Ailes d’Ange (Aile 2) as Ailes d’Ange (Aile 2)
Je suis perdue. Je ne sais ce qu’il m’arrive. Je suis sortie du couloir sans vraiment savoir comment. Mes pas m’ont menée … ailleurs…
Je me réveille. J’ouvre les yeux. Je suis adossée à un mur, lisse et frais. Devant moi, je ne vois que du blanc, qui s’enfonce pour finir par disparaître dans un point noir. Je baigne dans une lumière sans provenance. Alors que je veux tourner la tête, une nausée me prend au ventre, et je crache un filet de bile. Un sentiment de mécontentement me traversa. Ce n’était pas moi. Mes yeux s’arrondirent en voyant mon ombre secouer la tête. Je retins de justesse le nouveau filet qui allait franchir mes lèvres, et bascula en arrière. Sur les fesses, je contemplai mon ombre. Elle s’éleva face à moi et se pencha au dessus de moi. Ses cheveux noirs d’encre étaient ébouriffés dans tous les sens. Je n’ai rien contre les cheveux courts. Seul problème, les miens sont longs. Ce n’est pas mon ombre.
« Elle est morte. »
Ces mots ont résonné dans ma tête sans y trouver de sens. Ils y tournoient, mais je n’arrive pas à les comprendre. Mes oreilles résonnent encore des cris d’agonie, mais c’est dans ma tête qu’ils ont jaillis. Mes yeux commencent à se perdre dans le vague. L’ombre se penche vers moi et encadre mon visage de ses mains, les paumes sur les joues et le bout des doigts sur les tempes. Ils sont froids, ils me font du bien. Je ne pensais pas qu’une ombre pouvait être tangible. Mes pensées se font décousues, mais elle me force à la regarder dans les yeux. C’est beau les yeux d’une ombre. Je n’y avais pas fait attention, mais ils sont profonds, avec un iris entièrement noir. Mais pas noir triste. Une multitude de noirs, différents, magiques. Je m’y perdis.
« Oh ! »
Cette exclamation fuse dans mes pensées, me ramenant à l’instant présent. C’est cette ombre qui me parle.
« Reste avec moi ! Alors oui, c’est peut-être pas facile à entendre, mais ton ombre est morte, et tu le serais aussi normalement, mais je nous ai liées par le sang, donc je suis devenue ton ombre et je suis attachée à tes pas désormais. »
Je l’écoute, sans rien dire. Et puis, une barrière cède en moi, et je lui déverse dessus les seuls souvenirs que j’ai, sans pouvoir rien contrôler. Je les revis en même temps, et je suis secouée de spasmes. Elle me retient, puis me force à me relever. Je vacille, mais ne tombe pas, soutenue par cette présence. Une tâche à mes pieds tranche avec le blanc de la pièce. Rouge. Du sang. Certainement le mien. J’ai une légère estafilade sur la cheville. Un peu de sang séché la borde. Je regarde sans m’y intéresser. Le pas trébuchant, j’avance dans cette salle immaculée, vers le point noir en face de moi.
Il ne grossit pas, alors que je marche sans arrêt, mais j’y arriverais. Je ne suis plus seule.