Miss Lovegood as Miss Lovegood
Nous formions désormais un véritable petit groupe, composé de Poussière d’étoiles, Ara l’araignée, Om l’ombre et moi. Nous transportions toujours le journal de Poussière, le miroir, la dague et la baguette magique d’un sorcier.
Cette nouvelle pièce était en fait une grotte. Ses murs étaient décorés par de vieilles peintures représentant des chevaux, des mammouths et des vaches. La composition de la pièce était assez rudimentaire, un lit de paille, quelques planches de bois en guise de table, et des restes de braises d’un feu désormais éteint.
-Si certaines pièces du château sont très modernes, d’autres n’ont jamais évolué depuis la création de l’édifice. Il existe parfois des peuples non civilisés, qui savent à peine parler, expliqua Om.
Comme pour illustrer ses paroles, un homme entra au même moment dans la grotte. Vêtu d’une tunique en peau de bête, s’appuyant sur un bâton de bois et possédant une longue barbe épaisse, touffue, mal peignée tout comme ses cheveux, il ressemblait à ces hommes préhistoriques que l’on voyait dans certains magazines. Je dois avouer qu’il me fit un peu peur au début. Je craignais qu’il ne soit violent et pas très amical, mais ce fut tout le contraire. Même s’il ne parlait pas notre langue, il nous accueillit avec un grand sourire. Il appuya sur la tête de Poussière -peut-être pensait-il qu’elle était un ressort -quoique, je ne vois pas trop la ressemblance- et s’amusa à passer sa main à travers Om et moi. À chaque fois, cela le faisait rire. Et d’un rire… il barytonait, c’est-à-dire qu’il poussait de grands rugissements d’une voix grave, et ces fameux rugissements résonnaient sur les parois de la grotte. Oui, barytonait est le mot exact, je pense, et je n’en ai pas trouvé de meilleur jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais bon, revenons à notre monsieur (et à la pièce en elle-même que nous avons un peu mis de côté.)
Donc, après avoir fait les présentations, il nous invita à manger et à boire. Personnellement, j’ai trouvé la viande délicieuse, mais je crois qu’elle n’a pas trop plu à Poussière. Elle l’avalait au ralenti et ses yeux exprimaient une expression de dégoût et de répugnance. Mais bon, cela n’a grande importance, passons.
Après ce (délicieux) repas, l’homme sortit de la grotte. Nous échangeâmes un regard, tous les trois (Ara étant occupée à terminer nos os (oui, j’ai oublié de préciser tout à l’heure que nous n’avions pas d’assiette.) Le monsieur revint ensuite, avec plusieurs épées ainsi que deux fusils dans les mains.
Om, qui ne cessait d’observer l’homme préhistorique depuis son arrivée, nous expliqua rapidement :
-Il arrive parfois que des époques se chevauchent et on se retrouve avec des mélanges…
Je décidai de bien regarder ce monsieur -on voit rarement des hommes préhistoriques tenant des fusils et des armes de chevaliers sous son bras.
D’un mouvement de tête accompagné de quelques grognements, le monsieur nous indiqua qu’il nous invitait à une partie de chasse en sa compagnie. Nous sortîmes donc de la grotte, qui était entourée par une étendue d’herbe d’environ dix mètres carré elle-même bordée par de hauts rochers.
-Mais… il n’y a pas d’animaux dans ce petit jardin ! s’exclama Poussière
Nous attendîmes quelque instant et il s’avéra que Poussière avait tort. Enfin tort… aucun mammouth n’avait apparu devant nous, mais il y avait tout de même un petit lapin qui avait surgi du sol. L’homme leva son fusil, et tira. Il s’avança ensuite vers lui, et le ramassa avec une telle indifférence que l’on aurait pu croire qu’il était en train de faire ses courses. Il nous adressa un petit sourire mais aucun de nous ne put lui répondre par autre chose qu’une grimace horrifiée. Il haussa les épaules, et reporta son attention sur le nouveau lapin qui venait de surgir. À ce moment-là, je me demandai pourquoi les lapins sortaient de terre. Ne pouvaient-ils pas deviner que leur balade à l’air libre servirait de repas à un homme ? Je réfléchis à cette question pendant une bonne dizaine de minutes, mais je ne vais pas vous détailler ma réflexion, ce n’est pas le plus intéressant (et puis nous n’arrivons jamais au bout de cette pièce à ce rythme-là.)
Nous retournâmes ensuite à la grotte. L’homme prépara le feu sans doute pour faire rôtir ses prises de tout à l’heure et je commençai à me demander où était la prochaine porte. Ce n’est pas que la vie préhistorique est ennuyante, simplement légèrement répétitive. (Manger, dormir, faire la chasse, manger, dormir, faire la chasse, manger…) Je repérai avec Poussière d’étoiles un trou dans les rochers dans lequel nous pourrions sans doute nous glisser, mais avant de partir, j’avais une petite question à poser à Om :
-Est-ce que nous allons recruter cet homme dans notre projet de résistance contre le Château ?
Il hésita un peu, puis me répondit d’un ton enjoué :
-Voyez-vous Esprit, je doute qu’il soit réellement nécessaire dans notre petit combat. Mais il pourra toujours servir de chasseur, et c’est pour cette raison que j’ai décidé de garder contact avec lui afin que nous puissions le rappeler si besoin.
-Et comment allez-vous le contacter ? demanda Poussière d’étoiles
-Je dois avouer que je n’ai pas encore étudié la question.
Nous prîmes un dernier repas en compagnie de l’homme préhistorique, et nous repartîmes juste après par la fissure dans la roche. L’homme nous offrit des peaux de bêtes et des os de lapin, ce qui ravit mon amie. (Inutile de préciser qu’elle les jeta discrètement dans le jardin.)
Ara entra la première dans la fissure, suivie par Om et Poussière d’étoiles. Le tunnel était peu profond et ne s’étendait sur quelques mètres seulement car je voyais une lumière vive au bout du ledit tunnel. Je regardai une dernière fois la pelouse. Un petit lapin apparu alors que l’homme commençait justement sa partie de chasse de l’après-midi. La pauvre bête renifla le sol et jeta un coup d’œil dans ma direction.
Je sortis ma baguette magique et la pointa sur lui. Le lapin disparu immédiatement dans un nuage de vapeur. Quel sort lui avais-je lancé juste avant de sortir de cette pièce ? Ça, je ne vous le dirai pas, mais je tiens à vous certifier qu’il était bénéfique pour la pauvre bête, qui, d’après ma réflexion de ce matin, ne méritait pas de mourir. Je souris en voyant les os restés dans le jardin, et entrai dans une nouvelle pièce.