Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU TEMPS
LA PIÈCE DU TEMPS

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LA PIÈCE DU TEMPS

A fleur de mot as A fleur de mot

Journal de bord de C.L., le 25 juillet.
J’observais longuement la porte. Petite, en bois, elle possédait une poignée pourvue d’une montre. Tremblant, je le poussais doucement. Quelles nouvelles péripéties ce simple geste allait il engendrer ? Je n’en savais rien. Ce château abritait beaucoup de pièces, toutes aussi extraordinaires les unes que les autres. Nous étions une cinquantaine d’aventuriers et avions entrepris de tout visiter. Lourde tâche ! Très vite, devant l’immensité de ce château, nous nous étions séparés pour aller plus vite.
A l’intérieur de la salle régnait une atmosphère pensante, lourde, presque insupportable, comme après un orage. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un mouvement de recul. Au milieu de la salle trônait un gigantesque sablier de verre. Il contenait une multitude de grains aux reflets dorés. De l’or ? Les grains s’écoulaient lentement par le trou situé au milieu du sablier. Pour l’instant, il en était environ à la moitié. Je fis un tour sur moi-même, observant cette nouvelle pièce. L’un des murs était entièrement recouvert d’horloges de toutes tailles, de tout âge. Des grosses horloges du XVIème siècle côtoyaient des radios réveils, des clepsydres, des montres et des pendules à coucou. Leurs tic tacs incessants formaient une joyeuse mélodie parfaitement accordée. Pendant quelques instants, je me laissais bercer et oubliais toutes mes peurs, mes interrogations. Je ne me souvenais plus de ce que je faisais ici. La musique formée par toutes ces horloges semblait ralentir le temps. Je n’avais plus envie de bouger. Je n’avais plus envie d’explorer. Je n’avais plus envie de rien. Je voulais juste rester là, à écouter les tic-tacs. Dans un énorme effort, je suis parvenue à m’arracher à cette transe. Je me suis vite éloignée des horloges et de leur musique maléfique.
Dans un coin de la pièce se trouvait une sorte de petite fusée. Je m’approchais. Une trappe permettait d’entrer à l’intérieur. C’est ce que je fis. Il y avait à ma droite un large tableau de bord, recouvert de boutons multicolores et surmonté d’un écran. Sur chaque bouton, une étiquette. Je lus distraitement quelques étiquettes. « Louis XIV», « Préhistoire », « Révolution française », « Epoque moderne »… A tout hasard, j’appuyais sur l’une d’elles. L’écran s’alluma et je vis apparaitre un grand et beau château, des dames habillés de dentelle et de jupons, et milles et unes autres merveilles. Pourtant, à cette époque-là, on ne pouvait pas filmer, non ? Etonné, j’ai avancé ma main vers l’écran. Aussitôt, je fus comme absorbée par cet écran. C’est une sensation assez difficile à décrire. Je manque de mots pour cela. C’était comme si j’étais aspiré dans un gigantesque tourbillon de lumière. Mes oreilles bourdonnaient, j’avais la gorge sèche. C’était… étrange. Soudain, mes pieds rentrèrent en contact avec le sol. J’étais serré dans un corset, emmitouflé dans une longue robe rose. Oh non ! Mais ce n’était pas cela le pire. Non. Le pire, c’était les gens autour de moi. Tous habillés en robe, vestons, collants, perruques, chaussures à talons, fanfreluches en tous genres…. Et le décor. Un grand château assez élégant. Je le reconnus tout de suite. Versailles. C’était sorti d’une autre époque, d’un autre temps. Une musique classique résonnait au loin. Probablement du Lully. J’avais remonté le temps. Aujourd’hui encore, c’est difficile à croire. Mais si, comme moi, vous avez déjà visité le château des Cent Mille Pièces, vous me croirez sans aucun doute. Paniquée, j’ai abordée une matrone en robe verte :
-C’est par où la sortie ?

Elle a désigné de son gros doigt une petite porte. Je me suis précipité vers cette sortie inespérée, manquant de trébucher dans ma longue robe de velours. J’ai saisi la poignée et l’ai poussée de toutes mes forces. La porte s’est ouverte. J’ai couru dans un long escalier tout en spirales et balustrades. Essoufflé, je me suis arrêté quelques minutes. Puis j’ai relevé la tête. Je me trouvais dans une longue galerie entièrement recouverte de miroirs. Je me voyais dans chaque miroir. Partout. Ma tête commença à me tourner. Puis le noir dans ma tête. Le noir complet. Je m’étais évanoui.

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