Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR GABI
LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR GABI

Warning: Trying to access array offset on null in /var/www/223829/site/wordpress/wp-content/themes/bravada/includes/loop.php on line 341

LA 500ÈME PIÈCE VUE PAR GABI

Gabi as Gabi

Je pousse une nouvelle porte et nous entrons dans la pièce suivante.
– Allons-bon, où est-ce qu’on a fini ? je m’interroge
La pièce a l’apparence d’une salle de bal, à la fois très ancienne et assez moderne. Elle est bien aménagée, avec douze fauteuils reposants tranquillement en cercle, une grande bibliothèque remplie de vieux livres et un magnifique buffet. De belles flammes virevoltent dans une cheminée, surmontée de tableaux.
C’est seulement à ce moment-là que je remarque quatre personnes, ou plutôt trois parce que l’un d’entre eux ressemble plus à un petit fantôme. Il y a une toute petite fille pas plus grande qu’une main avec des cheveux verts et une araignée sur l’épaule. À côté de moi, Leïla frissonne : elle doit avoir horreur des araignées… Je la comprends.
Les deux autres personnes sont des garçons, l’un plutôt normal, brun, l’autre un peu plus…étrange. Il est trapu, avec une barbe, un gros casque et une hache. Je souris. Je n’ai jamais vu de nain auparavant.
– Qui êtes-vous ? je demande
– Des explorateurs du Château. répond le nain. Vous aussi je suppose ?
– Oui. Je m’appelle Gabi et voici Leïla.
– Moi c’est Le petit grand nain et mon compagnon se nomme Un gars.
– Moi je m’appelle Poussière, et elle c’est Esprit. dit-elle en désignant le fantôme
Nous commençons à discuter sur nos récentes aventures jusqu’au moment où une autre arrivante débarqua de derrière un tableau. Elle avait l’air légèrement plus jeune que moi. Elle se présente tout de suite sous le nom de Sara et nous repartons dans une conversation sur le Château.
– Tout de même. lance-t-elle. C’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit !
– Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! dit Esprit
Nous observons la pièce.
– C’est vrai ! je m’exclame
– Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! annonce Un gars
Il ne croyait pas si bien dire car un grincement retentit et une porte de bois noir s’entrouvre. Nous nous resserrons, surpris, et Le petit grand nain dégaine même sa hache. La porte s’ouvre alors, laissant apparaître une jeune et souriante fille.
– Salut ! Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet !
Elle nous lance tout ça d’une traite avant que Poussière nous la présente.
– C’est Miss Juliette.
Nous lui expliquons donc notre rencontre mais elle n’a pas l’air inquiète. Je commence moi aussi à croire que cette pièce n’est pas dangereuse. Après tout, on a bien le droit à un peu de repos !
Deux nouvelles aventurières arrivent à leur tour, la première d’environ trente ans, la seconde à l’allure sportive. C’est Violette et ArtistElsa. Poussière se charge de leur relater de nouveau notre arrivée et à l’instant où elle finit sa phrase, Leeko, que je reconnais tout de suite, débarque. Poussière soupire et lui explique à son tour avant de nous proposer très gentiment de nous installer dans les fauteuils, qui par ailleurs semblent conçus pour chacun d’entre nous. Celui que je choisis est fait de cuir rouge, ma couleur préférée, et il est très moelleux. 
Nous sommes désormais onze, mais personne ne sait qui va occuper le dernier siège. Des questions viennent me tarauder l’esprit. Pourquoi sommes-nous là, tous réunis ? Qui est le dernier explorateur ? Que va-t-il se passer quand nous serons au complet ? Pourquoi ai-je l’impression que quelqu’un nous a « invité » ici ?
C’est alors que le dernier, ou plutôt la dernière invitée entre. Je l’identifie comme Louvelo dès qu’elle se transforme en louve, croyant à un piège. Mais nous la rassurons en lui donnant tous les détails, et elle s’assoit paisiblement dans son fauteuil. 
Tout à coup, le sol se met à gronder et trembler. Poussière lâche un cri aigu et je m’enfonce au fond de mon siège, sur mes gardes. J’ai la sensation que le monde entier est secoué comme sur un bateau. Les tremblements s’accentuent et je prie pour que le plafond ne nous tombe pas sur la tête.
