Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU KETCHUP
LA PIÈCE DU KETCHUP

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LA PIÈCE DU KETCHUP

chocol@ as chocol@

Après un long voyage, j’arrivai en face d’un énorme château. Je poussai sa lourde porte. À peine entrée une multitude de diverses envies m’assaillirent, dont celle de me reposer IMMÉDIATEMENT. Je poussai la première porte que je vit (une porte rouge), dans l’espoir de trouver une chambre à coucher derrière elle.
Mais ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Je pénétrai dans une chambre aux murs peints d’un rouge étalé en de grosses couches qui donnaient un air poisseux, comme si on les avait enduits d’huile en grande quantité.

Je me rendit compte que ma fatigue avait soudainement disparu, remplacée par la curiosité de savoir ce que cachait cette chambre mystérieuse. Je commençai à l’explorer.

Des dizaines de tables longues s’alignaient contre les murs. Sur ces mêmes tables s’alignaient des flacons et bocaux de toutes les formes, tous remplis d’un gros liquide rouge sang. Alors que j’allais poser mon doigt dans un bocal, que je trouvai ouvert histoire d’examiner le liquide de plus près, j’entendis un bruit dans le fond de la chambre, comme un grincement… Tout à coup, une lumière s’alluma et je pût voir un homme de petite taille se levant d’un fauteuil.
Pour être étrange, il l’était bien. Sa peau était rouge claire (je me le demande bien pourquoi) et son corps avait une forme pour la plupart exceptionnelle : il était semblable à un des nombreux flacons posés sur les tables. Tout à coup, il me demanda :

« Qui êtes-vous? Que cherchez-vous ici?
– Je, euh…
– Alors? J’attends une réponse.
– Eh bien, j’ai beaucoup voyagé et finalement je suis arrivée épuisée devant votre château, espérant trouver un lieu de repos. Je suis entrée dans la première pièce que j’ai trouvée et, prise par ma curiosité, j’ai voulu explorer cette chambre mystérieuse et… Vous connaissez la suite. Mais ne… Ne vous en faites pas, je… Je n’ai pas voulu vous…
– M’offenser?
– Oui, c’est cela. Je… Je vous prie de m’excuser pour cette brutale irruption dans votre demeure.
– Ah bon? Mais sachez que si vous tenez à votre peau, vous ferriez mieux de partir.
– Mais que… Pourquoi? Je ne comprends pas! »

Le bonhomme me laissa dans le suspense. Il claqua des doigts et un miroir apparu, collé à un des murs.

« Regardez… Vous comprendrez mieux ainsi… »

Je me regardai dans le miroir. J’étais tout à fait normale, je pouvais le confirmer tellement j’avais examiné chaque petit détail de mon reflet. Quand tout à coup… Je vit ma peau qui commençait à rougir.
Je vit ma tête qui commençait à descendre : je rapetissais.
Je vit mon ventre, puis tout mon corps, qui commençait petit à petit à grossir.
Cette fois je sentis ma peau qui commençait à durcir.
Puis, après qu’une croûte dure comme le verre se fut formée autour de mon corps, je sentis mes pieds qui commençaient à se liquéfier. Apeurée par ce qui m’arrivait, je regardai l’homme. Il me dit, comme s’il avait lu dans mes pensées :

« Voici le sort que j’inflige à tous ceux qui osent mettre leur pied sur mon territoire. »

C’est alors que je compris ce qui m’arrivait. J’étais en train de me métamorphoser en un bocal rempli de ce mystérieux liquide qui couvrait les murs de la chambre et qui rendait les flacons pleins. Et tous les bocaux – à propos – étaient divers gens qui avaient, comme moi, posé leur pied sur le territoire de l’homme.
Alors qu’il ne me restait plus que ma tête (le reste de mon corps s’étant liquéfié), l’homme me dit :
« Vous êtes en train de vous transformer en un bocal rempli de ketchup. C’est ainsi que ça s’appelle. D’ailleurs, je suis le Sorcier du Ketchup. »

Et juste avant de me liquéfier complètement, je poussai un ultime cri. Un cri pour vous avertir…

N’ALLEZ JAMAIS AU CHÂTEAU DES 100 000 PIÈCES! OU ALORS, SI VOUS Y ALLEZ, NE PÉNÉTREZ JAMAIS LA PIÈCE À LA PORTE ROUGE OU BIEN IL VOUS ARRIVERA LE MÊME SORT QU’À MOI! VOUS NE LE VOUDRIEZ PAS…

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