Miss Lovegood as Miss Lovegood
J’entrai dans cette nouvelle pièce, suivie par Poussière d’étoiles, rayonnante de vie. Nous étions arrivés au bord de la mer. Le sable était brûlant mais les quelques personnes qui avançaient vers nous ne semblaient pas ressentir sa chaleur (alors que mon amie gesticulait et faisait des petits bonds pour le toucher le moins possible. Elle alla goûter l’eau, les pieds couverts d’ampoules.
-Aïe ! cria-t-elle, la mer est piquante !
À ce moment-là, un monsieur en short de bain se mit à rire :
-Enfin, tout le monde sait que la salive brûle ! À moins que vous ne veniez d’une autre partie.
Il marqua une pause, puis reprit en voyant mon regard inquisiteur :
-Vous ne parlez pas français ?
-Si si, répondis-je, je comprends sans problème, c’est juste que nous ne savons absolument pas où nous sommes.
-Et, pour information, l’eau ne pique pas, chez nous, compléta Poussière d’étoiles
-Vous venez d’où exactement ? demanda l’homme
-D’un château, dis-je, d’un château composé d’une multitude de pièces que nous explorons une à une.
-Vous…
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Une énorme secousse se fit ressentir, et une sirène d’alarme se déclencha. Tout le monde se précipita vers la paroi rocheuse, le plus loin possible de la mer. Un énorme monticule rouge et vert arriva à notre droite, flottant sur l’eau. Il passa devant nos yeux et disparu au lointain, à notre gauche. Je remarquai que le niveau de l’eau avait grandement diminué.
-C’était quoi ? demanda mon amie
-De la salade et des tomates que vient d’avaler Pierre. L’eau qui pique est de la salive.
-Nous sommes… dans un corps humain? questionnai-je
L’homme ne me répondit pas. Il s’était précipité vers un groupe de personnes ayant l’air d’avoir des petits problèmes.
-Comment on va faire pour sortir ? demanda Poussière d’étoiles
-Et bien, si on est près de la bouche, on devrait trouver des lèvres, puis une sortie.
Au même moment, la sirène d’alarme se remit en marche mais nous n’eûmes pas le temps de regagner la paroi rocheuse. Un énorme morceau de chocolat fonça sur nous et, au moment de la collision, nous envoya valdinguer en l’air. Nous fîmes un petit vol plané et atterrîmes sur un second morceau de chocolat. Je ressenti exactement la même sensation que lorsque nous avions effectué notre voyage à bord du bateau serpent. La plage avait disparue de notre vue et un courant nous emporta en avant.
-Une cascade ! cria Poussière d’étoiles
Le chocolat s’éleva à la verticale et glissa dans le tuyau. Je m’agrippais tant bien que mal et voyais l’eau piquante et menaçante à quelques millimètres de moi. Enfin, le chocolat rebondit dans l’eau bouillonnante. C’est à ce moment que je remarquai l’absence de mon amie.
-Esprit ? entendis-je, je suis sur le premier morceau de chocolat !
Je regardai devant moi : en effet, la minuscule silhouette de Poussière d’étoiles me faisait de grands signes des mains.
Nous avançâmes encore un peu, puis des bruits de machines retentirent. Le courant accéléra encore et nous entrâmes dans d’énormes cuves broyeuses. Je pris peur quand réalisai que les lames passaient à travers ma fumée. Poussière d’étoiles, par contre, sautait ou s’accroupissait pour les éviter, tout en hurlant. Le morceau de chocolat fut réduit en miette. En sortant de la cuve, nous étions assis sur un tas d’aliments broyés en mille morceaux. Le trajet continua quand le chemin se sépara en deux moitiés.
Le rythme ralentit car plusieurs personnes étaient chargées de trier les déchets et les vitamines. Poussière d’étoiles me tira en arrière.
-Viens, on va partir par-là, il y a une sortie.
Nous descendîmes du tas d’aliments et partîmes vers un autre tuyau. Dedans, un liquide rouge coulait très lentement. Du sang, sûrement. Un sous-marin émergea de l’eau et s’arrêta juste devant nous. Une vitre s’ouvrit et une personne nous demanda :
-Bonjour ! Vous vous allez à un endroit particulier ou simplement faire un petit voyage ?
-Euh… faire un petit voyage, répondis Poussière d’étoiles
La dame nous ouvrit la porte arrière et nous rentrâmes dans son sous-marin. Le voyage fut agréable, même si nous ne vîmes rien, le sang bouchant la vue. Le sous-marin avançait très lentement, mais la dame était extrêmement bavarde. Elle nous racontait sa vie ou nous expliquait où nous trouvions, dans quelle veine ou artère. Le vaisseau rentra dans le cœur et, à ce moment, la circulation devint plus dense.
-Nous entrons dans l’oreillette ! lança joyeusement notre guide
Le sous-marin sortit de l’eau et nous pûmes voir les milliers d’hommes habillés de rouge s’affairer autour de nous. Des vaisseaux nous doublaient et certains avaient même une légère ressemblance avec les ambulances. Enfin, notre sous-marin sortit de « l’autoroute » comme disait notre conductrice et reprit de la vitesse. Notre fameuse guide nous informa que nous allions arriver dans la zone d’échange avec les poumons. Le vaisseau s’arrêta sur un parking spécifique et nous sortîmes prendre l’air (au sens propre.) Notre conductrice ouvrit le coffre qui contenait des ballons jaunâtres. Elle en prit deux et les donna à un monsieur qui, visiblement, était là pour ça. Il les emmena dans un autre véhicule et apporta des ballons tout blancs, voir même brillants. Poussière d’étoiles aida notre guide et toutes les deux changèrent les ballons du coffre : les sales partaient dans l’autre voiture et les propres entraient dans notre coffre. A la fin, nous reprîmes place dans notre sous-marin et redémarrèrent. Le trajet fut plus long car nous nous arrêtions à chaque fois qu’il y avait une petite plateforme et un parking. Notre conductrice ouvrait sans cesse le coffre, donnait quelques ballons blancs et repartait. Enfin, lorsque notre coffre fut vide, nous reprîmes un rythme plus rapide, mais la circulation ralentit.
-Zut, des bouchons… il doit y avoir une hémorragie, pesta notre conductrice
Le véhicule accosta devant une plateforme où plusieurs hommes en gilet rouge discutaient vivement. Les portes s’ouvrirent et la dame sortit, ainsi que Poussière d’étoiles et moi.
-Regarde, me dit-elle, il y a un trou dans la peau ici. On pourrait peut-être s’échapper par-là ?
-Tu as raison, viens, personne ne nous regarde.
Mon amie se faufila entre les grandes jambes des messieurs en rouge, et nous arrivâmes devant le fameux trou noir. Autour, la chair semblait avoir été découpée.
Poussière d’étoiles sauta dans le vide et je fis de même.