Louvelo as Louvelo
Me sentant beaucoup mieux, l’estomac rempli, les saveurs des délicieux plats encore présentes sur mes papilles, je poussai ma chaise, balança mon sac sur mon épaule et me remis en route. Je poussai la porte, avec un dernier regard vers la table, et sortis.
La porte se referma derrière mon dos avec un long grincement, qui résonna longtemps dans le silence.
Je fis quelques pas. Il faisait noir, et le parquet grinçait sous mes pieds. L’air était chargé de poussière. Dans les coins de la pièce, quelques araignées avaient élu domicile, tapissant le mur de toiles luisant dans la pénombre.
J’eus un sourire ironique dans l’obscurité.
« Charmant. Il manque plus que les fantômes…» pensais-je.
Je haussai les épaules, puis fit un autre pas. Le plancher était vermoulu, chaque pas faisait un bruit abominable. Je soupirai, et levai les yeux vers le reste de la pièce.
Je me figeai, tout sourire disparut de mes lèvres.
Là.
Au milieu de la pièce.
Perdue dans la pénombre.
Un fantôme.
Pâle, blafarde, brillant doucement dans le noir, c’était bien le fantôme d’une jeune fille. Son corps translucide laissait voir le plancher. Elle arborait sur son visage un air triste, la tête baissée, couverte de ses cheveux bruns. Ses yeux, bruns aussi, étaient emplis de tristesse.
Mais ce fut un dernier détail qui me glaça.
Elle portait des habits d’explorateurs, et un sac sur le dos.
Je fis un pas en arrière, des pensées me hantant la tête.
« Étais-t-elle morte… ici ? »
« Malveillante ? Bienveillante ? »
« Je fais quoi ? »
Je fis un autre pas en arrière. Puis je m’interrompis. Ma dague rayon-de-soleil s’était mise à luire, inondant l’obscurité d’un flot de lumière éclatant, chatoyant de reflets dorés.
Le fantôme tourna la tête vers moi. Je blêmis. Instinctivement, je me changeai en Louve, et ce fut elle qui recula d’un pas.
Nous nous fixâmes du regard pendant quelques longues minutes, mes yeux de Louve dans ses yeux morts, translucides.
Puis, elle prit la parole.
– Tu es une exploratrice aussi ?
Quelques mots. Quelques simples mots. Mais qui eurent l’effet d’un calmant sur moi. Je me détendis, repris ma forme d’humaine, et répondit :
– Oui. Et… toi ? Tu es… morte… ici ?
Elle eut un sourire triste.
– Oui… Tu t’appelles comment ?
– Louvelo, dis-je en haussant les épaules. Pas terrible, mais il y en a de pire. Et toi ?
– Papergirl. Fille de papier…
Son visage luisait dans l’obscurité. Elle sourit. Je souris, et me demanda si nous avions eu la même idée.
– Voudrais-tu explorer une pièce avec moi ? fit-je et fit Papergirl, en même temps.
Nous éclatâmes de rire. Un rire effroyablement bruyant, qui résonna dans toute la pièce, chassant quelques chauves-souris.
Puis, côte à côte, nous nous dirigeâmes vers la sortie.