La Chapardeuse de Rêves alias Néphilims Dragnir as La Chapardeuse de Rêves alias Néphilims Dragnir
Deuxième pièce
Une fois dans ce couloir, je m’arrêtais pour souffler. Alors, je vis une porte, toute simple, banale, en bois, avec une poignée noire. Je décidais de m’y engouffrer. Elle avait l’air avenante. Pourtant, j’aurais dû me douter que la porte le plus simple renfermait la chose la plus effrayante que j’avais vécu jusqu’à lors.
Délicatement, je refermais cette fameuse porte derrière moi. La pièce était très sombre. Je tâtonnais, et trouvais enfin l’interrupteur. Mon doigt pressa le bouton, et soudain, dans un affreux grésillement, la pièce s’éclaira. Elle était très spacieuse et futuriste, les murs en plastique blanc immaculé. La porte par laquelle j’étais entrée avait disparue pour laisser place à ce mur.
Au centre de la salle, se dressait une immense table, en bois pourri, couverte d’une longue nappe noire, trouée par endroits. Des chandeliers étaient posés à intervalles réguliers le long de la table, couverte de victuailles périmées, toutes droits sorties d’une autre époque. Des chaises vides l’entouraient. Je fus surprise de l’aspect de la table, tellement elle était en décalage avec le reste du décor. Soudain, une brume verdâtre envahit la pièce. Quand elle se fut dissipée, les chaises étaient occupées. Occupées par des morts vivants. D’affreux zombies, en voie de décomposition étaient attablés et commençaient leur festin. Celui assis en bout de table, surement le chef, remarqua ma présence. Un rictus terrifiant s’étirait sur ses restes de lèvres, et d’une voix éraillée, il s’adressa à ma voix:
« Hé bien, jeune demoiselle, nous vous attendions.
-V… Vous m’attendiez?
-En effet. Ou il serait plus correct de dire que nous attendions l’heure de votre mort.
-P… Pardon?! Mais je ne suis pas morte! C’est quoi ce délire?!
Son regard se fit plus dur et d’une voix empreinte d’une colère difficilement contenue, il me dit:
-Seriez-vous devenue rebelle?Asseyez-vous.
Mes jambes me portèrent malgré moi jusqu’à la seule chaise inoccupée.
-Bien. Maintenant, parlons des choses sérieuses. Acceptez-vous de donner vôtre âme en pâture aux convives ici présentes?
-…
-Alors?
-Jamais!
-Jamais? C’est un mot trop fort. Vous finirez bien par céder un jour ou l’autre.
-Pourquoi voulez-vous que je donne mon âme? Puisque vous avez dis tout à l’heure que j’étais morte, vous pouvez la prendre sans difficulté puisque elle n’appartient plus à mon corps.
-Bon raisonnement fillette. Bon raisonnement mais faux. J’ai dis tout à l’heure que nous attendions l’heure de votre mort. Je n’ai jamais dit que vous étiez déjà morte. Mais cela ne saurait tarder. »
Il fit un geste ample de la main en désignant les murs immaculés qui se boursouflèrent. C’est alors, que tout l’espace fut occupé par des portes. Des milliers de portes identiques.
« Alors? La quelle choisissez-vous? Si vous désignez la mauvaise, vôtre âme nous appartiendra. Bonna chance. »
Les portes se mirent alors à tournoyer, et j’en fus étourdie. A bout de forces, arrivée aux limites de ma peur, sous les rires malfaisants des zombies, je me jetais sur une porte et l’ouvris. Je fus attirée par l’ouverture, et la dernière image que j’eus de la salle était le sourire dément du zombie en chef. Puis je tombais dans le vide.