Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE AUX SOMPTUEUX LUSTRES
LA PIÈCE AUX SOMPTUEUX LUSTRES

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LA PIÈCE AUX SOMPTUEUX LUSTRES

Miss Lovegood as Miss Lovegood

Fort heureusement, la chute ne fut pas particulièrement longue. J’atterri le premier, sur une surface très dure et peu agréable et Caliorynthe me tomba dessus.
Après cet atterrissage particulièrement doux, nous découvrîmes cette nouvelle pièce. Malgré l’absence de fenêtre, la vaste salle était très lumineuse, éclairée par plusieurs lustres luxueux, suspendus au plafond haut. Les tables rondes (nous avions d’ailleurs atterri sur l’une d’entre elles) étaient protégées par une petite nappe blanche, et possédaient elles-aussi des chandeliers en or. Une jolie tapisserie aux motifs délicats recouvrait les murs. Les meubles sculptés et richement décorés laissaient Om béat d’admiration.
-Époustouflant, dit-il. Je n’ai jamais visité une aussi belle pièce. Même le couvert est déjà mis !
En effet, les verres à pied, sur lesquels se reflétaient les bougies des lustres, et les couverts, en or également, avaient été préparés à l’avance. Je m’approchai d’une table et m’assieds sur un fauteuil très confortable et Caliorynthe s’installa en face de moi. Je triturai mon couteau et ma fourchette tout en gesticulant sur mon fauteuil : malheureusement, nous n’avions rien à manger. Je reportai alors mon attention sur Caliorynthe : elle était en train de dévorer une énorme coupe de glace aux fruits.
-D’où provient cette nourriture ? lui demandai-je avec étonnement, je n’ai vu aucun serveur l’apporter.
-Elle est apparue comme par magie, m’expliqua-t-elle, je pensais à une bonne coupe de glace, et, pof, elle s’est matérialisée dans mon assiette ! Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais en tout cas, elle est délicieuse !
Je voulus tenter l’expérience moi aussi. Qu’est-ce qui pourrait me faire plaisir ? De l’eau. Nous n’avions pas bu une seule depuis si longtemps ! Aussitôt, mon verre se remplit d’une eau bien fraiche. Un rôti de dinde me traversa l’esprit : je n’en avais pas mangé depuis mon arrivée dans le Château. Mon souhait s’accomplit immédiatement et je pus déguster ce succulent rôti -qui était meilleur que celui que préparait la mère d’Amélie si je puis me permettre. Je regardai mes compagnons d’aventure : Caliorynthe avait demandé une coupe de glace supplémentaire, Om des courgettes farcies et Ara une assiette de spaghettis.
Aucun de nous ne remarqua que les lustres vibraient et tremblaient. Aucun de nous n’entendit les faibles chuchotements derrière notre dos. Aucun de nous ne se rendit compte que la porte s’était ouverte, et que des hommes recouverts de capes s’étaient engouffrés dans la pièce.
Ils s’approchèrent doucement de notre table, mais l’un d’entre eux éternua. Nous nous retournâmes tous les quatre en même temps. Les hommes nous sautèrent dessus (je vous assure, ils firent un gigantesque bond et atterrirent en plein milieu de notre table, écrasant au passage nos délicieux plats.) Caliorynthe sortit son fabuleux petit poignard et en élimina quelques-uns. Soudain, un des hommes m’attrapa par le bras, et me cacha sous sa cape. Je ne vis plus rien, mis à part le noir de son manteau. Je sentis quelques secousses puis le calme revint. Lorsque je pus de nouveau contempler le jour, j’étais dans une autre pièce, beaucoup plus petite que la précédente. Les hommes en cape étaient assis en cercle autour de moi. Caliorynthe ? Om ? Ara ? Où étaient-ils passés ? Une sueur froide inonda tout mon corps.
-Où sont mes amis ? demandai-je
-Ils sont restés là-bas. La fille était trop forte pour nous : une vraie guerrière, agile et rusée ! Elle a tué trois membres de la troupe. L’Ombre possédait une baguette, c’est impossible pour nous de combatte un magicien. Et puis, on se doutait bien que ce n’était pas l’araignée qui possédait les perles.
-Vous voulez les perles de vie ?
-Exactement. Tu les as ?
J’éclatai de rire.
-Hélas, mes chers amis, vous arrivez bien trop tard ! Nous avons rencontré le Dominateur juste avant vous, et nous lui avons déjà donné les fameuses perles !
Le monsieur se tut et me dévisagea longuement. De toute évidence, il ne me croyait pas sur parole.
-J’ai bien réfléchi et il est hors de question que je te laisse t’échapper. Je préfère dons vous emmener tous les quatre chez le Dominateur. Si vous dites la vérité, vous serez relâchés immédiatement, en revanche, si vous mentez, nous vous infligerons une punition dont vous vous souviendrez longtemps. En revanche, pour attraper tes petits compères, on va avoir besoin de ton aide.
-Je refuse de vous obéir.
-Écoute, on sait qui tu es. On possède un appareil, chez notre Maître qui permet de détruire les esprits. Alors, tu préfères mourir ou nous obéir et livrer ta chère amie ?
-Pourquoi ne pas emmener que moi ?
-Le sac est resté avec eux ; si les perles sont dedans, de quoi aura-t-on l’air devant le Maître ? Bon, ta décision est prise ? demanda-t-il
