The constellation of the black cat as The constellation of the black cat
J’y suis. Le Château des cent mille pièces se dresse devant moi, imposant amas informe de pierres, de tours, de fenêtres et de sculptures. Et moi, Wenna, aventurière et chasseuse de trésors émérite, vais en tenter l’exploration. On m’a dit « N’y vas pas, c’est trop dangereux, personne n’en est encore ressorti ! » Mais à vrai dire je ne cherche pas vraiment à en ressortir. J’ai exploré la moindre fissure de ce monde et à vingt-sept ans j’ai vu plus que mille habitants d’Egondrell réunis. J’ai tout exploré, tout sauf le mystérieux Château des cent mille pièces. Alors je veux bien finir ma vie ici. Je n’ai rien à me rattacher en ce monde, aucun amour, aucune famille, aucun toit, pas même un chien. On dit que le Château contient autant de merveilles que deux terres réunies, et que personnes ne l’a exploré en entier, et même que certaines de ses pièces n’ont jamais connu d’êtres vivants. Moi je le ferais. Je verrais toutes les pièces du Château, et puis si j’y parviens je reviendrais à Egondrell écrire mes aventures. Ensuite, je mourrais. Je ne cherche pas la richesse, je veux simplement rester dans les mémoires comme celle qui aura tout exploré, tout vu, tout appris. Et si je ne sors pas d’ici vivante, eh bien tant pis !
Un vieillard vient vers moi pour me demander si je veux entrer. Je lui réponds que oui, et il s’approche de la roue qui permet de soulever la lourde grille qui barre l’entrée. Intriguée, je me demande comment ce frêle vieillard peut parvenir à porter un portail de plusieurs tonnes, mais il commence à tourner la roue sans aucun effort pour que la grille se soulève. « Allez-y, entrez pauvre folle ! » Me jette-t-il. J’obéis, et à peine fus-je entrée que la grille se referme dans mon dos dans un bruit de tonnerre.
Ca y est.
Mon exploration a commencé.
Je me trouvais dans une cour assez spacieuse, avec un sol de terre battue et des marchands qui hurlaient à tue-tête en vantant les mérites de leur marchandise. Des enfants se couraient après en riant et quelques animaux se promenaient par-ci par-là. En passant devant les étalages, je remarquai que les vendeurs avaient tous les mines moroses et résignées des condamnés que j’avais vus dans les bagnes d’Ondrör. Qui étaient-ils ? D’anciens explorateurs, qui n’avaient pas réussi à entrer dans le château ? Je frissonnai à cette idée : et si en effet les explorateurs étaient sélectionnés à leur arrivée au château ? Et si certains ne pouvaient pas entrer et devaient rester ici, à vendre du poisson tout en regrettant d’être partis de chez eux ? Je chassai cette idée de ma tête et allai acheter quelques provisions en plus, ainsi qu’un arc, des flèches et un troisième poignard. Puis je me dirigeai vers l’entrée du Château des cent mille pièces.