Écume de Rêve as Écume de Rêve
Soudain, tout disparaît, et je me retrouve plongé dans le noir. J’essaie de ne pas paniquer, c’est difficile: le noir est opaque, mes poumons sont compressés, la chaleur est étouffante, tellement étouffante que j’ai l’impression de brûler de l’interrieur. J »essaie de respirer mais je n’y arrive pas. Ma bouche s’ouvre et se ferme inutilement. Je lutte de toutes mes forces contre la somnolence qui s’empare de moi, mais je glisse peu à peu dans l’inconscience. Alors que je m’apprête à abandonner, j’aperçois un raie de lumière. Je m’y dirige tant bien que mal. Tandis que je pousse ce qui me semble être une porte, mes dernières forces m’abandonnent.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi, à la frontière de la vie et la mort, mais quand je reprends mes esprits, l’obscurité a laissé place à de la lumière. Je cherche sa source, en vain. J’essaie de me relever: mes jambes vascillent, mais tiennent le choc. J’en profite pour observer ce qui m’entoure: je suis sous une immense voûte dont je ne vois pas la fin. Les murs sont en pierre, comme le sol. Je m’aperçois alors que la lumière vient d’un lac de lave sous mes pieds. Je suis sur une passerelle de trois mètre de large environ. Tout au bout, une porte. Je me retourne pour savoir par où je suis entré, mais je ne voix qu’un mur de pierres, sans rien qui fasse penser à un passage secret: je ne peux qu’avancer.
Mes pas résonnent sur la pierre, et l’écho se répercute sur les parois de la voûte, donnant l’impression qu’une foule de personne marche à mes côtés. Alors que j’arrive au milieu, une partie de la passerelle s’écroule et manque de m’emporter. Je me rattrape au bord de justesse. Pendant que je me hisse sur la passerelle, je sens comme une force maléfique me tirer vers la lave. Mes mains glissent sur le rebord. J’appelle à l’aide, mais seul l’écho de ma voix me répond. Tout d’un coup, la force maléfique qui me retenait disparaît. J’arrive enfin à remonter. Mais je ne peux plus passer.
J’entends alors un murmure caverneux. Puis deux. Puis trois. J’ai l’impression qu’une multitude de voix qui viennent de toutes les directions prononcent des mots intelligibles à mon oreille. Le murmure s’emplifie peu à peu, jusqu’à devenir assourdissant. Je perçois quelques mots qui reviennent souvent comme « l’élu » ou encore « l’épreuve ». Ces mots accentuent mon angoisse. Mais, aussi soudainement qu’elles étaient apparues, les voix disparurent et le calme revint. Le calme avant la tempête.
La lave se met à bouillonner, et des nuages de vapeurs toxiques se forment à sa surface. Une main inhumaine sort de lave, puis un bras, puis un géant recouvert d’écailles couleur lave se hisse sans effort sur la passerelle. Seul le gouffre formé par l’éboulement de la passerelle nous sépare. Ce monstre est la plus horrible des créatures que je n’ai jamais croisée dans ma vie. Ses yeux jaunes ne sont que deux fentes rétrécies par la haine, et ses pupilles sont deux losanges d’un noir d’encre. Son dos et ses bras sont recouverts de longues épines qui pourraient transpercer n’importe quelle armure. Ses mains et ses pieds se terminent par de longues griffes, et deux énormes canines lui sortent de la bouche. Je ne suis pas né pour affronter ce genre de créature.
Le monstre pose ses yeux sur moi, et un frisson de peur me parcourt. À ma grande surprise, il prononce mon nom:
-Éden. Cela fait longtemps que je t’attends. Je vais enfin pouvoir me venger de
ce que tu m’as fait subire.
Ce que je lui ai fait subir? De quoi parle-t-il?
-Je ne comprends pas. Qui êtes-vous?
-Tu ne me reconnaît pas? Je suis Ator. Ton frère.
Mon frère! Ça c’est la meilleur!!! Cette créature immonde, mon frère!? Jamais de la vie!!!
-Je n’ai pas de frère, je suis orphelin.
-Je vois. Tu n’es au courant de rien. Mieux vaut tard que jamais pour
l’apprendre. Tu es le fils du Dieu Pharos, le Dieu du feu. Et par la même
occasion, mon frère. Lorsque tu es venu au monde, notre père était si
émerveillé que tu ais une forme humaine, qu’il te nomma son héritier à ma
place. Par ta faute, je ne peux régner. Mais je ne m’avouais pas vaincu: je ne
pouvais pas te faire disparaître -tu étais sous bonne surveillance- mais je
pouvais t’éloigner au maximum. J’ordonnais alors que l’on te fasse adopter par
une famille de paysans pauvres qui habitaient à l’autre bout du royaume. Je
pensais que cela suffirai. Mais quand notre père a appris que tu avais disparut,
sa colère fut terrible et il décréta que personne ne lui succèderai, tant qu’il ne
t’aurait pas retrouvé mort ou vif. Et soudain te voilà devant mes yeux! Mais ne
t’inquiètes pas, je ferai en sorte que père te retrouve….. Mort!
Encore sous le choc de cette révélation, je ne vis pas le coup venir. Mon frère -comme il se disait être- fit un geste de la main, et je me retrouvais projeté violemment au sol. Tandis que je peinnais à me relever,je me demandais en quoi j’étais responsable dans cette histoire. Je sentis la colère m’envahir. Une colère tellement grande que j’avais du mal à la contenir en moi. Cette colère tordait mes entrailles et bouillonnait comme la lave sous mes pieds.
Soudain, cette colère se déversa hors de moi sous la forme d’une immense onde de choc. Je n’eus le temps que de voir la voûte s’effondrer sur mon frère, puis une lumière blanche m’aveugla et je me sentis tomber, tomber, tomber sans jamais que cela s’arrête. Alors j’entendis une voix cristalline et claire:
« Tu seras l’élu, celui qui triomphera de l’épreuve, Maître d’un pouvoir que tu ne soupçonnes plus, de ton courage tu devras faire la preuve. »