-Que dois-je faire ? demandai-je, sans répondre véritablement à la question posée
-Tu vas écrire une lettre dans laquelle tu racontes que tu es très content d’être ici et que nous sommes très gentils. Et, bien sûr, tu les inciteras à te rejoindre. Et, hop, c’est réglé !
Va chercher du papier, et dépêche-toi ! ordonna-t-il à un des hommes
Je regardais attentivement le personnage debout devant moi. Il semblait être le chef de la troupe des « hommes en cape ». C’était lui qui m’avait emprisonné dans son manteau et emmené ici. C’était également lui qui dirigeait les opérations, décidait de mon sort, et donnait les ordres. J’avais très envie d’en savoir plus sur cette mystérieuse association, qui était sûrement liée au Dominateur.
L’homme revint donc avec du papier à lettres et un crayon. Il me les donna, puis repartit immédiatement. Le supposé chef commença à me dicter le texte :
-Écrit exactement ce que je te demande : «Chers, à la ligne, je suis très content d’être arrivé dans cette formidable pièce ! Les hommes à capuche sont d’une immense gentillesse avec moi. Nous nous amusons et rions beaucoup. J’espère que vous viendrez me rejoindre ici : je suis très triste de me retrouver seul ! Cependant, j’ai découvert une nouvelle porte. Je vous donne une journée : si vous ne m’avez pas rejoint avant ce soir, j’irais dans la pièce suivante. À bientôt, j’espère ! »
-Tu signes et tu la mets dans cette enveloppe.
J’écrivais tout en cherchant un moyen qui leur permettrait de comprendre que cette lettre était un piège. Malheureusement, aucune idée ne me venait à l’esprit.
-Je marque aussi leurs noms ?
-Evidemment. Comment s’appellent-t-ils?
-Om, Ara et… Poussière d’étoiles, répondis-je
Je pliai la lettre en quatre, la mise dans l’enveloppe puis la donnai au chef. Celui-ci appela un des hommes en cape qui, après avoir reçu les ordres de son supérieur, partit immédiatement.
-Lettre envoyée !
Commença alors une longue attente. J’étais plutôt fier de moi : j’avais tout de même réussi à indiquer dans ma lettre que ce lieu n’était qu’un piège. Mais allaient-ils comprendre pourquoi j’avais marqué Poussière d’étoiles et non son vrai nom, Caliorynthe ? Il se pouvait très bien qu’ils ne remarquent même pas ! Contrairement à ce que je disais dans la lettre, ce lieu ne possédait pas grand-chose pour s’amuser et s’occuper. Je tournai en rond, comptais les secondes qui défilaient ou imaginais d’autres pièces pour passer le temps. Les hommes en cape ne s’occupaient absolument pas de moi. A un moment, ils partirent tous et me laissèrent seul dans la pièce (après avoir bien sûr pris le temps de verrouiller les deux portes.) Enfin, le chef revint et me demanda si mes amis étaient venus.
-Non. Mais de toute façon, ils n’auraient pas pu entrer puisque les portes sont fermées à clef.
-Uniquement de l’intérieur. Nous ne sommes pas aussi idiots. De toute façon, c’est trop tard maintenant. Ils auraient dû être arrivés depuis bien longtemps. Je suis persuadé que cela est entièrement de ta faute.
-Vous avez relu ma lettre plusieurs fois ; vous savez qu’elle ne contenait rien de plus que ce que vous avez demandé.
-Discuter est inutile. Nous t’avions prévenu pourtant : tu savais quelle serait la sentence s’il advenait le moindre problème.
J’ouvris la bouche pour parlementer, quand un homme m’attrapa et me glissa dans sa cape. Je me débattis, criai, griffai tout ce que je pouvais et battis des pieds, mais cela était totalement inutile. Aucun son ne parvint à sortir de la bouche et mes mouvements, visiblement, ne dérangeaient absolument pas mon agresseur. Je songeai alors que ces capes possédaient sûrement des capacités anormales, comme immobiliser la personne prisonnière ou la rendre muette.
-Direction, le Dominateur, s’exclama le chef, je suis de sacrée bonne humeur, cela faisait si longtemps que nous n’avions pas utilisé la machine !
Pendant le trajet, je pensai à tous mes plans tombés à l’eau : retrouver Amélie. Rencontrer Emérence. Et, grâce à elle, vaincre enfin le Château. Sortir d’ici. Retourner chez moi, dans ma petite maison. Et Caliorynthe, Om et Ara ? Où étaient-ils passés ? Durant tout ce temps, ils avaient peut-être exploré une nouvelle pièce. Avaient-ils vraiment compris mon message ? D’ailleurs, je ne savais même pas comment l’homme avait réussi à leur donner la lettre.
-On est arrivés ! cria le monsieur qui me portait
J’ouvris brusquement les yeux, la voix de mon transporteur m’avait réveillé. (Les capes sont un moyen de locomotion fort agréable, je dois dire.) L’homme ouvrit alors son manteau et me laissa sortir. Je restai bouche bée devant un tel spectacle.
-C’est ici, la maison du Dominateur ?
-En effet ! s’exclama le chef
A ce moment-là, Amélie, Emérence, Caliorynthe, Om et Ara m’étaient complètement sortis de la tête. Je ne pensai même plus à cette machine terrifiante, ma peur s’était envolée et j’étais impatient et curieux de découvrir l’antre du Dominateur.

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