The constellation of the black cat as The constellation of the black cat
Nous arrivâmes ruisselantes d’eau salée dans une pièce aux murs de pierre, au fond de laquelle trônait un superbe miroir encastré dans le sol, au cadre de marbre ouvragé. Je me séchai grâce à un sortilège de base, presque machinalement, avant de me tourner vers Ysa qui regardait autour d’elle d’un air émerveillé. C’était compréhensible, elle n’avait vu que la mer durant deux siècles.
– Ysa ? Je vais te créer une bulle d’eau, ne bouges pas, lui dis-je.
Je me concentrai, puis dit d’une voix forte : « Laguz Naudhi Ysa ! » Le corps d’Ysa se mit à briller puis une couche d’eau de plus en plus large commença à l’englober jusqu’à former une bulle ovale qui recouvrait entièrement la sirène. La bulle s’éleva de quelques centimètres au-dessus du sol et Ysa s’exclama, ébahie :
– Comment as-tu fait ça ?
Malgré la bulle d’eau, je pouvais entendre très distinctement ce qu’elle disait. Je répondis :
– Simplement toute une vie d’apprentissage de la magie.
Elle poussa un sifflement admiratif, et j’ajoutai :
– Pour te déplacer, fait comme si tu nageais, et si tout se passe bien la bulle avancera avec toi.
Ysa effectua quelques mouvements avec sa nageoire et, comme prévu, elle avança. Elle s’arrêta devant moi et demanda d’une voix un peu plus timide :
– Ces… Ces ailes… D’où viennent-elles ?
– En parcourant le monde, j’ai découvert beaucoup de trésors. Ces ailes sont celles de la reine Neïma, une grande mage guerrière qui les fit sceller et cacher dans son château après sa mort pour que seule une personne de son sang puisse les porter.
– Tu veux dire que tu es une descendante de la grande Neïma ?
– A vrai dire, je ne le savais pas avant d’avoir trouvé cet héritage. Bon, maintenant il serait peut-être temps d’explorer cette pièce, je dois dire que ce miroir m’intrigue.
Je m’approchai donc du miroir et remarquai que des noms étaient gravés sur son cadre : Terre, Gwendalavir, AnkNor, Narnia, Fausse Arcadie, Monde Emergé, Pays Imaginaire, Manréha… Et au-dessus du miroir trônait une roue sans aucune inscription. Intriguée, j’effleurai le nom « Manréha », mon monde d’origine. Aussitôt, le miroir ne refléta plus mon image mais Manréha telle que je l’avais quittée : j’étais dans la capitale, et j’apercevais au loin la forêt de l’Ouest. Je voyais le palais royal, des Elfes et des Humains qui marchaient entre les étals des marchands qui haranguaient la foule. Puis le paysage changea et le miroir me montra les montagnes des Korrigans avec la Cité des Elfes qui se dressait sur une des montagnes. Je remarquai que des noms étaient apparus sur la roue. En ce moment, la flèche était arrêtée sur « Âge d’Or ». Je tournai la roue pour que la flèche désigne le nom « La Sanglante » et l’image paisible que reflétait le miroir changea brusquement : une plaine brûlée, dévastée, au centre de laquelle se déroulait une bataille sanglante entre des bêtes monstrueuses et des Hommes. Ysa, qui jusque-là m’observait sans rien dire, murmura :
– C’est donc ça que nous réserve l’avenir ?
– Tu penses que…
– Oui. Ce miroir nous montre différents mondes, leur passé, leur présent et leur avenir.
Comme pour donner un exemple, la sirène toucha le mot « AnkNor ». Le miroir montra un combat inégal entre des hommes et des bêtes immenses toutes de plaques et d’épines, des chiens énormes et rouges, et toutes sortes d’animaux tous plus terrifiants les uns que les autres. On voyait aussi en arrière-plan une cité magnifique de fleurs gigantesques qui contrastait grandement avec la bataille qui faisait rage à ses pieds. Puis Ysa tourna la roue pour qu’elle n’indique plus « Chute des anciens » mais « Âge des Bâtisseurs » et le miroir montra la même cité de fleurs en construction avec des Hommes joyeux qui circulaient entre les fleurs.
– Ainsi il existe plusieurs mondes parallèles, murmurais-je, songeuse.
– On dirait bien, oui, répondit Ysa.
Nous continuâmes ainsi à observer les différents mondes jusqu’à ce que je déclare qu’il était temps de partir.