Etincelle de Feu as Etincelle de Feu
Je sortais de LA PIECE DE L’ARBRE GEANT OU COMMENT JE ME FIS DES MUSCLES épuisée mais pleine d’une sagesse nouvelle. L’entraînement physique que je m’étais fait subir, alors que je n’en avais pas besoin pour sortir de la pièce, m’avait été profitable et je me considérais à présent comme une véritable combattante, magicienne plus ou moins expérimentée et habile au maniement de l’épée (ou bien était-ce l’épée qui était habile elle-même, mais le résultat était le même.). Les seules pratiques qui me faisaient réellement défaut, en fait, c’était le maniement de l’arc (je n’avais jamais réussi correctement à viser), pourtant en bois léger, et des poignards. Tout cela pour dire que lorsque que j’arrivais dans la pièce suivante, l’occasion me parut idéale.
Il y avait du lilas… partout.
Je n’entends pas par là que des branches de lilas poussaient d’un grand arbre au centre de la pièce comme dans la précédente ; non, il y avait DU lilas. Des grappes violettes, blanches, claires et foncées, qui flottaient dans l’air accompagnées de quelques feuilles d’un vert éclatant. Et les grappes magnifiques bougeaient, rependant dans leur sillage un parfum enivrant. Malheureusement (et heureusement pour mon arc), elles étaient à une hauteur appréciable, variant de deux à six mètres de hauteur. Et si certaines semblaient valser à un rythme lent et régulier, comme une balade dans un jardin, d’autres filaient à une vitesse folle, zigzaguaient avec habileté, et ne semblaient pas vouloir se laisser tomber si facilement.
Évidemment, il n’y avait pas de portes. Le Château avait conscience de mes faiblesses et pourquoi s’empêcherait-il de les exploiter ?
Je compris qu’il fallait recueillir toutes ces splendides grappes douées de magie pour que la porte s’offre à moi, et j’avais vérifié que ce n’était pas un piège comme la dernière fois.
Poussant un soupir, je me mis en position.
L’heure qui suivit fut proprement épuisante. Je n’étais pas patiente, c’était même plutôt l’inverse, et devoir m’y prendre à deux fois pour en toucher une lente, sans pour autant la faire tomber d’ailleurs, m’agaçai profondément. Il fallait que je progresse, oui, mais pourquoi me fatiguais-je si vite ? J’étais musclée après tout !
C’est alors que ce que je pouvais tirer de bénéfique de cette maudite pièce m’apparut. J’allais progresser, oui, mais surtout apprendre à ne pas abandonner, à continuer, prolonger les efforts coûte que coûte !
Pendant quatre heures d’affilées environ, je tirai en faisant à chaque fois non pas de mon mieux, mais mieux que mieux -là était toute la différence. Faire de son mieux ne suffisait pas. Lorsque la dernière grappe tomba sur le sol, détachée de son enchantement à la quatrième tentative, je pris une fleur de chaque couleur et les glissai dans ma sacoche avec satisfaction. Mon tir à l’arc n’était pas parfait, certes, j’avais besoin de pratiquer longtemps avant de maîtriser cette discipline, mais je n’étais plus aussi malhabile et une boule de fierté me remplissait entièrement.
A l’endroit où reposaient le fruit de mes efforts, le lilas embaumait, et un coup de vent invisible sembla les repousser en cercle autour d’un trou.
Je sautai dedans, emplie de joie et de courage.