Miss Lovegood as Miss Lovegood
Cette pièce est immense et entièrement blanche. Je m’approche d’un de ses murs. Je touche du bout des doigts sa paroi lisse et glacée. En l’observant mieux, je m’aperçois qu’elle n’est pas blanche, mais d’une autre couleur, que je ne connais pas. C’est un mélange de blanc et de jaune. C’est la Lumière. Soudain un visage apparaît sur le mur, suivi d’un autre et d’un autre… Je regarde cette multitude de visages silencieux. Tous fixent un même point : moi. Je lis dans leurs yeux une grande frayeur, de la peine également. En les observant un par un, la tristesse s’installe en moi. Je les reconnais. Il y a ma meilleure amie. Je me tourne vers elle. Le chagrin reflété dans ses yeux disparaît pour laisser place à des pupilles pétillantes de bonheur et sa bouche s’étire en un sourire. A côté d’elle je remarque un ancien professeur que j’aimais particulièrement. Un peu en dessous, je vois mes parents me sourirent. Un immense chagrin m’envahit. Depuis combien de temps ne les ai-je vu ? J’ai l’impression que plusieurs années se sont écoulé. Et pourtant, cela fait si peu de temps, en vérité. Je tourne la tête et j’aperçois le visage embué de larmes de ma sœur. Elle semble être désespérée. Tout son être tremble de peur.
AMELIE ; AMELIE ; AMELIE…
Je l’entends crier mon vrai prénom. Je veux lui répondre mais les mots restent coincés dans ma gorge nouée. Je comprends que Kateline – ma sœur – hurle en moi. Ce ne sont pas mes oreilles qui l’entendent mais mon cœur. J’essaie de toucher son visage, en vain. Je ne parviens qu’à effleurer la paroi lisse. Soudain une multitude des souvenirs défilent dans ma tête. Moi et Kateline sur un manège, puis à la mer. Je revoie sa rentrée en CP et son anniversaire pour ses dix ans. Puis rien. J’entends sa voix une dernière fois.
AMELIE ; AMELIE ; AMELIE…
Je reste immobile quelques minutes. Puis, je me tourne vers Poussière d’étoiles. Je lis le même désarroi dans ses yeux voilés. Sa voix me parait lointaine. Comme si une vitre nous séparait. Lentement, le monde disparaît autour de moi. Je ne distingue plus que Poussière d’étoiles. La Lumière m’encercle.
-Esprit, ça va ? Me souffle une voix brisée.
-Oui, je réponds.
Je la regarde. Je sais qu’elle aussi a vu les visages de ceux qu’elle aimait. Je ne saurai expliquer comment je sais cela. C’est une impression que je ressens. En la regardant mieux, je découvre la Lumière dans ses yeux ainsi qu’une lueur de désespoir. Je sais que nous sommes liées par ce qui est arrivé à nos amis. Nous devons les aider. Nous avançons vers la porte suivante. Je repense à cette aventure, à Poussière d’étoiles, à Miss Lovegood disparut je ne sais où, à cet immense château, aux visages que je viens de voir et à Kateline, ma sœur. Ses cris résonnent en moi. Tout ça est trop pour moi. Trop de choses en même temps sur mes frêles épaules. Je m’évanoui. Autour de moi, tout est blanc. Ou plutôt jaune. Un mélange des deux. C’est la couleur de la Lumière.