L’ accordéonniste des Marquises as L’ accordéonniste des Marquises
Kælyn
La pièce était toute petite, avec des murs nus peints en noir. Il n’y avait aucune porte, mise à part celle par laquelle j’étais entrée. Au centre, un tabouret, avec à côté une mystérieuse paire de lunettes noires.
J’avais le choix entre retourner dans le couloir infini ou m’asseoir sur le tabouret et mettre les lunettes, espérant qu’il se passe quelque chose. C’est ce que je fis. Je ne voyais rien, car les lunettes étaient opaques. J’allais les enlever lorsqu’une voix venue de nulle part dit :
-Ne retire surtout pas ces lunettes. Elle te permettront de voir.
Je lui répondis:
-Qui êtes vous ? Et que suis-je sensée voir ?
– Peut importe qui je suis, calme toi jeune fille, il ne va rien t’arriver, tu va juste apprendre à voir les yeux fermés. Fais le vide dans ton esprit, et ne cherche pas à voir avec tes yeux, mais avec tout tes autres sens.
– D’accord.
-Expire à fond, et sens le Grand regard affluer. Il est en toi depuis le début, mais tu ignorais son existence. Tu dois le découvrir et l’apprivoiser. Le Grand regard est le troisième angle du Triangle de la Vie. Tu connais déjà les deux autres : le corps et l’esprit. Lorsque les trois seront maîtrisés, tu seras une Maïká (venant du mot « savante »en grec : « akadi_maïká ) et tu seras prête à affronter les périples du Château des 100 000 pièces, et ouverte à l’Apprentissage .
Je le sentais se dévoiler peu à peu. Mon Grand regard. Jusqu’à ce qu’il soit là, éclatant de lumière, au fin fond de moi même. Et je vis. Différemment qu’avec les yeux, je voyais… chaque chose comme si… je faisais parti d’elles. Je voyais la forêt du bois du tabouret, la mer venant carresser le sable du béton des murs… j’étais liée à toutes les choses par ce fil invisible, le Grand regard.
-Toutes les choses sont liées entre elles, et sont dépendantes les unes des autres. C’est le grand Équilibre. Le fait que le triangle de la vie soit équilatéral. Tu es prête, tu es une Maïká.
Je senti alors une traînée chaude se répandre le long de ma jambe droite, puis pénétrer dans ma chair. C’était étrange mais je n’avais pas peur. J’avais trouvé mon Grand regard.
-Ceci est un tatouage Maïká. Nous en portont toutes, mais il est propre à notre personnalité. C’est un cadeau. Tu peux garder les lunettes.
-Merci et Au revoir. Répondis-je.
Je retirait mes lunettes. Un tatouage bleu sintillait sur ma jambe, orné de mystérieuse inscription.
Une seconde porte était apparu. Sans hésiter, je saisis la poignée. Je me rememorais les paroles de la femme : tu as encore beaucoup à apprendre, et tu iras loin. Fis toi à tes doutes et le goût de la vis deviens volatile. Je tournais la poignée.