Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE PIXELISÉE
LA PIÈCE PIXELISÉE

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LA PIÈCE PIXELISÉE

La Miss Zoé as La Miss Zoé

A peine m’étais-je engouffrée dans cette pièce par un salto dont je m’ignorais les capacités qu’une musique répétitive y résonna. Le son était monté au volume maximum et me donnait déjà une terrible migraine. Elle semblait tout droit sorti d’un jeu vidéo comme… Comme ce sosie de Zelda qui se trouvait juste devant moi. L’uniforme vert, les oreilles pointues, l’épée à la main, tout y était. Je décidai de m’éclipser avant qu’il ne m’aperçoive mais apparemment en avait-il voulu autrement. Il bondit brusquement en l’air avant de retomber à quatre pattes en me menaçant de son arme. Ouh là, tout doux !
Euh… Salut… ?
Il ne répondit pas tout de suite mais rangea son épée dans son étui, se remit debout et me tendit la main en me souriant. Evitant les conflits, je lui serra la main que lui secoua avec entrain. Tout d’un coup, il s’écria à moi :
Allez, on va attaquer de gros monstres youpiii !
Attendez une seconde, c’est quoi cette histoire ? Il était hors de question que je me mesure à de gros monstres alors que je tentais déjà avec beaucoup de mal d’éviter les ennuis… Mais Zelda n’était pas de cet avis. Il se glissa derrière moi et essaya de me pousser jusqu’à la porte sur laquelle était inscrit : « ATTENTION VOUS ENTREZ ICI A VOS RISQUES ET PERILS ». Je ne voulais pas froisser ce pauvre lutin vert, mais je refusais catégoriquement de perdre la vie pour son amitié ! Aussi m’enfuyais-je le plus vite possible. Il avait l’air désolé mais ne tenta pas de me rattraper. Je continuai de courir, le regard tourné vers l’arrière, vers Zelda qui disparaissait de plus en plus de ma vue. Tout d’un coup, je me heurtai à une sorte de gros bloc. Mon nez criait douleur, lui qui avait été tordu sous le choc et en relevant la tête, j’appris que ce n’était pas un simple mur. Un énorme singe gros et poilu se dressait devant moi, l’air sévère. Donkey Kong se trouvait devant moi, de mieux en mieux. Je secouai faiblement la main, ce qui le fit simplement hurler à pleins poumons. Mes tympans étaient désormais en miettes. Mario apparut à mon côté et attaqua le singe en face de nous avec des boules de feu qui sortaient de ses mains, après avoir avalé une fleur toute ronde et toute orange. Quelle histoire… Je les laissais se battre en duel et pour rigoler, j’avalais un champignon qui se dressait devant moi avec sa petite tête toute kawai… Gloups ! Je me sentis brusquement grandir de plusieurs centimètres et en sautant, je pouvais désormais atteindre les blocs jaunes contenant des pièces sur ma route. Ce que ça pouvait être amusant d’être Mario (ou en l’occurrence, Luigi) ! Mais sauver des princesses, non merci. Lorsque je vis justement celle-ci qui me faisait des signes, enlevée par l’autre personnage Bowser, j’arrêtai tout de suite mon jeu de rôle. Sauver des princesses en danger des griffes de monstres pas si sympathiques était bon pour les autres, pas pour moi. Alors que je m’éloignais de cette Peach en pleurs, je faillis me faire renverser par un dinosaure tout vert dans un petit kart. Quel jeu de fous !
En passant sous une arcade, l’univers dans lequel j’apparus aussitôt après était tout carré, tout coloré. Le monde était fait de blocs installés les uns à côté des autres. Certains joueurs avaient construit des bâtiments souterrains, des piscines dont l’eau était trop parfaitement lisse, des îles dans les nuages ou des wagons qui suivaient une route toute droite. Je visitais ce nouvel endroit avec ma légendaire curiosité mais au bout d’un moment, ma tête se mit à tourner. Bien que j’adorais particulièrement suivre les routes souterraines, toute cette perfection, cette logique, ces angles droits me donnaient horriblement mal à la tête. Il me fallait sortir d’ici vite ! Avoir un but précis mais ridicule comme sauver des princesses n’était pas à ma convenance mais je m’ennuyais de construire des bâtiments avec une multitude de blocs de même taille… Je m’installai à bord du wagon et le laissa me conduire tout au bout de la route… Celle-ci se terminait par un beau looping qui m’éjecta du wagon et je tombai tombai tombai pour atterrir sur un sol tout noir sur lequel était tracé aléatoirement quelques lignes bleues. Je me trouvais dans un monde en 3D où même le sol se confondait avec le plafond tout aussi sombre. Alors que je contemplais les lignes bleues et essayais de comprendre leur représentation, une boule toute jaune qui ouvrait et fermait la bouche à toute vitesse s’approcha de moi. Pacman ! Je m’enfuis mais ma vitesse était limité et quelle impression désagréable de ne pas pouvoir courir à son plaisir…! J’étais coursée par un monstre — à sa façon — et je fatiguais de plus en plus vite. Ma vitesse était limitée et un pacman qui ne s’épuisait jamais tentait de me manger. Une cerise apparut soudainement devant moi et en la mangeant, je stoppai le jeu. Je repris bruyamment ma respiration et je fus surprise en voyant que j’étais habillée d’un costume étrange bleu en forme de fantôme avec de gros yeux noirs. Impossible d’enlever ce stupide costume mais peu importait car à présent, le temps s’animait de nouveau et j’étais encore en danger. Le pacman réduisait le terrain sur lequel seulement je pouvais avancer. Je tournai presque en rond et il pouvait à tout moment me manger… Tout d’un coup, il s’approcha d’un de mes alliés, l’avala et il disparut dans un nuage de pixels. Je ne voulais pas disparaître ainsi ! Coincée dans un jeu vidéo dans un costume bien ridicule ! Mais mes déplacements étaient désormais bien plus limités, les fruits aux super pouvoirs n’apparaissaient plus aussi vite et mon adversaire s’avançait de plus en plus vers moi… J’aurai bien voulu me défendre encore un moment, mais mon territoire était à présent si restreint que je ne pouvais faire que des tours sur moi-même. Et ce pacman qui s’avançait, encore et encore…
Tout d’un coup, alors que j’étais immobile, écrasée entre deux murs, le pacman me mangea. Enfin, j’imagine. Je le vis juste devant moi, ouvrir son énorme bouche qu’il referma sur moi. Une douleur lancinante traversa alors ma jambe. Mon adversaire ne s’occupait plus de moi à présent, mais la souffrance était horrible. Je criais là, une jambe intacte mais affreusement douloureuse lorsque je découvris avec stupeur que mon corps commençait à disparaître dans un nuage de pixels. Oh non, j’allais mourir c’était certain, j’aurai disparu du Château à jamais et de tous les autres endroits au monde, on ne me retrouverait jamais plus ! La douleur s’estompa lorsque ma jambe aussi disparut mais je n’étais pas prête à mourir. Je préférais de loin souffrir un long moment plutôt que de mourir ainsi tuée par un vulgaire pacman jaune… Les pixels atteignirent bientôt mon torse puis soudain, ma vision s’assombrit. Le trou noir.

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