De longs et épais serpents de poussière se mettent à tourner autour de nous. Je ne distingue presque plus rien. Que se passe-t-il ?! J’aperçois Leïla, serrant les dents et les accoudoirs.
Mais tout s’arrête aussi brutalement que cela a débuté. La poussière s’évapore, laissant place à un homme.
Celui-ci, vêtu d’un manteau noir faisant ressortir ses yeux bleus électriques, est tellement imposant qu’il dégage une aura phénoménale.
«Un peu comme un dieu.» je pense
Leïla a les yeux aussi ronds que des balles de ping-pong et les autres n’en mènent pas large non plus. Personne ne sait qui il est et ce qu’il fait là. Et ne pas savoir, ça m’énerve.
C’est alors qu’il prend la parole.
– Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé.
Mon dieu, j’ai peur de comprendre… Cet homme… Cet homme c’est…
– Le Château… je murmure dans un souffle à peine audible
À voir les têtes qu’ils tirent, je crois que tous les autres aventuriers ont compris de qui il s’agissait. Le petit grand nain pointe même son arme en direction de l’homme.
– Jusqu’à aujourd’hui. continue celui-ci. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège.
Il rit un bref instant et ce rire me le fait haïr. Mes compagnons paraissent ressentir la même chose que moi. Je voudrais lui rabattre son caquet et lui coller une raclée.
– Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard.
Soudain, il fait un geste vers Poussière qui avait sans doute voulu se lever, et j’ai l’impression qu’elle se met à étouffer. Comme si on l’étranglait. Elle gémit. Je veux l’aider mais je n’arrive pas à bouger, paralysée.
Il s’approche d’elle et se penche pour l’observer.
– Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier!
Elle attrape lentement son poignard et le frappe au visage. Il ne paraît pas du tout ébranlé, comme s’il n’avait rien senti. Mais il s’énerve.
– Si c’est ainsi, meurs donc la première !
Louvelo réagit la première et saute sur le dos du Château, qui se redresse violemment. Puis nous nous lançons à notre tour contre lui. Je dégaine mon poignard et tente de le toucher sur la moindre petite parcelle de son corps, tandis que Leïla se démène avec son couteau et que Le petit grand nain abat sa hache de tous les côtés. Mais l’homme parvient quand même à nous battre et il m’éjecte soudainement plusieurs mètres en arrière. Je me rue de nouveau sur lui alors qu’il fait subir un sort identique à Un gars.
Soudain, il se met à grandir, grandir, grandir… Pour devenir un géant de cinq bons mètres. Il arrache des pierres pour nous les envoyer et Un gars décide de renverser le buffet pour nous protéger. J’évite de justesse une pierre lancée à toute vitesse et rejoins les autres derrière la table. Seul Esprit reste combattre le géant. Nous décidons de relancer l’attaque en nous concentrant sur ses jambes, histoire de le faire tomber.
Sara, Leïla, Violette, ArtistElsa et moi nous regroupons tout en continuons nos attaques, et imaginons un plan très simple. Avec les lattes de bois du parquet et les pierres des murs, nous construisons une petite catapulte de fortune, avant de nous dissimuler dans un coin de la pièce. ArtistElsa s’éclipse quelques secondes et revient accompagnée de Poussière.
– Il faut qu’on arrive à créer une diversion. nous expliquons ensemble à Poussière. On a fabriqué une sorte de catapulte, et il nous faut quelqu’un de léger pour le faire marcher.
Elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit et nous la plaçons dans le bol que nous avons choisis comme lanceur. Je lui murmure «Bon vol.», un sourire aux coins des lèvres, et tranche l’élastique avec mon arme, la catapultant dans les airs.
Notre coéquipière se réceptionne directement sur le nez de notre adversaire. Il essaye de s’en débarrasser, oubliant momentanément de nous attaquer. Nous en profitons pour redoubler d’efforts. J’aperçois Poussière grimper sur le visage du géant et lui planter puissamment son poignard dans l’œil.
– En voilà pour toi, assassin !
Il hurle et tente de décrocher Poussière. Miss Juliette prend sa forme de chat et part à sa rescousse.
Pendant ce temps, Le petit grand nain s’était occupé de ligoter les jambes du géant entre elles, et celui-ci vacille avant de s’écrouler au sol. Nous sautons de joie, et je ricane en le voyant ainsi, peinant à se relever. Bien fait pour lui. Il retrouve sa forme humaine et se redresse.
– Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses.
Il se re-transforme, cette fois-ci en une nuée de harpies. À peine avons-nous sortis nos armes qu’elles disparaissent pour un torrent d’eau sombre et déchaînée. Je manque de me noyer mais Un gars me sort de l’eau juste avant qu’elle ne soit remplacée par une gigantesque tornade qui passe à seulement quelques centimètres de Leeko. Les transformations se suivent tellement vite que je n’ai pas le temps de me souvenir de tout. Du sable, des monstres, des griffes, de l’eau… J’ai du mal à bouger, ne sachant jamais à quoi m’attendre. Non loin de moi, Le petit grand nain a adopté une stratégie assez étrange. Il donne des coups de haches dans tous les sens en poussant des cris de guerrier et tournoie sur lui-même. J’esquisse un sourire. Ça marche plutôt bien. Louvelo passe de son corps de louve à celui d’humaine sans arrêts, Leïla brandit son couteau devant elle en jurant et Un gars tente de s’accrocher aux murs.
La fatigue commence à se ressentir. Mes membres sont lourds, j’ai mal partout et mon esprit est en compote à force de recevoir des informations. Mais que veux le Château à la fin ?!
J’aperçois Poussière expliquer quelque chose à ArtistElsa et Un gars, qui font tout de suite passer son info : les transformations se répètent dans un ordre précis !
«Mais bien sûr ! Suis-je bête, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?»
Petit à petit, nous nous regroupons tous ensemble et inventons une stratégie assez redoutable, quoique bizarre. Dès que quelqu’un hurle quelque chose, comme «Éclairs !» nous réagissons en conséquence. Ce qui donne une sorte de ballet.
«Eau !», tous sur les murs.
«Monstres !», en position de combat.
«Harpies !», tous à terre.
«Tempête !»
Je crois que je ferai ça la prochaine fois qu’une pièce est aussi tordue. C’est bien pratique.
Nous gagnons. Chaque transformation trouve quelque chose pour la contrer. Elles ralentissent et deviennent moins efficaces. Le Château s’affaiblit de plus en plus !
Tout tremble et notre ennemi reprend sa forme initiale, bien qu’il ait l’air plus vulnérable. Il nous lance à tous un regard incendiaire et disparaît comme il est venu.
Je lève un poing en l’air en signe de victoire. On a réussi ! Nous avons triomphé du Château en personne ! J’en oublie presque mes blessures. Tous mes camarades sourient de bonheur. Je m’affale littéralement dans mon siège, éreintée, et chacun reprend le sien. Nous sortons de quoi manger de nos propres sacs et les distribuons. Que c’est bon d’être hors de danger, sains et saufs ! Nous rions de notre aventure et la relatons chacun de notre point de vue. Je n’ai jamais été aussi heureuse depuis que je suis entrée dans ce château. Être réunis là, comme de vieux amis, à papoter… J’ai vraiment de la chance d’être tombée sur eux.
Mais tout à une fin. Comprenant que nous ne pouvons pas rester ensemble, nous décidons de nous séparer après plusieurs heures de repos. Chaque aventurier rejoint son compagnon.
– Bonne chance ! je lance
– Bonne chance ! répondent-ils chacun leur tour
J’espère vraiment que l’on se reverra un jour. Que nous devrons à nouveau affronter le Château tous ensemble, peut-être cette fois pour le battre définitivement.
Car il n’est pas mort. Sinon, je pense que l’édifice aurait disparût. 
 Leïla revient vers moi et nous nous avançons vers une des issues.
– Mais on se reverra ! nous promet Poussière avant que nous disparaîssions chacun de notre côté
– Je l’espère bien. me glisse Leïla

« EXPLICATIONS du Projet Pièce 500 : À l’occasion de la 500ème pièce du Château, un groupe d’explorateurs (La chatte qui pêche, Miss Lovegood, Un gars…, Miss Juliette94, Le petit grand nain, Gabi, Leïla#♥, Violette, Papergirl, Leeko, Enfant des mers, ArtistElsa) ont décidé, sur une idée de La chatte qui pêche, de faire une pièce collective où ce groupe rencontrerait le Château et l’affronterait. Nous nous sommes basés sur un premier texte de La chatte qui pêche pour écrire la même pièce, mais chacun de notre propre point de vue.»

Partager...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *