et la proposition qu’il nous fit me sidéra et confirma mes doutes :
– Voulez-vous venir avec moi dans le futur ?
Ma mère resta bouche bée tandis que mon père s’exclama : – Quoi, quoi…quoi ? En même temps que je criai : – Non !
L’ homme s’attendait sans aucun doute à cette réaction car il souriait en nous regardant d’un air moqueur, il resta un moment silencieux avant de nous expliquer :
– Je viens du futur, je vous cherchais car j’ai besoin de vous. Vous travaillerez pour moi, en échange je vous offrirai une maison et un travail.
Mes parents ne pouvaient pas espérer mieux, ils avaient seulement besoin de se remettre du choc.
Mon père répondit :
– Nous allons réfléchir. La nuit porte conseil.
– Vous avez bien raison, surtout prenez la bonne décision !
M. Brotichkoli s’installa dans une des maisons abandonnées environnantes, ce n’était pas ça qui manquait par ici.
Il fallait que je réfléchisse. Certes j’étais la cause du plus grand bonheur de mes parents mais aussi celle de leur tristesse bien qu’il ne l’ai jamais montré, je le savais. Ils avaient toujours rêvé de voyager mais ils n’avaient pas pu car à cause de moi les gens les rejetaient partout où ils allaient, vu que j’étais « maudite ». Alors un voyage dans le futur, ils n’allaient pas refuser, je leur devais bien ça. Ma décision était prise. Même si je ne faisais pas confiance à ce monsieur louche, je faisais confiance à mes parents alors si ils acceptaient, j’accepterais.
En effet c’est ce qu’il firent, Brotchikoli l’avait prévu, il n’était pas venu pour rien.
Il ouvrit un portail bleuté entre nos deux époques et nous nous engouffrèrent dedans après une petite seconde d’hésitation. Nous débouchèrent dans une forêt. Je n’arrivais pas à y croire, nous étions dans le futur ! Waouh ! pensais-je. Malgré tout j’étais légèrement déçue, c’était pareil, rien n’avait changé, loin de la ville et des immeubles, je ne pouvais me douter que la réalité était toute autre.
Nous marchions depuis un temps qui me semblai énormément long quand enfin l’homme s’exclama ravi comme un enfant qui vient d’ouvrir son cadeau de Noël :
– Bienvenue chez moi ! Et voici MON château ! Le château des cent milles pièces.
Je remarqua qu’il avait bien accentué le « mon ».
Puis je le découvrit, le château, son château. Soudain quelque chose attira mon attention, par une des fenêtres du château, je crus distinguer une ombre, une ombre qui m’intimait de la main de partir. Je n’y fis pas attention, je crus que c’était la fatigue…
Il nous indiqua notre maison, hors de l’enceinte de l’imposant bâtiment. Il retint mon père pour qu’il puisse lui présenter ses locaux et sur quoi il travaillerait et nous quitta, ce dernier sur ses talons pendant que nous allions découvrir notre nouvelle demeure. Elle était en pierre, très jolie et semblait avoir été construite en même temps que le château. Je ne revis plus jamais mon père, il ne revint pas, il était prisonnier et travaillait pour cet odieux personnage qui nous avait trahi. Je le détestait de tout mon cœur, celui-là.
Ce fut la nuit suivante qu’il m’enlevèrent, cette nuit terrible où je vis pour la dernière fois de ma vie ma mère, les yeux blancs fixant le vide. Y a pas à dire, ils étaient doués pour les poisons ceux-là.
Je vécus jusqu’à mes quatorze ans sous surveillance de grosses bêtes poilues répugnantes puis ils me relâchèrent dans le château à errer pour trouver une sortie introuvable. Juste avant de me réveiller dans le hall, je me souviens avoir reçu une lettre de mon père qui disait :
Ma chère Fleur, ma chère Loue
J’aurais tant aimé vous voir une dernière fois avant de mourir, je sens que ma fin est proche, ce monsieur va me tuer, j’en suis absolument sûr. Mais j’ai construit une machine qui peut aller n’importe où ! Là où on lui demande, normalement je pourrais vous rejoindre sous peu, je peux y arriver, j’ai confiance, enfin j’espère. A bientôt.
Je vous aim
La lettre s’arrêtait là, le mot se finissait en trait comme si ça main avait glisser. C’était la fin.
Je vis une inscription, en bas de la feuille, une écriture rouge (sûrement pas celle de mon père) qui disait Vive le château.

Autrice : Mià, sous le pseudo « Mià »

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