Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU POUVOIR
LA PIÈCE DU POUVOIR

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LA PIÈCE DU POUVOIR

Myosotis as Myosotis

Je pense que indirectement, rien que la poignée de la porte m’indiquait la nature de cette pièce. Elle était en ivoire, gravé de serpents qui s’enroulait gracieusement autour, aux yeux d’un vert surprenant, et je compris que plus tard qu’il s’agissait d’émeraudes pures.
Sur le coup, je n’ai simplement pas réfléchi et ai poussé la porte de bois qui émis un grincement qui me fit frissonner.
Ma première découverte aurait dut me surprendre, mais je suppose qu’une partie de moi se doutait que ce château n’avait rien de commun. Je ne m’attendais donc pas à découvrir une pièce en ruine en ouvrant cette porte.
Mais ce que j’y vis dépassa ma raison.
A peine y-fis je un pas que la porte se ferma derrière moi, et je n’eus pas besoin de retourner sur mes pas pour savoir qu’elle était verrouillée.
Je me trouvais dans ce qui ressemblais à une église: des bancs de bois tout simples s’alignaient de chaque côté de l’allée centrale en pierre froide, tous tournés vers une direction, vers un autel à l’autre bout de la salle.
Des colonnes de marbre gris soutenait une voute de plusieurs dizaines de mètres.
Une vague odeur d’encens un peu écœurante planait dans l’air.
Cela aurait put passer pour une simple église un peu vieillotte si il n’y avait pas eu tous ces… détails.
Il y avait du vent, bien que la pièce fut entièrement fermée. Les bancs de bois étaient maculés de sang séché. Et partout où portait mon regard, j’apercevais des serpents, gravés dans le bois, sculptés dans la pierre, sur les colonnes, le long de la nef, avec toujours ces mêmes yeux verts fait d’émeraudes brillantes. L’endroit était plongé dans un silence effrayant.
Un frisson remonta le long de mon dos, mais il n’était pas dut au froid glacial. Cet endroit me faisait peur. Très peur. Affreusement peur.
Un endroit taché de sang fait toujours peur.
Mais j’avançais, car je n’avais pas le choix. Désormais, je le savais, je devrais subir les caprices de ce manoir, quels qu’ils soient.

L’autel était pareil à celui de l’église où je priais tous les dimanche. Tout en profondeur, avec quatre marches à son extrémité et une porte dans le fond.
Un meuble de bois ancien recouvert d’un drap blanc y trônait. Il n’y avait rien d’autre que ce meuble. Mais sur ce meuble, il y avait un livre.
Je me dis que c’était un bien drôle d’endroit pour une bible. Je passais une main tremblante sur la couverture de cuir usé, elle aussi tachée de sang. Je pris tout mon courage pour ouvrir ce livre. Je savais que c’était la seule chose à faire.
Je n’aurais pas dut.
Quand le livre s’ouvrit, il ne se passa rien. Je jetais un œil sur les pages, mais elles étaient blanches. Je le fis défiler avec mon pouce pour trouver quelque chose, un morceau de journal, un texte, un dessin, n’importe quoi qui aurait put me prouver que quelqu’un était déjà venu ici. Rien. Ce livre était vide. Je le lâchais à peine quand il s’ouvrit lui-même à une page blanche. Des mots commencèrent à y apparaitre, dans une écriture ancienne penchée, toute en courbes et en déliés.
Tu n’es pas le bienvenu ici
Chaque pièce est une épreuve
A toi de voir
Si tu as le courage
Pour les réussir.
Celle-ci est effrayante non?
C’était mon idée.
Peu de personne on franchit le pas de la prochaine porte.
Tu n’as encore rien vu.
Que le spectacle commence…

A peine les mots s’effacèrent que j’entendis trois coups. Le début.
Il se passa alors quelque chose qui me fit faire des cauchemars pendant encore de longues années. Un sifflement jaillit, suivi par un autre, et encore un autre.
Je reculais lentement en observant le spectacle qui s’offrait à mes yeux: devant moi, les serpents de pierres se mouvaient, ondulaient sur la nef jusqu’à l’autel. La salle entière semblait bouger, animée par le mouvement de toutes ces créatures de pierres qui glissaient lentement jusqu’à moi. Ces milliers de petites émeraudes qui se rapprochaient. Je sentis alors une souffrante cuisante le long de ma jambes. Je fus trop stupéfait pour réagir, et je restait là, pantelant, à observer ce serpent de pierre s’immiscer dans ma peau et remonter en fouillant ma chaire en me faisait hurler de douleur. C’était le premier mais ce ne fus pas le seul. Horrifié, je regardais impuissant toutes ces créatures surnaturelles glisser sous ma peau, remonter mon corps, puis en ressortir en libérant des éclaboussures écarlates pour ensuite replonger dans mon corps. Je tombais à genoux de douleur.
Je fermais les yeux et me concentrais sur les mots écrits sur ce drôle de livre.
Le courage pour les réussir…
Chaque pièce est une épreuve…
Je compris à temps. Il était presque trop tard. C’était la force de l’esprit qui me permettrai de traverser cette pièce. J’arrivais à me persuader que tout ceci n’était qu’un rêve. Quand je rouvris les yeux, certes je saignait sur tout mon corps, mais la pièce était vide.
Le sang, l’autel, le livre, les serpents de pierre, tout avait disparu.

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