Erza as Erza
Je n’avais jamais vu la vraie lumière avant d’entrer dans ce château.
Ce fût ma première pensée quand je me suis introduite dans le hall scintillant de diamants et de givre mêlés.
Je ne pouvais y croire: je ne n’avais jamais vu une telle merveille auparavant. Le souffle coupé, les yeux brillant de convoitise et de stupéfaction, je comtemplais la majestueuse et iréelle pièce où je venais de pénétrer.
Sur le sol, en guise de carrelage, d’imposantes pierres précieuses multicolores et étincelantes chantant au moindre de mes pas étaient incrustées, les hautes fenêtres de nacre et d’argent projetaient sur le sol un halo de lumière doré que les saphirs et les émeraudes renvoyaient dans toute la salle, lançant des éclats de poussières cuivres et faisant chatoyer et vibrer de vie tels milles soleils d’été les grands murs ornés de délicates voluptes d’or et de glace entrelacés…
Je marchais le plus légèrement possible sur les sublimes et étonnantes dalles, ne voulant pas les abimer. A vrai dire, j’osais à peine les effleurer, tant j’était admirative. Je me sentais étrangement joyeuse. J’entendais des rires d’enfants, lointains, légers et sincères, des violons entonnaient un refrain doux et mélodieux, des femmes débattaient avec entrain, faisant cliqueter des petites cuillères dans des tasses en porcelaine, des odeurs enivrantes d’épices en tout genre, de fleurs, de parchemin, de peinture et d’herbe fraichement coupée me chatouillaient le nez, des couleurs éclatantes et vives flamboyaient d’amour et de magie sous mon regard pétillant de joie…
Je ne sais pas comment décrire ceci autrement. Je voyais ce qui ne pouvait pas exister, j’admirais des choses insensées, j’éprouvais des sensations qui n’auraient normalement pas dû être possibles. La plus tendre des caresses, le rêves le plus incroyable ne pouvaient pas égaler le plaisir que je ressentais. J’étais au paradis. Peut-être je devenais folle?
Soudain, je vis quelque chose qui me stoppa net. Les illusions s’envolèrent. La pièce s’arrêtait là. Devant moi se dressait un immense miroir recouvrant tout le mur. Des turquoises, des améthystes, des lapis-lazuli et des rubis étaient le décorait, s’entremêlant élégamment, formant de magnifiques torsades de toutes les couleurs.
Mais ce n’était pas le cadre qui m’impressionnait ainsi, c’était la glace. Sa surface était tellement poli, tellement lisse, tellement parfaite que je me vit en trois dimension. J’esquissai un sourire timide puis le ravala aussitôt. Le voyage pour aller au château m’avait plus affaiblit que je le croyais. Mes boucles rousses, sales et crasseuses, tombaient mollement sur mes épaules, mon teint était blafard, d’une telle pâleur qu’elle en était inquiétante, mes yeux cernés étaient vitreux, vides de toute vie, et mes tâches de rousseurs et mes bleus constellaient ma peau blanche de flocons sombres…
Brusquement, le reflet changea: à la place de mon visage tiraillé par la fatigue, il y avait une créature monstrueuse, la bouche débordante de crocs acérés et tranchants, la peau verdâtre et purulante, les yeux irisés de rouge et de noir…
Je poussai un cri, puis je décochai un coup de poing dans le miroir: il se fêla, puis se brisa en milles paillettes argentés qui s’éparpillèrent sur le sol de pierres précieuses.
La pièce devint noire. Les joyaux se ternirent, l’or et le givre devinrent fer et roche, les entrelacs s’effacèrent.
Je sursautai. Un long hurlement de rage résonnait dans le hall, me faisant frissonner…