Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA  Π IÈCE MATH&MATHIQUE
LA Π IÈCE MATH&MATHIQUE

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LA Π IÈCE MATH&MATHIQUE

Miss Lovegood as Miss Lovegood

La première chose que je remarquai en entrant dans cette nouvelle pièce fut son papier-peint. Au lieu d’être unicolore comme la plupart des recouvrements pour mur, il était parsemé de petits symboles étranges. A force de les regarder, ils finissaient par me donner mal à la tête. Je m’approchai pour les observer de plus près, et pour comprendre leur signification. C’était en fait des symboles mathématiques, des formules, des nombres, des calculs…
L’envie de faire des mathématiques était tellement forte que je me dirigeai immédiatement vers la sortie. Mais visiblement, la pièce avait l’air de m’apprécier et ne voulait pas que je parte immédiatement, car la porte était fermée à clef. Une petite devinette apparut sur la porte (quelle originalité ! Je ne m’en doutais pas du tout !)
« 5+8×2 »
Je relus plusieurs fois ce calcul. Les cours de mathématiques que suivaient Amélie n’étaient que des très vagues souvenirs et je ne parvenais pas à me rappeler comment on effectuait ce calcul très compliqué. Je réfléchis quelques minutes, puis, déclarant que cela ne rentrait pas dans mes capacités, je cherchais un moyen plus simple de sortir d’ici. Voyons voyons… cela me fait penser à quelque chose ! J’ai complètement oublié de vous décrire la pièce. A vrai dire, ce n’est pas particulièrement intéressant : l’endroit ressemblait beaucoup à une salle de classe ; des bureaux pour enfants, un plus grand sans doute réservé au professeur et un tableau à craie. Je m’assis sur une chaise, et triturais mes doigts, pour m’occuper. Quelle pièce ennuyante ! Je regardai alors le miroir que m’avait offert La Vieille Dame, mais je n’y vis que les ténèbres. Caliorynthe avait sûrement rangé le sien au fond de son sac. Je me levai de nouveau et inspectai le bureau du professeur pour tenter de dénicher un objet permettant de quitter cet endroit banal et ennuyant. Soudain, une voix retentit derrière moi. Je me retournais vivement.
-Il y a quelqu’un ? demandai-je
Personne. La pièce était vide. D’où venaient ces voix ? Je m’approchai de ma chaise, intrigué. Quelqu’un se cachait dans le bois du siège ? Cela me paraissait fort étrange. A ce moment-là, j’entendis mon nom résonner dans cette pièce mathématique.
-Esprit est sûrement mort maintenant…
Caliorynthe ! Caliorynthe, Caliorynthe ! Sa voix sortait du miroir de La Vieille Dame. Je le pris dans mes mains pour écouter ce que disaient mes amis, qui semblaient croire que ma vie s’était arrêtée. S’ils savaient que j’étais toujours là, bien vivant ! Je criai dans le miroir, mais visiblement, ils ne m’entendaient pas. Bien sûr, cette glace ne fonctionnait pas dans ce sens, ma voix ne leur parvenait pas. Je sautai sur place, incapable de me calmer ; cette fichue erreur de communication m’empêchait de leur parler, m’empêchait de leur faire un petit signe de vie et m’empêchait de les rejoindre. J’avais tellement envie de leur expliquer où j’étais ! A cause de ce stupide problème, je ne pourrais peut-être pas les retrouver, et cela me condamnait à rester et à continuer l’aventure seul. Je les entendais toujours parler, ce qui fit augmenter mon énervement, et, trop en colère, je jetai par terre le petit miroir. Il se fracassa en mille, morceaux.
Je préfère ne pas écrire le petit juron qui sortit de ma bouche à ce moment-là. Je me précipitai et ramassai tous les éclats de verre brisés. Je ne pourrai jamais les recoller, à mon avis le miroir avait perdu son pouvoir à tout jamais. Je ne possédais de toute façon pas de sac ou autres pour pouvoir les ranger, et les tenir tous dans mes mains était totalement impossible. Je dus donc me résoudre à les laisser par terre et à trouver un moyen pour sortir de cette pièce. Oui ! Je venais de trouver une idée, enfin ! Je pris plusieurs chaises, les empilai pour qu’elles atteignent le plafond, attrapai la grande règle ainsi que son amie l’équerre, escaladai les sièges, et… tombai par terre. (Je dois avouer que j’ai longuement hésité avant de marquer cette dernière proposition, car j’ai un peu honte de m’être écroulé, ce n’est pas très classe.) Tel un chevalier fort et fier, je me relevai et gravis ces monts rocheux jusqu’à atteindre le palais de ma dulcinée. Bon, d’accord, j’exagère légèrement. Reprenons. Tel un esprit blanc et vaporeux, je me relevai et montai sur les sièges jusqu’à atteindre le plafond pas solide de la salle de maths. La plaque en carton qui constituait le plafond de la pièce se souleva immédiatement et je pus sortir sans encombre. Ma bouche esquissa un petit sourire. Finalement, les cours de maths m’avaient tout de même servi pour m’évader de cette pièce, car, pendant que les professeurs récitaient leurs cours ambigus, j’observais toujours ces plafonds absolument pas solides. Très content d’être enfin sorti, je notais dans un petit coin de ma tête que, lorsque cette aventure dans le château sera terminée, il serait assez utile de prendre de cours des mathématiques.

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