Gabi as Gabi
Je suis contente d’avoir rencontré Leïla. Ça fait longtemps que je n’ai parlé à personne et avoir de la compagnie me fait du bien.
La salle est si grande que je distingue à peine les murs. Et à la place du parquet se trouve d’épaisses cordes nouées à la manière d’une toile d’araignée.
Leïla s’approche de la toile et s’apprête à poser un pied dessus quand je la retiens.
– Fais attention, ça peut être dangereux.
Elle hausse les épaules.
– La sortie est de l’autre côté, on est obligées de passer par la toile. À moins que tu ne vois un autre chemin…?
Je ne réponds pas. Elle sourit et fait un pas sur la toile. Celle-ci fléchit sous son poid mais ne casse pas, ce qui me rassure un peu.
Leïla commence à avancer tranquillement, et je la rattrape rapidement.
Mais à mesure que nous avançons, j’ai l’impression que mes pas sont de plus en plus lourds, que mes bottes s’accrochent à la toile. Comme si celle-ci était recouverte de colle.
Soudain, Leïla trébuche et s’étale de tout son long sur les cordes.
– Ça va ? je lui demande en me penchant vers elle
Elle tente de se relever mais reste littéralement collée aux cordes. Je la tire par les bras et par les épaules, mais en vain. Je sors alors mon poignard et commence à scier une corde, dans l’espoir de la briser.
Absorbée par mon travail, je n’entends pas tout de suite Leïla.
– Gabi…
– Mmmh ?
– Je crois que tu devrais… Lever les yeux…
Sentant la panique monter dans sa voix, je m’exécute et vois la chose la plus horrible que j’ai jamais vu.
Une araignée géante.
Et j’ai une peur bleue des araignées.
Celle-ci nous reluque d’un air de dire « Chouette, deux aventurières pile à l’heure pour mon goûter ! », ce qui ne me réjouit pas vraiment. Puis elle commence à se mouvoir lentement vers nous, avançant chaque patte poilue l’une après l’autre.
Je pousse un hurlement et, oubliant l’idée de couper les cordes, je redouble de force pour décoller Leïla, qui se débat violemment.
Une jambe. Puis les bras, et enfin le corps tout entier. Quand Leïla finit de se lever, l’araignée est à quelques mètres seulement de nous. Je reste pétrifiée, mais Leïla me secoue le bras.
– Fuyons d’ici ! Vite !
Je ne me fais pas prier une seconde fois et nous détalons à toute vitesse vers la sortie. L’araignée a la mauvaise idée de se ruer à notre poursuite et nous talonne de près. Je sens la toile s’agiter sous mes pieds et manque plusieurs fois de tomber. Heureusement, Leïla me rattrappe à temps.
Nous atteignons la porte et Leïla l’ouvre à la volée. Je me retourne une fraction de seconde et pousse un cri en voyant une patte de l’araignée s’abattre sur moi. Mais Leïla me sauve la vie en me tirant dans l’autre pièce, avant de claquer la porte derrière nous.