Yoko as Yoko
Je poussai la vieille porte au fond du couloir du rez de chaussée du chateau. Etrangement, elle n’était pas fermée.
Je regardai autour de moi. Nul meuble dans cette sale. Nulle lumière autre que celle de ma chandelle. Mais partout : la vie.
Les tapisseries des murs semblaient se mouvoir comme ondulant sous une brise légère. Elles n’étaient que couleurs. Du sol au plafond. Du rose le plus clair au violet le plus sombre.
Je posai un pied devant moi. Aussitôt de petits êtres s’envolèrent, dévoilant un sol de terre battue. J’en regardai un avec plus d’attention. Cela avait des ailes. Cela volait. Cela était un papillon.
Des milliers se trouvaient là, autour de moi.
Soudain un spécimen plus grand que les autres voltigea au centre de la pièce. Des ailes bleues. Une Isabelle, profitant de sa courte vie.
Répondant à l’appel de leur soeur, les papillons se rassemblèrent autour d’elle : formant, au terme de leur vertigineux balet, une silhouette humaine qui, dans un gracieux mouvement de la main, m’invita à m’approcher, à entrer dans leur danse.
J’aurais du me méfier. J’aurais du remarquer que le sol cheangeait peu à peu de consistance. Que mes pas m’étaient plus laborieux, au fur et à mesure de ma progression.
Mais je ne sentis pas tout cela. Et ce n’est que quand les papillons se dispèrcèrent que je m’aperçu que mes jambes étaient ensevelies. Des sables mouvants.
Allais-je mourir? Sinon, qui viendrait me sortir de là?