Miss Lovegood as Miss Lovegood
Cette pièce fut très particulière. Elle était plongée dans le noir et nous ne distinguions rien, sinon l’obscurité. Mes amis et moi cherchèrent quelques instants un bouton pour allumer une lampe, mais nous n’en trouvâmes aucun. Cette pièce devait être particulièrement grande, car aucun de nous quatre ne toucha un mur ou un quelconque meuble. Il semblait que nous étions arrivés dans un gigantesque espace vide. Brusquement, alors que je commençai à trouver le temps long, une étoile surgit dans le noir, juste au-dessus de la tête de Caliorynthe. Nous la regardâmes tous, puis Om eut une idée.
-Il faudrait essayer de la décrocher pour qu’on puisse nous en servir comme une lampe. Ainsi, on pourra explorer cette sombre pièce jusqu’à ce qu’on trouve la porte suivante.
-C’est une bonne idée, approuva Caliorynthe, mais c’est assez étranger de décrocher une étoile… tu sais comment faire ? Doit-on la prendre dans nos mains ?
-Tu peux essayer, répondit Om, on verra ce que ça donne.
Caliorynthe se mit donc sur la pointe des pieds et essaya d’attraper l’étoile du bout des doigts. Malheureusement, elle était trop petite. Om prit sa place, mais ne parvint pas non plus à toucher cette fameuse étoile. Puisque je possédais la capacité de voler, je m’élevai dans les airs pour aller décrocher l’étoile. Celle-ci était très haute, mais je réussis tout de même à l’atteindre. Ne sachant que faire, je continuai de voltiger et l’étoile me passa au travers du corps, comme si je l’avais avalée. Ce fit une drôle de sensation. Ma fumée était plus chaude qu’habituellement et je ressentis un petit picotement qui parcourut mon corps entier. Je fis encore quelques mètres en volant, puis regardai derrière moi. L’étoile avait disparu ! Où était-elle passée ? Je baissai les yeux et la vis. Enfin, ce n’est pas tout à fait cela. Elle était entrée en moi. Ma fumée étincelait et on voyait la petite étoile au milieu de mon corps vaporeux. Je décidai donc de redescendre pour retrouver mes amis. Comme je possédais une étoile, j’éclairai moi-même mon propre chemin. A ce moment-là, je vis que Caliorynthe, Om et Ara avaient également une étoile en eux. Puisqu’ils possédaient tous les trois un corps solide et opaque, nous ne pouvions pas véritablement voir leurs étoiles, mais un halo de lumière les entourait.
-Lorsque tu t’es envolé pour décrocher ton étoile, d’autres ont surgi de l’obscurité, m’expliqua Om. Elles étaient beaucoup plus basses cette fois, et on a pu les attraper. Curieusement, à l’instant où nos doigts sont entrés en contact avec elles, elles se sont engouffrées en nous.
-Il m’est arrivé exactement la même chose, répondis-je, et maintenant qu’on a trouvé une source de lumière, on peut peut-être essayer de trouver la porte suivante ?
Caliorynthe acquiesça. Nous errâmes, dans l’espoir de trouver une sortie. Marcher avec une étoile en soi fut une expérience très singulière. Curieusement, cela me donnait envie de voler. Mes pieds quittèrent donc le sol et je voltigeais à quelques mètres du sol, tout en suivant mes amis. Caliorynthe semblait vouloir s’envoler, elle-aussi, car elle sautillait au lieu de marcher. L’étoile d’Ara s’était séparée en huit, et ainsi chacune de ses pattes était éclairée. Quant à Om, sa démarche avait un côté aérien.
Nous parvînmes enfin à trouver une porte, après une bonne demi-heure de marche. Om actionna la poignée, mais la porte resta fermée. Caliorynthe essaya à son tour, sans succès. Je tentai alors, en vain. La porte devait être verrouillée.
-Peut-être qu’elle ne s’ouvre que si on retire les étoiles, suggéra Om
-Tu as certainement raison, dis-je, mais je ne vois pas trop comment on peut les enlever.
Nous restâmes silencieux un instant ; chacun réfléchissant à la façon dont nous pourrions retirer les étoiles. Il nous avait suffi de les effleurer pour qu’elles entrent en nous, alors il fallait peut-être les toucher à nouveau, et ensuite étendre le bras pour qu’elles s’échappent. Je fis part de cette théorie à Caliorynthe, Om et Ara, qui approuvèrent. Je posai donc ma main sur mon ventre, là où reposait l’étoile, puis, lorsque mes doigts furent illuminés, je les retirai de mon ventre et les agitai devant moi. L’étoile se sépara d’eux et reprit sa place dans le ciel obscur. Caliorynthe, Om et Ara firent de même, et bientôt, quatre étoiles brillèrent dans le firmament. Nous les contemplâmes quelques instants, puis ouvrîmes la porte suivante, reposés, légers et heureux.