Ewen as Ewen
Un éclair blanc. Ce fut la seconde chose qui me marqua dans ma quatrième pièce (la première chose fut l’armée de barbares agglutinée derrière moi). Le foudroiement balaya mes ennemis d’un seul coup, et ils repartirent dans leur salle d’origine sans discuter, reconnaissant silencieusement la supériorité et la puissance de la personne qui les avait chassés. Le soucis était réglé, j’étais apparemment en sécurité.
La pièce était blanche. Et ma description pourrait se résumer à cet unique détail s’il n’y avait pas cet homme, debout sur une sorte d’estrade – blanche – et tenant un baton – blanc – de sa main gauche. Il avait une longue barbe et des sourcils broussailleux, et semblait vieux, mais le fil du temps ne paraissait pas avoir d’emprise sur lui. C’était comme s’il était né comme il l’était maintenant. Sa vieillesse ne se rapportait donc pas à son âge, qui devait sûrement être impressionnant, mais à la puissance et à l’importance qu’il dégageait. Ses mouvements étaient calmes et sereins. C’était un homme fait pour occuper un rôle important.
J’hésitais à l’approcher. Il me regardait – un regard clair et paisible. Me ferait-il du mal ? Etait-il du mauvais côté ? (Si toutefois je pouvais me considérer du « bon » côté.) Quoique il ne m’aurait pas sauver des barbares s’il n’était pas avec moi… Finalement, après de longues et immobiles minutes, il fit le premier pas. Il descendit silencieusement les marches blanches de l’estrade et s’avança vers moi.
-Bonjour, noble et courageux voyageur. Ne prenez pas la peine de répondre, contenter vous simplement d’écouter. Je suis Anak’rai, Gardien et Intendant du Maître. Mon rôle ici est simple, le Maître me place dans une pièce en attendant un aventurier. Si, lorsqu’il arrive, je le vois en danger de mort, je suis chargé de le sauver. Les Gardiens ont des pouvoirs que le Maître leur confère. Je peux, par exemple, en levant simplement ma main, repousser une vague de 40 barbares armés et assoiffés de sang. C’est ce que j’ai fais il y a quelques minutes déjà. Une fois que vous serez parti, mon Maître me rappellera et m’enverra dans une nouvelle pièce. Et je n’aurais qu’à attendre un nouvel aventurier, ce qui peut durer un jour, une semaine ou plusieurs centaines d’années. Bien, avez vous des questions ?
-Euh… , dis-je, troublé, une seule, pourquoi me dites-vous tout ceci ?
-Mon Maître aime informer les gens qui parcourent sa demeure. Je suis tenu de le faire, et j’obéis toujours aux ordres. Autre chose ?
-Oui, je voudrais vous remercier. Sans vous, j’étais mort, à l’heure qu’il est. J’ai vraiment eu de la chance de tomber sur cette pièce.
-La chance n’y est pour rien, noble voyageur. Tout est prévu, dans ce Château. Vous mourrez quand le Maître le décidera, mais s’il veut vous laisser en vie, les portes vous mèneront vers des pièces plus sûres. Des Gardiens, dans ce Château, sont chargés de tuer des aventuriers. Ce n’est pas mon rôle, heureusement pour vous. Maintenant, sortez, il n’y a rien à voir et à faire, ici. Nous nous rencontrerons peut-être un autre jour, dans une autre pièce.
J’obéis, et me dirigeai vers une petite porte rouge, qui venait de se matérialiser, sous mes yeux ébahis. En poussant la porte, je ne pus m’empêcher de jeter un regard en arrière.
Anak’rai me sourit. Et puis, soudain, je réalisai, sans vraiment savoir pourquoi, que, ce Gardien, je le reverrai.